Haute-Savoie : son coq est trop bruyant, la justice donne deux mois à ce retraité pour se séparer du volatile

En Haute-Savoie, un coq a semé la discorde dans un petit village. La justice demande à son propriétaire de s’en séparer. Photo d’illustration.
Newsday LLC / Newsday via Getty Images En Haute-Savoie, un coq a semé la discorde dans un petit village. La justice demande à son propriétaire de s’en séparer. Photo d’illustration.

RURALITÉ - Caruso va devoir faire ses valises. Dans la petite commune rurale de Sallenôves, en Haute-Savoie, l’animal sème la discorde parmi les 700 habitants. C’est François Avet, un retraité âgé de 74 ans, qui l’a adopté en juillet 2023. Le coq lui tient compagnie lorsqu’il vient faire du jardinage sur la parcelle agricole qu’il entretient. Seul problème : fidèle à son prénom, Caruso aime pousser la chansonnette, et les voisins n’apprécient pas du tout.

« Il chante lorsque le soleil se lève, si un chien passe ou si une poulette lui fait de l’œil », reconnaît son propriétaire auprès de France 3 ce vendredi 19 janvier. Bref, « il fait son boulot de coq ! » Dérangés, les riverains se sont tournés vers la mairie, qui assure avoir tout fait pour résoudre le conflit, sans succès. Les voisins se sont alors rabattus vers la justice, et une médiation a été organisée.

Ces conflits au sujet des bruits ou des odeurs de la campagne sont de plus en plus d’actualité, comme l’illustre ci-dessous un récent reportage du HuffPost. À ce jour, près de 500 procédures opposent des agriculteurs français à leurs voisins, pointe la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA).

Pour donner plus de moyens juridiques aux ruraux de se défendre à ce sujet, il existe depuis 2021 une loi sur la protection du patrimoine rural. Ce texte précise que « les sons et les odeurs » de la campagne font partie du « patrimoine commun de la nation, aux côtés des paysages, de la qualité de l’air ou des êtres vivants et de la biodiversité ».

« Je n’ai pas les moyens de me défendre devant un tribunal »

Mais dans le cas présent, François Avet a été contraint par un conciliateur de justice à se séparer de son coq. Dans une décision rendue juste avant Noël, ce dernier l’a enjoint à chasser Caruso de son terrain d’ici le 31 mars prochain. « Ça me fait tellement de peine… Je n’ai pas les moyens de me défendre devant un tribunal, ni de me payer les services d’un bon avocat et encore moins de perdre un procès… », confie-t-il.

Dans un e-mail adressé à l’auxiliaire de justice consulté par France 3, une voisine déplore l’impossibilité pour les habitants du quartier de passer une nuit complète sans entendre le chant de Caruso. Mais l’affaire va au-delà du chant de l’animal, et c’est ce qui a donné raison aux voisins, qui s’estiment victimes de « trouble anormal du voisinage ».

La voisine plaignante résume l’incompréhension entre François Avet et ses voisins : « J’ai l’impression qu’il y a eu une surenchère : on lui demande de déplacer son potager, il ajoute un coq. Il y a un problème avec son coq, il ajoute un cabanon. Un problème avec son cabanon, il gare sa camionnette devant le terrain… »

« Il s’agit d’un litige dans lequel le coq n’est qu’une partie du différend, et la situation doit être appréciée au regard de la globalité du contexte », abonde l’adjoint à l’environnement de la mairie de Sallenôves auprès de France 3. Un contexte qui n’est en tout cas pas favorable aux envolées lyriques de Caruso.

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