Hausse des Bourses européennes malgré un contexte difficile

par Wilfrid Exbrayat

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes ont ouvert en hausse la dernière séance de la semaine, s'inspirant de la performance de leurs homologues asiatiques, les investisseurs oubliant pour le moment un contexte macroéconomique et politique troublé même si les derniers résultats de sociétés européennes sont pour le moins mitigés.

À Paris, l'indice CAC 40 avance de 0,69% à 4.905,64 points vers 9h40 GMT. À Francfort, le Dax prend 1,24% et à Londres, le FTSE gagne 0,39%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro monte de 0,8%, le FTSEurofirst 300 de 0,7% et le Stoxx 600 de 0,7%, ce dernier étant bien placé pour enregistrer son quatrième gain hebdomadaire d'affilée.

Les Bourses poursuivent ainsi sur leur lancée de la veille, lorsque les valeurs des semi-conducteurs l'avaient emporté sur les déclarations de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), qui avait admis que la balance des risques entourant la croissance penchait désormais à la baisse.

Et le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau est venu confirmer vendredi matin que la BCE restait engagée à maintenir des taux d'intérêt très bas.

Des déclarations destinées vraisemblablement à apaiser des marchés qui avaient pris connaissance la veille du ralentissement de l'activité du secteur privé de la zone euro tel que l'avaient montré les enquêtes mensuelles IHS Markit auprès des directeurs d'achats quelques heures plus tôt.

Les investisseurs ont eu une nouvelle opportunité de prendre le pouls de la conjoncture en Europe avec la publication de l'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne. Ce dernier a reflué à 99,1 en janvier, au plus bas depuis février 2016, et c'est son cinquième recul d'affilée.

L'institut a dit que l'économie allemande subissait un tassement confirmant une tendance mise en lumière la veille par le quotidien financier Handelsblatt qui écrivait jeudi que le gouvernement allemand ne prévoyait plus que 1,0% de croissance cette année, et non plus 1,8%, en raison du ralentissement économique mondial et du Brexit.

Tout cela en prélude à une semaine à venir qui s'annonce chargée en événements et, corollaire oblige, en incertitudes.

Une délégation chinoise est attendue la semaine prochaine à Washington pour poursuivre les discussions sur le conflit commercial opposant la Chine et les Etats-Unis mais le secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross a fait valoir jeudi que les deux pays étaient bien loin d'un compromis.

La Chambre des Communes se prononcera le 29 janvier sur plusieurs amendements destinés à éviter un Brexit sans accord.

Le Chancelier de l'Echiquier Philip Hammond a déclaré ce vendredi que l'économie britannique subirait de graves dommages si la Grande-Bretagne quittait l'Union européenne (UE) sans un accord en bonne et due forme.

"Ce sera une perturbation très conséquente à court terme et un coup dur conséquent pour notre économie à moyen et long termes", a-t-il déclaré.

La Réserve fédérale tiendra pour sa part sa réunion de politique monétaire les 29 et 30 janvier.

VALEURS

Tous les indices sectoriels sont dans le vert, avec en tête celui des ressources de base qui progresse de 2,21%, emmené par ArcelorMittal (+2,7%). Le secteur de l'automobile (+1,62%) est pour sa part stimulé par les gains de 3% de Renault et de Valeo, respectivement premier et deuxième contributeurs à la hausse du CAC 40.

Renault a nommé jeudi Jean-Dominique Senard, actuel président de Michelin, comme nouveau président du groupe au losange, et l'actuel patron opérationnel Thierry Bolloré au poste de directeur général, tournant ainsi la page de l'ère Carlos Ghosn.

Plusieurs sociétés européennes ont publié leurs trimestriels vendredi matin, avec des fortunes diverses comme en témoignent les réactions en Bourse.

L'équipementier des réseaux suédois Ericsson a fait état d'une perte d'exploitation trimestrielle moins importante que prévu et a dit être en bonne voie pour atteindre ses objectifs financiers, tandis que son compatriote Telia a publié un bénéfice d'exploitation trimestriel inférieur aux attentes et a dit s'attendre à ce que les conditions difficiles en Suède, son premier marché, perdurent.

Ericsson gagne 1,93%, un gain réduit par rapport au début de matinée, tandis que Telia, avec une perte de près de 3%, est lanterne rouge du Stoxx 600.

