La haute mer devient "patrimoine commun de l'humanité", après un marathon de 10 ans de négociations

Retour sur les difficiles et longues négociations internationales qui ont mené à l'élaboration d'un nouveau traité de protection de la haute mer, un espace planétaire jusque-là sans statut juridique. Entretien avec André Abreu, directeur des relations internationales de la Fondation Tara Expéditions.

Un vaste espace de liberté pour tous : tel était l'esprit romantique des textes juridiques qui se sont penchés depuis 1958 sur "l'identité" de la haute mer. Mais les activités humaines en ont aussi fait un espace de liberté de polluer, de surpêche, etc. ; et peut-être à terme de privatiser des ressources biologiques encore inconnues de cet environnement. A l'heure où les enjeux climatiques et environnementaux ont plus que jamais besoin d'un océan résilient, où l'accaparation du vivant par des intérêts privés inquiètent, il devenait essentiel de protéger ce domaine maritime qui représente 70% de la surface des océans. Les régions océaniques qui s'étendent au-delà de 200 milles nautiques des côtes – soit la limite maximale des zones exclusives économiques des Etats - ont désormais un statut institué par un nouveau traité pour la protection de la biodiversité en haute mer adopté le 4 mars 2023. Entretien avec André Abreu, directeur des relations internationales de la Fondation Tara Expéditions.

Sciences et Avenir : Comment est-on parvenu à l'adoption de ce traité le 4 mars 2023 ?

André Abreu : Nous avons vécu un véritable marathon au cours des deux semaines de négociations qui se sont tenues à New York, au siège de l’ONU. Il a fallu lever les obstacles les uns après les autres. Jusqu’au dernier moment, les négociations ont failli échouer et certains observateurs étaient bien pessimistes la veille de la fin des discussions. Mais Rena Lee, la présidente de la conférence, a tenu bon et a réussi à aboutir ce texte après une nuit blanche et une session finale de 36 heures. C’est un texte contraignant, et pas seulement un agrégat de déclarations de bonnes volontés. Il offre désormais l’opportunité de créer des aires marines protégées en haute mer pour atteindre l'objectif de préserver 30% des terres et des océans à l’horizon 2030.

"Depuis le début des négociations, en 2012, les Etats étaient divisés sur le statut de la haute mer"

Ce texte a-t-il fait consensus ?

Non, trois p[...]

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