La Tunisie incarne l'espoir du monde arabe, dit Hollande

par Julien Ponthus et Tarek Amara TUNIS (Reuters) - L'adoption d'une nouvelle constitution en Tunisie incarne l'espoir de tout le monde arabe et prouve que l'islam est compatible avec la démocratie, a déclaré vendredi François Hollande lors d'une cérémonie à Tunis. Adoptée le 27 janvier après une crise politique de plusieurs mois, la nouvelle loi fondamentale tunisienne étaye selon le président français les espoirs de voir émerger une démocratie moderne de la "révolution de jasmin" de l'hiver 2010-2011. "C'est ici qu'une révolution est née, qui a inspiré le printemps arabe, chacun sait les difficultés qu'il rencontre, vous avez donc l'obligation de réussir pour vous même, mais également pour tous les pays qui vous regardent", a dit le chef de l'Etat devant l'Assemblée nationale constituante. Pour lui, la Constitution prouve que "l'islam est compatible avec la démocratie". Le président a salué un texte qui institue l'islam comme la religion officielle du pays mais garantit la liberté de croyance et promeut l'égalité entre les sexes. Les printemps arabes ont déçu les espoirs d'une grande vague démocratique, les révoltes débouchant ailleurs sur une guerre civile en Syrie, un coup d'Etat militaire en Egypte ou sur une situation très instable en Libye. "La Tunisie n'est pas une exception, c'est un exemple", a souligné François Hollande, lançant aux députés : "Vous incarnez l'espoir dans le monde arabe et bien au-delà". Le chef de l'Etat a enjoint les députés tunisiens à relever le défi de voter une nouvelle électorale afin d'organiser d'ici la fin de l'année les élections législatives et présidentielles prévues par la Constitution. "Nous comptons sur nos amis et partenaires pour appuyer ce processus démocratique", a dit à la tribune le Premier ministre tunisien Mehdi Jomaâ. Soucieux de préserver le partenariat privilégié qu'entretient la France avec la Tunisie, le chef de l'Etat a aussi promis de poursuivre l'aide française. "LA FRANCE SERA À VOS CÔTÉS" "La France sera à vos côtés", a-t-il dit, assurant que Paris défendrait les intérêts tunisiens sur la scène européenne. François Hollande a aussi tenu a envoyer un message pour encourager les touristes à venir visiter un "pays hospitalier accueillant, beau et démocratique". Le déplacement de François Hollande, seul chef d'Etat européen présent vendredi à Tunis, vise à récolter les fruits du soutien qu'il était venu apporter l'été dernier à un processus démocratique alors menacé par l'assassinat de figures influentes de l'opposition. L'assassinat en juillet de Mohamed Brahmi, fondateur du Mouvement du peuple (Echaâb) et élu de l'Assemblée nationale constituante, a amplifié des tensions qui étaient déjà vives depuis le meurtre de l'opposant Chokri Belaïd cinq mois plus tôt et fait craindre que la Tunisie s'enfonce dans le chaos. Une médiation de la société civile a pourtant permis une sortie de crise avec la démission en janvier du Premier ministre Ali Larayedh, du mouvement islamiste Ennahda, et son remplacement par Mehdi Jomaâ à la tête d'un gouvernement de technocrates chargés de conduire le pays aux élections. Les célébrations de vendredi autour la nouvelle constitution interviennent quatre jours après que la police tunisienne a annoncé la mort de sept activistes dont Kamel Gadhgadhi, un chef d'Ansar al Charia recherché pour l'assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Edité par Yves Clarisse