Dans « Hogwarts Legacy », ce personnage trans a-t-il été ajouté en réponse à J.K. Rowling ?

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Courtesy of Warner Bros. Games hogwarts legacy

JEUX VIDÉO - Hogwarts Legacy, le premier grand jeu vidéo en monde ouvert dédié à l’univers de Harry Potter, ne sort que vendredi 10 février sur Playstation, Xbox, Switch et PC. Mais il fait déjà couler beaucoup d’encre.

Comme l’ont noté plusieurs médias anglophones qui y ont déjà eu accès, un nouveau personnage y a été intégré : une magicienne trans du nom de Sirona Ryan. S’il s’agit d’un personnage non-joueur (PNJ, que le joueur ne pourra pas contrôler), c’est la première fois que l’univers d’Harry Potter intègre une personnalité faisant ouvertement référence à sa transidentité.

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Même si Sirona Ryan n’en parle pas ouvertement lors de la scène où elle apparaît, l’approche est assez claire, note le magazine Rolling Stone, ce lundi 6 février. En parlant d’un gobelin qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps, Sirona Ryan dit : « Il m’a reconnu instantanément. Ce qui n’a pas été le cas de tous mes camarades de classe. Il leur a fallu une seconde pour comprendre que j’étais une magicienne, pas un magicien. »

Appel au boycott

L’arrivée de ce personnage est tout sauf anodine, alors que les positions transphobes de J.K Rowling, la créatrice d’Harry Potter, poussent de nombreux fans LGBT+ à s’éloigner d’Hogwarts Legacy, malgré l’attente énorme autour de ce jeu vidéo, qui se déroule un siècle avant les événements des films Harry Potter.

Longtemps adulée, l’écrivaine britannique s’est mis à dos les communautés LGBT+ depuis ses prises de position à l’encontre des personnes trans, cette dernière considérant notamment que les femmes trans ne seraient pas de « vraies » femmes.

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Le personnage de Sirona Ryan aurait été pensé pour amener plus de diversité dans la franchise, mais aussi « pour détourner les conversations autour de J.K. Rowling », explique sur Twitter la journaliste spécialisée Stéphanie Sterling, qui dit avoir obtenu des détails sur le personnage par une « connaissance » ayant travaillé sur le jeu. « En tant que personne trans, voir toute la publicité pour un travail qui non seulement finance J.K. Rowling, mais lui permet de se sentir justifiée me fait vomir », dénonce-t-elle à cette occasion.

La sortie du jeu vidéo, où chaque amateur de l’univers Harry Potter pourra lui-même incarner un personnage personnalisable et évoluer librement dans les couloirs de Poudlard, pose un cruel dilemme pour les Potterheads, le nom donné à la communauté de fans de l’univers. Une partie du public en est venue à demander le boycott pur et simple du jeu vidéo pour ne pas participer, même indirectement aux combats que défend l’autrice.

Le site ResetEra, l’un des plus gros forums de jeu vidéo au monde – très populaire dans le monde anglophone – a par exemple fait le choix de bannir les discussions autour de Hogwarts Legacy de son site. En France, la nouvelle rédaction de Gamekult (site spécialisé de jeu vidéo, racheté par Reworld Media fin 2022) a elle aussi annoncé sur Twitter qu’elle ne publierait pas de test du jeu - même si elle avait jusque-là largement traité les actualités liées au jeu.

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Un nom qui divise

Comme Stéphanie Sterling, le youtubeur Liam Robertson, connu pour l’émission Did You Know Gaming ?, avait aussi entendu parler de l’ajout de Sirona Ryan dans Hogwarts Legacy depuis les controverses entourant J.K. Rowling. Selon lui, cet ajout ne serait pas convaincant. « Je ne sais pas comment elle apparaît dans le produit final, mais l’une des sources auxquelles j’ai parlé l’a décrite comme une ’connerie performative’ », a-t-il expliqué sur Twitter.

Le nom du personnage est également pointé du doigt. « Lol. Bien sûr ils ont donné au personnage trans un nom commençant par Sir et se terminant par un nom masculin genré, écrit, là aussi sur Twitter, la journaliste Laura Kate Dale. C’est un tel trope des conventions d’appellation des personnages trans dans les médias. »

Même s’il est bien précisé que J.K. Rowling n’est pas impliquée dans le processus de création de Hogwarts Legacy, le malaise persiste donc. Reste désormais à savoir s’il endiguera le succès du jeu vidéo.

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