Henry Taylor, peintre de la “mémoire collective” noire

La presse américaine est à l’unisson : “Henry Taylor : B Side”, la rétrospective que le Whitney Museum, à New York, consacre à l’artiste africain-américain est l’exposition événement de l’automne aux États-Unis.

“Tant qu’il y aura des artistes comme Henry Taylor, la peinture a peu de chances de mourir”, s’enthousiasme The New York Times dans une longue critique.

Chance pour les Parisiens : en parallèle à l’accrochage new-yorkais, la galerie Hauser & Wirth, qui représente Henry Taylor et vient d’ouvrir un espace dans la capitale, lui consacre son exposition inaugurale.

“Ce peintre figuratif a fait du portrait le mode d’expression artistique dominant de notre époque – et a changé la façon dont l’Amérique se perçoit”, écrit M. H. Miller, le features director de T : The New York Times Style Magazine, le mensuel du New York Times, qui est allé voir Henry Taylor dans son atelier et en est revenu avec un passionnant portrait-entretien très fouillé.

Henry Taylor, “I Am a Man”, 2017, collection privée.. © Henry Taylor/Courtesy the artist and Hauser & Wirth
Henry Taylor, “I Am a Man”, 2017, collection privée.. © Henry Taylor/Courtesy the artist and Hauser & Wirth

“Il commence par de simples coups de pinceau et une main lâche. Ses couleurs sont vives et vibrantes. Beaucoup de ses œuvres auraient l’air, entre les mains d’un autre artiste, inachevées – des visages non remplis, des parties du corps manquantes. Mais ces détails manquants sont délibérés : ils ne portent pas atteinte à l’identité du sujet, mais l’augmentent plutôt. Il faut énormément d’habileté et de retenue pour peindre d’une manière qui semble si simple et si libre.”

M. H. Miller, dans “T : The New York Times Style Magazine

Henry Taylor, “i’m yours”, 2015, Institute of Contemporary Art, Boston.
Cette toile représentant Taylor et ses deux enfants enthousiasme le “New Yorker” : “Vous pourriez regarder le visage de Taylor pendant une heure et trouver encore de nouvelles couleurs. Son regard même semble trop profond et trop affamé pour être satisfait.” . © Henry Taylor/Courtesy the artist and Hauser & Wirth/Photo Sam Kahn

Né en 1958, Taylor est devenu peintre sur le tard. Infirmier psychiatrique, il a obtenu son diplôme au California Institute of the Arts en 1995, à 37 ans. Et ce n’est qu’en 2004 qu’une galerie s’est intéressée à lui, raconte T.

Une mère femme de ménage, un père peintre industriel qu’il accompagne parfois le week-end quand il peint des maisons avec ses gros rouleaux, Taylor est le plus jeune d’une fratrie de huit enfants. “Grâce à cela, il a appris à observer”, estime T.

L’histoire familiale est marquée par l’assassinat de son grand-père par des inconnus au Texas et par la mort de son frère Earl, tué par la police à 22 ans.

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