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"On sent un mépris total du gouvernement" : le "plan d'urgence" pour l'hôpital ne convainc pas les urgentistes

Manifestation pour défendre l'hôpital public à Paris, le 14 novembre
Manifestation pour défendre l'hôpital public à Paris, le 14 novembre

Pierre Schwob, membre du collectif Inter-Urgences, estime que les annonces du Premier ministre sont loin des revendications.

La déception est à la hauteur des attentes. Les annonces d’Edouard Philippe pour l’hôpital public sont loin de satisfaire les membres du collectif Inter-Urgences, qui ont lancé le mouvement de grève il y a neuf mois.

“Le seul élément intéressant est que c’est désormais le Premier ministre qui s’exprime. On change d’interlocuteurs, c’était une de nos revendications. Mais sinon, on ressent du mépris de notre travail”, nous confie Pierre Schwob, urgentiste à l’hôpital Baujon et membre du collectif Inter-Urgences.

“Aucune annonce sur le coeur du problème”

Il dénonce surtout des annonces qui ne prennent pas en compte les revendications du personnel hospitalier. “Nous n’avons aucune annonce sur les lits d’aval, qui est le noeud du problème à l’hôpital public. Rien sur les effectifs, rien sur les salaires. Des annonces d’1,5 milliard sur trois ans, c’est loin d’être suffisant par rapport à la situation de l’hôpital public. On sent un mépris total du gouvernement”, déplore l’urgentiste.

À l’annonce d’une prime de 800 euros par an pour les bas salaires à Paris et en petite couronne, Pierre Schwob déplore une annonce loin des revendications. “Ce n’est pas 800 euros par an, 66 euros par mois, qui vont changer quelque chose. La province se sent méprisée, car exclue de cette prime. Cela fait 9 mois qu’on se bat pour une revalorisation salaire pour tous les professionnels, qu’ils soient en région ou à Paris”, martèle le membre du collectif Inter-urgences. La prime doit concerner quelque 40 000 infirmiers et aide-soignants, qui touchent moins de 1950 euros nets par mois.

Des annonces loin des revendications

Autre prime annoncée par le gouvernement, d’un montant d’environ 300 euros par an, pour valoriser l'engagement des personnels. Elle sera versée sur des critères définis par les hôpitaux, basés sur la qualité des soins et de la prise en charge. Une “prime au mérite”, loin de convaincre l’urgentiste : “Cette prime au mérite, mais c’est quoi le mérite ? Cela signifie que certains infirmiers la méritent et pas d’autres ? C’est beaucoup trop vague !”, s’indigne Pierre Schwob.

Le “plan d’urgence pour l’hôpital” présenté par Édouard Philippe prévoit également un retour des médecins dans la gouvernance de l’hôpital. Concrètement, il s’agit d’un retour en arrière qui permet d'associer à nouveau les médecins aux décisions prises par la direction. Une décision insuffisante pour l’Inter-Urgences. “C’est un premier geste, mais on veut également que les infirmiers soient associés à la gouvernance de l’hôpital. Les médecins eux-mêmes souhaitent que les infirmiers soient intégrés à la gouvernance. On craint que ces médecins soient méticuleusement choisis par la direction de l’hôpital”, s’inquiète Pierre Schwob.

Un appel à manifester le 17 décembre

La colère d’une partie du milieu hospitalier semble toujours vive, malgré les annonces du gouvernement, le 3e plan depuis le début de la grève aux urgences. Le samedi 30 novembre, le collectif organisera également une opération de sensibilisation auprès des usagers, notamment sur les marchés. “On n’a pas du tout progressé. On reste mobilisés sur nos revendications, qui restent une hausse des salaires de 300 euros par an, et on souhaite organiser une manifestation nationale le 17 décembre à Paris. Dès le 10 décembre, les internes entrent en grève illimitée”.

Sur un possible appel à la mobilisation le 5 décembre, jour de la grève générale contre les retraites, Pierre Schwob reste vague : “Au sein du collectif Inter-Urgences, on va faire un vote pour décider si on appelle à rejoindre la grève générale du 5 décembre. La tendance est plutôt à un appel à la mobilisation, car tant sur le fond que sur la forme, nous sommes concernés”. La décision doit être votée dans les prochains jours par le collectif Inter-Urgences.


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