Hervé Le Tellier de retour avec « Le Nom sur le mur », nouveau roman de l’auteur du 2e Goncourt le plus vendu

Hervé Le Tellier, ici en septembre 2021, à Pordenone, en Italie.
Leonardo Cendamo / Leonardo Cendamo Hervé Le Tellier, ici en septembre 2021, à Pordenone, en Italie.

LITTÉRATURE - Hervé Le Tellier, passé le succès foudroyant de L’Anomalie, deuxième Goncourt le plus vendu de l’histoire, est de retour. L’écrivain français revient en librairie ce jeudi 18 avril, avec un nouveau roman baptisé Le Nom sur le mur. Un livre sur un résistant tué à 20 ans, publié quelques semaines avant l’anniversaire des 80 ans du Débarquement.

Le Nom sur le mur, qui paraît aux éditions Gallimard, raconte la courte vie d’André Chaix, qui s’engagea chez les FTP dans sa Drôme natale et tomba sous les balles de l’armée allemande en août 1944.

L’histoire est aussi vraie et tragique que celle de L’Anomalie, prix Goncourt 2020, était loufoque et pure invention. Malgré l’impatience des fans de ce roman pour en voir l’adaptation, le travail continue autour de la série promise. Elle racontera, elle aussi, le mystère d’un avion qui part une fois de Paris et atterrit deux fois à New York.

« Ça va se faire, avec Antonin Baudry comme réalisateur. Le scénario est écrit » et le casting peut commencer, a précisé le romancier à l’AFP. Mais aucune date n’est établie pour la diffusion sur Canal+.

30 000 exemplaires

Plus d’un million d’exemplaires plus tard, Hervé Le Tellier digère bien ce qui restera une bizarrerie dans sa vie d’auteur, lui qui est habitué à des audiences plus restreintes. Interrogé sur le tirage de ce nouveau livre, il cite « 30 000 exemplaires placés en librairie ». Et ils lui conviennent.

Changement total de décor et de projet avec Le Nom sur le mur. La Drôme est le département où Hervé Le Tellier a acheté une maison de campagne en 2016. Sur le monument aux morts du village de Montjoux, la mention d’un enfant du pays « mort pour la France » : André Chaix (1924-1944).

« Pendant le confinement, en 2020, j’ai fait plus d’allers-retours avec la boulangerie, commerce essentiel. J’ai lu ce nom. C’était un résistant, il y avait peu de doutes. Mais il s’est encore passé du temps avant que je ne me décide », raconte le romancier.

Une exposition a été consacrée à André Chaix en 2023. Quand Hervé Le Tellier a rencontré les organisateurs, membres de l’association de résistants Anacr, ils avaient pour lui un trésor : « un petit coffret » de souvenirs du jeune homme.

En huit mois, il a couché son parcours sur papier. « J’avais tous les éléments. Et je me sentais une obligation vis-à-vis de tous ceux qui m’avaient aidé à écrire », explique l’auteur. « Ce que je ne pouvais pas, c’était en faire de la fiction. Je trouvais qu’il y avait une forme d’indécence à enjoliver, inventer, romancer », ajoute-t-il.

André Chaix, jeune militaire engagé

Cette question du droit à la fiction face à l’Histoire a agité la rentrée littéraire de l’automne 2023, quand une jeune romancière, Julie Héraclès, a ajouté des éléments imaginaires pour narrer le parcours d’une collaborationniste, Simone Touseau, plus connue comme « la tondue de Chartres ».

Le parti pris d’Hervé Le Tellier est diamétralement opposé. Pas question d’imaginer pourquoi, parmi ces natifs des années 20, certains se sont pliés au Service du travail obligatoire (STO), d’autres ont adhéré aux organisations pro nazies et quelques-uns, enfin, ont pris le maquis.

« André Chaix prend les armes et meurt juste avant la bataille de Montélimar. C’est un jeune militaire engagé dans une armée non régulière. On ne sait pas grand-chose sur les raisons de ce choix et ses opinions. Ses amis devaient être communistes. Il a rejoint le groupe communiste, qui était le plus puissant dans cette région », avance l’écrivain.

Son livre retrace minutieusement aussi dans quel contexte historique a vécu et est mort, fiancé, ce fils de boulangers. « À regarder le monde tel qu’il va, je ne doute pas qu’il faille toujours parler de l’Occupation, de la collaboration et du fascisme, du racisme et du rejet de l’autre jusqu’à sa destruction », conclut l’auteur.

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