En Hongrie, le pouvoir gaze la jeunesse révoltée contre l’éducation “orbanisée”

En Hongrie, professeurs et lycéens se mobilisent de longue date contre les faibles salaires, la pénurie d’enseignants et la remise en question du droit de grève. Le 3 mai dernier, à Budapest, devant le siège du gouvernement, la police répondait avec du gaz lacrymogène et des interpellations musclées, méthodes rares dans le pays, à une manifestation de jeunes révoltés par l’état de l’éducation nationale. Ils dénonçaient également le projet de loi “statusztorveny”, qui, selon ses critiques, réduirait l’autonomie des enseignants et aggraverait leurs conditions de travail.

En cette période d’écrits du baccalauréat hongrois, le magazine libéral HVG du 11 mai met en scène un policier gazant des jeunes filles qui rédigent docilement leur copie vêtue d’une blouse de matelot, vêtement typique porté par les étudiantes magyares lors des examens. Le titre de couverture, “sirasbeli” (siras signifiant “pleurs”), détourne le mot “irasbeli” signifiant “examen écrit”.

“Le pouvoir s’est même mis à dos des parents en faveur de la Fidesz [parti du Premier ministre, Viktor Orban] en réprimant des jeunes qui réclamaient l’amélioration du système éducatif”, observe l’hebdomadaire, auprès duquel témoignent deux lycéens arrêtés qui souhaitent poursuivre la lutte. “Je me bats pour que les autres n’aient pas peur et expriment sans crainte leur point de vue”, considère Mate Hidasz, 17 ans, gazé par la police et détenu jusqu’au milieu de la nuit.

“S’imposer par les coups”

Une maman engagée, dont les enfants fréquentent des établissements alternatifs, juge que l’exécutif “brutalise physiquement nos enfants” après les avoir “martyrisés mentalement” en “saignant l’éducation” et en “détruisant la pensée critique”. Selon elle, le régime se comporte tel un “parent autoritaire” qui “ne peut s’imposer que par les coups et l’abus de pouvoir”.

HVG tacle le “cynisme” de Viktor Orban, qui appelle les parents, les lycéens et les professeurs à manifester “en respectant les lois”, alors qu’il protestait lui-même contre le communisme dans sa jeunesse et que “des enseignants ont justement été licenciés pour avoir exposé leur opinion”.

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