Haut-Karabagh: pour François Hollande, la France "doit parler plus fort et agir plus vite"

Haut-Karabagh: pour François Hollande, la France "doit parler plus fort et agir plus vite"

Les prises de paroles se multiplient sur la crise que traverse le Haut-Karabagh qui a conduit plus des trois quarts de la population de ce territoire, majoritairement arménienne, à s'exiler.

"Ils fuient car ils risquent pour leur vie, il y a une peur légitime. C'est ce qu'on appelle un nettoyage ethnique", affirme François Hollande, sur le plateau de BFMTV en tant qu'invité de l'émission C'est pas tous les jours dimanche. "Que ce soit voulu ou finalement tacite, on pousse une population à partir", insiste-t-il.

L'ancien président de la République a tenu à rappeler le lien qui unit la France à l'Arménie. "Nous avons accueilli de nombreux réfugiés lors du génocide (génocide arménien perpétré par l'empire ottoman dans les années 1920, NDLR), qui eux-mêmes ont des descendants qui sont parfaitement intégrés et qui jouent un rôle dans notre république", souligne-t-il, tout en rappelant la loi de reconnaissance du génocide arménien de 1915 qu'il a votée en tant que parlementaire en 2001.

"Je suis de ces Français qui ont une solidarité de tous les instants à l'égard des Arméniens", déclare-t-il.

Les frontières de l'Arménie "menacées"

Selon lui, la France doit condamner l'invasion du Haut-Karabagh par l'Azerbaïdjan. "Il faudrait parler plus fort et agir plus vite" car "il y a un risque humanitaire" et un risque qu'après "cette région annexée", l'Arménie soit "menacée".

"L'étape suivante peut être de la part de l'Azerbaïdjan de prendre une autre région de l'Arménie pour faire une jonction entre la Turquie et l'Azerbaïdjan", alerte-t-il en signalant que "le budget militaire" de Bakou est égal au "budget total" d'Erevan.

Le socialiste souhaite que l'ONU fasse en sorte de "protéger les frontières de l'Arménie" car "la menace est réelle".

Erevan va d'ailleurs recevoir la visite de la ministre des Affaires étrangères françaises, Catherine Colonna ce mardi.

Concernant le gaz exporté par Bakou, la France doit se montrer "plus vocale et plus forte" que les autres pays, parfois silencieux. "Les pays qui ont eu des contrats gaziers, suite d'ailleurs au fait qu'il n'y en avait plus avec la Russie, doivent considérer que ce n'est pas parce qu'on achète du gaz qu'on doit tolérer aujourd'hui ce qui se produit dans le Haut-Karabagh".

Plus généralement, François Hollande appelle à condamner le "recours à la force" qui, depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, devient un "procédé, un moyen d'action, une manière de reconquérir un territoire".

Il affirme que la guerre éclair menée par l'Azerbaïdjan en est l'exemple et pointe d'autres velléités militaires: les interventions de la Turquie, touchée par un attentat suicide du PKK ce dimanche, en Syrie ou en Irak ou encore les regards appuyés de la Chine sur Taiwan.

"Si le monde laisse faire les recours à la force, alors on ira de proche en proche vers d'autres conflits", déplore-t-il.

Article original publié sur BFMTV.com