"Cet homme-là est un prédateur": des accusatrices de Cauet racontent les agressions qu'elles dénoncent

Un animateur star aujourd’hui dans la tourmente. Sébastien Cauet est visé par au moins cinq plaintes pour viols et agressions sexuelles. Ce jeudi 8 février une nouvelle plainte a été déposée a appris BFMTV de sources concordantes.

Dans le documentaire Ligne Rouge, diffusé ce vendredi 9 février sur BFMTV, certaines de ces plaignantes livrent leur témoignage. Parmi elles, Mathilde, qui malgré la peur, a accepté de raconter son histoire devant une caméra.

"Monsieur Cauet, il n'a eu de cesse de dire à tout le monde que lui était la victime. À ce moment-là, je me dis 'mais je suis victime'. Et donc comme je suis victime, je porte plainte", déclare-t-elle.

Avant d'ajouter: "cet homme-là est un prédateur. Cet homme-là est un agresseur. Et à ce moment-là je me rends compte de toute la violence qui m'est arrivée."

"Je me sens paralysée"

Après avoir assisté à plusieurs émissions de Sébastien Cauet, qui officie alors sur les antennes de Skyrock en 1997, elle raconte qu'un jour, il lui a proposé de la raccompagner chez elle. L’animateur n’ayant jamais eu de geste ou de remarque déplacée envers elle, Mathilde, alors âgée de 18 ans, se dit en confiance.

"On monte dans sa voiture, et au moment où je me tourne pour attacher la ceinture, je me rends compte que Monsieur Cauet a sorti son sexe. Il a déboutonné sa braguette, et là, je le vois me regarder", détaille-t-elle se disant "très choquée".

"C'était en toute honnêteté, la première fois de ma vie que je voyais le sexe d'un homme d'aussi près", ajoute-t-elle. "Je ne bouge pas, je me sens paralysée. Je ne sais pas quoi dire, pas quoi faire. Qu'est-ce qu'on attend de moi? Qu'est-ce qu'il se passe? Est-ce que c'est une blague?"

Il lui aurait alors lancé: "même pas un petit bisou? Allez un petit bisou". Ce qu'elle dit refuser.

Elle explique qu'il s'est alors rapproché d'elle, elle se souvient d'un "sentiment de promiscuité", il l'aurait touché, "l'épaule" ou "le bras", elle ne sait plus.

"En tout cas, aucune violence, c'est important. Il voit qu’il n’obtiendra rien de moi", continue-t-elle. Sébastien Cauet l’aurait alors déposée à son bureau et serait reparti.

"Montre-moi ce que tu sais faire"

Julie, la première a avoir dénoncé les agissements de l'animateur, avait accepté de nous raconter sa version des faits juste après avoir déposé plainte pour viol et agression sexuelle en novembre 2023.

Elle raconte comment, depuis son département natal de l'Ain, elle se met à rêver, dès son plus jeune âge, de prendre le micro. Une passion née depuis la maison de sa grand-mère, avec qui elle écoutait souvent la radio. "Ma grand-mère avait acheté un studio radio, c'était ma première auditrice", raconte-t-elle précisant surtout écouter à l'époque Difool sur Skyrock, Fun radio et Cauet sur NRJ.

Munie de sa première maquette, alors âgée de 16 ans, Julie s'est rendue à Genève en 2014 pour retrouver l'animateur phare de NRJ - retiré de l'antenne le 22 novembre dernier - qu'elle avait déjà rencontré à plusieurs reprises lors d'émissions de radio.

L’animateur mixe à une soirée et serait d’accord pour écouter sa maquette. Il lui aurait alors proposé de passer à son hôtel. C’est dans sa chambre selon Julie, mineure au moment des faits, qu’il l’aurait alors agressée, pendant que sa sœur et son beau-frère l’attendaient en bas, dans le hall.

"Il s'est mis à côté de moi, à ce moment-là, il a baissé son pantalon de vraiment quelques centimètres, on pouvait apercevoir son caleçon", raconte la jeune femme désormais âgée de 25 ans. "Il a absolument tout sorti et c'est à ce moment-là qu'il m'a dit 'c'est comme ça qu'on réussit dans la radio. Il faut que tu le fasses.'"

Elle explique avoir posé son téléphone sur la table basse, l'avoir regardé dans les yeux lui disant qu'elle ne peut pas le faire.

"Il m'a dit 'montre-moi ce que tu sais faire'", détaille-t-elle. "Donc moi à 15 ans, c'est ce que j'ai exécuté". "Ce sont les multiples appels de sa sœur qui "l'ont sauvée" car craignant qu'elle ne monte dans la chambre, Sébastien Cauet lui a dit d'arrêter pour la rejoindre. Elle dévoile avoir promis à sa sœur que rien ne s'était passé.

"Je me suis détruite"

Ce n'est qu'en novembre dernier que la jeune femme décide de mettre en ligne sur les réseaux les messages privés que l’animateur lui aurait envoyés 8 ans après les faits.

Il lui demande quand est-ce qu'elle passe à Paris, ce à quoi Julie répond "début de semaine prochaine". Il écrit alors: "Dommage, tu aurais été là, j’aurai adoré que tu me suces".

La figure de NRJ, qui réunissait 400.000 auditeurs chaque jour, affirme qu'il s'agit d'un faux document et a porté plainte pour cyberharcèlement, pour "dénonciation calomnieuse, faux et usages contre personnes non dénommées". Sur le plateau de BFMTV, il a déclaré le 10 novembre dernier que tout était "faux" et "mensonger".

Comme Mathilde, Julie a également raconté s'être retrouvée piégée dans la voiture de l'animateur, en mars 2022, après avoir accepté de revoir l'animateur malgré l'agression.

"Il me ramène chez lui [...] et à nouveau il me demande la même chose. J'essaie de sortir de la voiture, cette fois-ci, et il me dit 'de toute façon il faut le badge pour sortir, donc si tu veux vraiment réussir cette fois-ci, fait le'. Encore une fois je l'ai fait", indique-t-elle faisant état d'une "emprise" et d'une "contrainte".

Depuis la révélation des faits, Julie raconte avoir été hospitalisée à plusieurs reprises en raison de son état psychologique très fragile.

"Pendant tout ce temps, je me suis détruite", prononce-t-elle.

Avec sa plainte, elle explique vouloir être reconnue comme victime, que l'animateur "paye" et qu'il ne fasse pas d'autres "victimes.

C'est la plainte de Julie qui a entraîné l'ouverture d'une enquête désormais aux mains de la Brigade des mineurs de la police judiciaire de Paris. Sébastien Cauet n’a pas encore été entendu par les enquêteurs. Suspendu d’antenne par NRJ, il a assigné le groupe en justice pour reprendre le micro. Une ultime riposte pour ne pas être réduit au silence avant une éventuelle mise en examen.

Article original publié sur BFMTV.com