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Hong Kong: Denise Ho, star de la pop, et 6 autres militants pro-démocratie arrêtés

L'arrestation de cette star de la pop rappelle le sort des pro-démocratie à Hong Kong (Denise Ho en avril 2010 par REUTERS/Tyrone Siu) (Photo: Siu Chiu via Reuters)
L'arrestation de cette star de la pop rappelle le sort des pro-démocratie à Hong Kong (Denise Ho en avril 2010 par REUTERS/Tyrone Siu) (Photo: Siu Chiu via Reuters)

HONG KONG - Pékin s’acharne encore et toujours contre les pro-démocratie. Le site en ligne hongkongais Stand News a annoncé ce mercredi 29 décembre sa fermeture après avoir été visé par une série de perquisitions. Sept personnes ont été arrêtées pour “publication séditieuse”, dont la star de la pop cantonaise Denise Ho, ancien membre du conseil d’administration qui avait démissionné en juin. Il s’agit du dernier épisode en date de la répression exercée sur la presse locale par les autorités pro-Pékin.

Ce nouveau coup de filet survient alors que la communauté internationale s’inquiète de l’implacable reprise en main menée à Hong Kong depuis les manifestations pro-démocratie de 2019. Le Comité pour la protection des journalistes a dénoncé “une attaque ouverte contre la liberté de la presse déjà en lambeaux à Hong Kong”.

Denise Ho est née à Hong Kong et a grandi au Canada. C’est au début des années 2000 qu’elle se fait connaître avec une série d’albums de pop cantonais, la “cantopop”. Ceci avant de se lancer plus tard dans une brillante carrière d’actrice.

Selon Grazia, en 2012, lors de la Gay Pride, elle est la première chanteuse de Hong Kong à faire son coming out, se revendiquant comme “tongzhi”, homosexuelle en chinois. En 2014, elle pousse son engagement plus loin dans la politique lors de la “révolution des parapluies”. Le 11 décembre 2014, elle est arrêtée, avant d’être relâchée, mais elle se voit privée de concert en Chine, sa musique y est retirée du web et ses comptes fermés sur les réseaux sociaux. Elle est ainsi devenue un visage international du mouvement pro-démocratie de Hong Hong, apparaissant devant les Nations Unies et le Congrès des États-Unis.

La fin de Stand News

Denise Ho fait partie des sept personnes arrêtées dans le cadre du coup de filet de Stand News. Selon les médias locaux, la police a également arrêté l’ex-rédacteur en chef Chung Pui-kuen. Outre la star, les autres anciens membres du conseil d’administration qui avaient démissionné en juin sont l’avocate et ancienne membre du Conseil législatif de Hong Kong Margaret Ng, que l’ex-journaliste de l’Apple Daily Chan Pui-man.

Le rédacteur en chef adjoint de Stand News, Ronson Chan, également président de l’Association des journalistes de Hong Kong, a dit que son domicile avait été fouillé et que la police avait saisi chez lui du matériel informatique. Mais il n’a pas été arrêté.

“À cause de la situation actuelle, Stand News va cesser son activité immédiatement, et arrêtera d’actualiser son site et tous ses réseaux sociaux”, a annoncé la publication sur sa page Facebook.

Stand News a également indiqué que tout son personnel avait été licencié, que son rédacteur en chef Patrick Lam avait démissionné, et que le site serait mis hors-ligne prochainement.

Stand News était éditorialement indépendant, et se consacrait à protéger les valeurs fondamentales de Hong Kong comme la démocratie, les droits humains, la liberté, l’État de droit et la justice”, a poursuivi le média, créé en 2014 et nominé en novembre pour le Prix de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.

“Des allégations malfaisantes sans aucune base factuelle”

Le chef de la police de sécurité nationale de Hong Kong, Steve Li, a déclaré que Stand News était accusé d’avoir publié des articles et billets de blog “séditieux” entre juillet 2020 et novembre 2021. “Ils ont décrit des manifestants à Hong Kong comme ‘portés disparus’ ou ‘violés’... Ce sont des allégations malfaisantes sans aucune base factuelle”, a dit Steve Li lors d’une conférence de presse.

Mercredi à la mi-journée, la police de sécurité nationale a été vue en train de sortir des cartons de Stand News. Steve Li a affirmé que des ordinateurs, des téléphones, des documents et 500.000 dollars de Hong Kong (56.856 euros) en espèces ont été saisis. Les autorités ont gelé 61 millions de HKD (près de 6,8 millions d’euros) d’avoirs appartenant à Stand News, a ajouté le responsable de la police.

Plus de 200 agents ont mené des perquisitions mercredi au siège de Stand News et aux domiciles de plusieurs employés du média. La police a précisé avoir été autorisée par un tribunal à “chercher et saisir du matériel journalistique d’intérêt”.

La liberté de la presse “en lambeaux” à Hong Kong

Pendant les manifestations de 2019, plusieurs journalistes de Stand News avaient eu maille à partir avec la police. Dans un épisode resté célèbre, une reporter du média avait filmé en direct l’attaque ultraviolente menée par un groupe d’individus masqués contre des manifestants pro-démocratie dans une station de métro, et avait continué à filmer alors même que les assaillants s’en prenaient à elle.

Stand News était la cible ces derniers mois de vives critiques des autorités. Le responsable de la sécurité de Hong Kong, Chris Tang, l’avait récemment accusé de publier des informations “biaisées, diffamatoires et diabolisées” sur les prisons de la ville.

Il s’agit de la deuxième entreprise de presse locale à se retrouver dans le collimateur des autorités. En juin, le journal pro-démocratie Apple Daily avait fermé après le gel de ses actifs et l’arrestation de ses principaux dirigeants en vertu d’une nouvelle loi drastique sur la sécurité nationale imposée par Pékin en juillet 2020.

À voir également sur Le HuffPost: À Hong Kong, une statue à la mémoire de la répression de Tiananmen déboulonnée

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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