Dans les télécommunications toujours, le britannique Vodafone (-1,1%) a observé une détérioration de la croissance organique de son activité de services au troisième trimestre, en raison de conditions de marché toujours difficiles en Espagne et en Italie et d'un ralentissement en Afrique du Sud.

Givaudan, le spécialiste suisse des arômes et des parfums, a fait état d'une baisse inattendue de près de 8% de son bénéfice net en 2018, en raison d'une hausse des coûts de financement et des pertes de change.

L'action cède plus de 3%.

EN ASIE

La Bourse de Tokyo a terminé en hausse de 0,97% à un plus haut de clôture depuis le 19 décembre. Sur l'ensemble de la semaine, l'indice Nikkei a gagné 0,5% et il inscrit son troisième gain hebdomadaire d'affilée, ce qu'il n'avait plus fait depuis octobre 2018.

L'indice MSCI regroupant les valeurs d'Asie et du Pacifique (hors Japon) progresse lui de plus de 1% et a inscrit en séance un plus haut depuis le 4 décembre. Il est bien parti pour enregistrer un gain de 0,8% cette semaine, de solides résultats de sociétés venant apaiser les préoccupations liées au ralentissement de la croissance mondiale.

L'indice composite de la Bourse de Shanghaï a terminé en hausse 0,4% et l'indice CSI des grandes capitalisations de Chine continentale 0,8%. A Hong Kong, l'indice des valeurs vedettes Hang Seng a terminé en hausse de 1,7%.

À WALL STREET

La Bourse de New York a fini sur une note irrégulière jeudi, le Nasdaq étant soutenu par les valeurs des semi-conducteurs alors que le conflit commercial sino-américain et le "shutdown" qui s'éternisent ont freiné le reste de la cote.

La meilleure performance sectorielle est revenue aux technologiques (+0,93%), dopées par le compartiment des semi-conducteurs.

L'indice des semi-conducteurs de la Bourse de Philadelphie a bondi de 5,73%, sa meilleure performance depuis le 26 décembre.

En revanche, Intel, qui avait clôturé sur un gain de 3,80%, de loin la meilleure performance du Dow Jones, a chuté de 7% en après-Bourse à la suite de prévisions décevantes pour le trimestre en cours livrées à l'occasion de la publication de ses trimestriels après la clôture.

TAUX

Une nouvelle fois, ce sont les emprunts de la périphérie de la zone euro qui se distinguent, tandis que le Bund lui ne bouge guère.

Ainsi, le rendement de l'emprunt italien à 10 ans cède 3,5 points de base à 2,636%. Dans son sillage, le 10 ans espagnol laisse trois points de base à 1,2150%.

Le rendement du Bund de même échéance gagne 0,9 point de base à 0,1880%. Il avait touché jeudi un plus bas de deux semaines, à 0,178%.

CHANGES

L'euro progresse de 0,19% à 1,1327 dollar, restant toutefois non loin d'un plus bas de six semaines de 1,1289 dollar touché la veille, en réaction aux déclarations de Mario Draghi et à l'article du Handelsblatt sur la révision de la projection de croissance de l'Allemagne.

Sur l'ensemble de la semaine, l'euro accuse pour l'instant une perte de 0,4%.

De son côté, le sterling avance de 0,18% à 1,3083 dollar, après avoir inscrit un pic de 11 semaines de 1,3140, à la suite des informations du Sun indiquant que le Parti unioniste irlandais (DUP) avait décidé de soutenir sous conditions l'accord de Brexit de Therese May.

PÉTROLE

Les cours sont en hausse en raison de la situation politique troublée du Venezuela mais ils ont réduit leurs gains par rapport au début de matinée.

Forte du soutien de plusieurs pays, dont les Etats-Unis, l'opposition vénézuélienne entend continuer d'exercer sa pression sur le président Nicolas Maduro, après la prestation de serment unilatérale du président de l'Assemblée, Juan Guaido, en tant que chef de l'Etat par intérim.

MÉTAUX

L'or progresse du fait des inquiétudes que suscite le "shutdown" prolongé d'une partie des administrations fédérales américaines.

Un projet de loi soutenu par Donald Trump qui aurait mis fin à la paralysie partielle de l'administration américaine en échange du financement du mur dont il exige la construction à la frontière mexicaine a été rejeté jeudi au Sénat.

L'or gagne 0,22% à 1.283,32 dollars l'once.

(Édité par Blandine Hénault)