Hommage national à Gisèle Halimi : son fils Serge refuse d’y assister

L'avocate Gisèle Halimi, responsable du mouvement féministe
L'avocate Gisèle Halimi, responsable du mouvement féministe

Serge Halimi déplore un hommage prévu « alors que le pays est mobilisé contre une réforme des retraites extrêmement injuste dont les femmes seront les premières victimes ».

POLITIQUE - Décidément, l’initiative a du mal à convaincre. Dans une déclaration faite à l’AFP ce dimanche 5 mars, Serge Halimi indique qu’il ne se rendra pas à l’hommage national qui sera rendu en mémoire à sa mère, l’avocate Gisèle Halimi le 8 mars prochain.

L’ancien directeur du Monde diplomatique, affirme avoir été « subitement informé » et « en même temps que la presse » de l’initiative élyséenne, organisée sur la Journée internationale des droits des femmes.

« Je n’y participerai pas. La décision de l’Élysée intervient après plus de deux ans de tergiversations et alors que le pays est mobilisé contre une réforme des retraites extrêmement injuste dont les femmes qui occupent les métiers les plus difficiles seront les premières victimes », explique l’écrivain et journaliste. « Ma mère aurait défendu leur cause et manifesté à leurs côtés. Le 8 mars, ce sera la meilleure façon d’honorer sa mémoire et ses combats », poursuit Serge Halimi, précisant n’avoir « jamais eu de contact avec l’Élysée, ni avec aucun officiel », depuis la disparition de sa mère.

« Instrumentalisation » et « caution féministe »

Cette fin de non-recevoir intervient après le refus exprimé par l’association fondée par Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir, « Choisir la cause des femmes », de se joindre à l’événement. Dans un communiqué diffusé dans la semaine, la structure présidée par Violaine Lucas a vertement dénoncé une « instrumentalisation » de la figure de la célèbre avocate par Emmanuel Macron.

« Rendre hommage à l’occasion de la journée internationale des luttes pour les droits des femmes à l’une des plus grandes combattantes françaises pour la dignité des femmes et des peuples serait une idée de bon sens si elle n’arrivait de façon aussi inattendue, après deux ans et demi d’atermoiements, et au moment d’un grand mouvement social auquel elle aurait, sans aucun doute possible, pris une part active », justifiait Violaine Lucas dans cette lettre cinglante.

« Ce 8 mars 2023, nous aurons d’autres choses à faire que de vous servir de caution féministe au moment où la France populaire, celle de la relégation sociale, celle des banlieues et des provinces que vous méprisez, se soulèvera contre le monde que vous incarnez », insistait Violaine Lucas. Avant de conclure : « Monsieur le Président de la République, ce 8 mars 2023, avec toutes les féministes, c’est Gisèle Halimi elle-même qui sera absente de votre hommage ».

À l’inverse, l’avocat Jean-Yves Halimi, frère de Serge, l’un des fils de Gisèle, s’est dit « très satisfait » à l’annonce de cet hommage. « J’ai toujours pensé qu’elle le méritait », a-t-il souligné.

Avocate, femme politique et écrivaine, Gisèle Halimi, décédée le 28 juillet 2020 à 93 ans, a fait de sa vie un combat pour le droit des femmes. Elle a notamment œuvré pour la dépénalisation de l’avortement, puis pour sa prise en charge par la Sécurité sociale. Auparavant, elle avait dénoncé l’usage de la torture pendant la guerre d’Algérie par les militaires français, ce qui lui avait valu une arrestation et une brève détention. Outre Serge et Jean-Yves, Gisèle Halimi avait eu un troisième fils, le journaliste Emmanuel Faux, décédé en août 2022.

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