Harvey Weinstein jugé à Los Angeles 5 ans après #MeToo

JUSTICE - Le 5 octobre 2017, les accusations de viols et d’agressions sexuelles sur Harvey Weinstein révélées dans une enquête du New York Times donnait naissance au mouvement #MeToo. Cinq ans plus tard presque jour pour jour, l’ex producteur de cinéma déchu âgé de 70 ans est à nouveau devant un tribunal, en Californie cette fois, pour un procès qui s’ouvre ce lundi 10 octobre.

Harvey Weinstein, qui régnait en maître sur Hollywood depuis les années 1970 et la fondation du studio Miramax, purge déjà depuis 2020 une peine de 23 ans de prison pour agressions sexuelles et viol à New York. Pour ce nouveau procès à Los Angeles, il est accusé d’avoir violé ou sexuellement agressé cinq femmes dans des hôtels, entre 2004 et 2013.

Un nouveau procès essentiel pour les victimes

Celui dont les films - Pulp Fiction, Gangs of New York, la trilogie Le Seigneur des anneaux et beaucoup d’autres - ont remporté quelque 81 statuettes aux Oscars est notamment accusé d’avoir violé une mannequin italienne dans un hôtel de Beverly Hills en février 2013, puis d’avoir agressé sexuellement Lauren Young, une actrice en devenir, dans la salle de bain d’un autre hôtel. Cette dernière, la seule accusatrice à ne pas être anonyme dans cette affaire, avait déjà témoigné lors du procès de New York.

Tenir un nouveau procès à Los Angeles est essentiel pour les victimes, avait martelé l’an dernier l’avocate de plusieurs d’entre elles, en soulignant que celles-ci n’ont « jusqu’à présent eu aucun accès à la justice ».

L’audience, qui doit durer deux mois, débute ce lundi 10 octobre avec le choix des jurés. En juillet 2021, Harvey Weinstein avait plaidé non coupable lors d’auditions préliminaires devant le tribunal de Los Angeles, où il était apparu en fauteuil roulant avec sa combinaison de détenu marron.

En cas de condamnation, l’ancien magnat d’Hollywood encourt jusqu’à 140 ans de prison, en plus de sa condamnation new-yorkaise, dont l’appel a été rejeté. Il est également inculpé au Royaume-Uni pour des agressions sexuelles qui remonteraient à 1996.

Près de 90 femmes accusent Harvey Weinstein

Les accusations tentaculaires concernant le comportement de prédateur d’Harvey Weinstein ont éclaté en 2017 et sa condamnation en mars 2020 à New York, suivie d’une mise sous écrou immédiate, a constitué une victoire majeure du mouvement #MeToo.

Au total, près de 90 femmes dont Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow et Rosanna Arquette ont accusé Harvey Weinstein de harcèlement, d’agressions sexuelles, ou de viols. Mais le délai de prescription a été dépassé dans nombre de ces affaires, dont certaines remontent à 1977.

L’ancien producteur a toujours assuré que toutes ses accusatrices étaient consentantes. Les allégations ne sont « pas prouvées, pas crédibles et non fondées », avait déclaré son avocat Mark Werksman en juillet 2021 à la presse, plaidant qu’il n’existait aucune preuve médico-légale ou de témoin crédible pour les étayer.

Depuis la chute d’Harvey Weinstein, la libération de la parole provoquée par le mouvement #MeToo a fait émerger une quantité impressionnante d’accusations, débouchant sur de nombreuses procédures judiciaires.

L’acteur Kevin Spacey est par exemple actuellement jugé à New York dans un procès civil intenté par l’acteur américain Anthony Rapp, qui l’accuse « d’agression sexuelle » quand il avait 14 ans en 1986.

L’ancien scénariste et producteur de la série hospitalière Scrubs, Eric Weinberg, est aussi poursuivi pour de multiples cas d’agressions sexuelles, comme l’a annoncé le parquet de Los Angeles ce mercredi 5 octobre le jour anniversaire du mouvement #MeToo.

Le nouveau procès d’Harvey Weinstein coïncide également avec la première du film She Said, qui sera présenté la semaine prochaine au New York Film Festival et retrace l’enquête des deux journalistes du New York Times sur l’emprise et les méfaits du tout-puissant producteur.

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