Hong Kong, place forte du marché de l’art malgré la censure et l’exode des artistes

C’est l’histoire d’une statue, plutôt anodine, d’une manifestante qui, derrière son casque de protection et son masque à gaz, “contemple une ville en proie à l’agitation”, pour reprendre la description qu’en fait The Guardian. Hissée sur un rocher surplombant Hong Kong lors des manifestations en faveur de la démocratie de 2019, elle a été sauvagement détruite au lendemain de son érection, vraisemblablement par des agents proches du gouvernement.

Cinq ans plus tard, c’est à Bruxelles que revit ce symbole de la résilience des Hongkongais contre l’arbitraire de Pékin. Sur le parvis du Parlement européen, une photographie de cette “Dame Liberté”, comme on la surnomme, est au cœur d’une exposition intitulée “Forbidden Art”, inaugurée lundi 18 mars. L’événement vise à présenter une “défense fervente de la liberté artistique en tant que droit humain fondamental”.

Autocensure

Le territoire chinois, dit “semi-autonome”, est depuis 2020 sous le coup d’une loi sur la sécurité nationale, imposée par Pékin, qui criminalise la “sécession”, la “subversion”, le “terrorisme” et la “collusion avec des forces étrangères”.

Plus récemment, ajoute le Guardian, “les autorités ont évoqué de plus en plus fréquemment la nécessité de s’attaquer à la ‘résistance douce’, un terme vague qui semble faire référence à l’utilisation des médias, de la culture et de l’art pour défier les autorités”. Bref, la situation n’est pas la plus propice aux élans de créativité brute, comme le souligne l’artiste hongkongaise Kacey Wong, qui s’est exilée à Taïwan en 2021 :

“Je plains les artistes qui restent à Hong Kong. Ça doit tourner à cent à l’heure dans leur tête. Car ils doivent s’autocensurer.”

“Hong Kong, malgré l’exode des artistes, tente tant bien que mal de s’accrocher à son statut de centre artistique mondial.” Avec un succès certain : selon le rapport Art Basel-UBS sur le marché de l’art, la part de marché de la Chine – y compris Hong Kong – en 2023 approche les 20 %, ce qui en fait toujours le deuxième marché le plus important du monde après les États-Unis.

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