Harvey Weinstein : une cour d’appel annule une condamnation, des accusatrices dénoncent le jugement

ÉTATS-UNIS - « Un acte de trahison institutionnelle ». C’est avec ces mots qu’Ashley Judd a réagi à la décision d’annuler l’une des condamnations pour viol et agression sexuelle de Harvey Weinstein, jeudi 25 avril. Selon une cour d’appel de New York, des témoignages portant sur d’autres faits que ceux commis contre les plaignantes avaient été admis « de façon erronée ».

La condamnation de Harvey Weinstein pour viol en 2020 annulée par la cour d’appel de New York

Un nouveau procès a été ordonné pour l’ex-producteur star de Hollywood, une décision qui suscite l’indignation au sein du mouvement #MeToo. Sa condamnation à 23 ans de prison en 2020 à New York pour viol et agression sexuelle avait constitué une victoire pour celles qui avaient osé libérer la parole.

« C’est injuste pour les survivants. Nous vivons notre vérité. Nous savons ce qui s’est passé », a protesté Ashley Judd, l’une des premières actrices à avoir formulé des accusations contre le producteur. Lors d’une conférence de presse le 25 avril, dont vous pouvez voir des extraits en tête d’article, elle a dit sa colère contre le système judiciaire américain.

« Nous sommes dévastées »

À ses côtés, la militante afro-américaine Tarana Burke a fustigé : « Le système judiciaire n’a jamais bénéficié aux survivantes dans ce pays ». Celle qui a fondé MeToo en 2006, onze ans avant que le hashtag ne serve dans l’affaire Weinstein, a partagé sa tristesse. « Nous sommes dévastées pour les survivantes impliquées dans cette affaire et pour celles qui avaient trouvé un certain réconfort dans le verdict initial concernant Harvey Weinstein », a-t-elle déclaré.

Plusieurs autres actrices, qui avaient accusé le producteur, ont dit leur dépit. Pour Rosanna Arquette, « il est regrettable que le tribunal ait annulé sa condamnation ». « En tant que survivante, je suis très déçue », a indiqué l’accusatrice de Weinstein, au Hollywood Reporter. Mira Sorvino s’est dite « Horrifiée ! ». « C’est un prédateur en série prolifique qui a violé/porté atteinte à plus de 200 femmes ! Je suis dégoûtée par le système judiciaire, qui ne reconnaît que les prédateurs et non les victimes », a écrit l’actrice et accusatrice sur X.

Un groupe de victimes de Harvey Weinstein a dénoncé la décision de jeudi 25 avril, estimant qu’elle n’était « pas seulement démoralisante », mais aussi « profondément injuste ». « Mais cette décision n’affecte en rien la réalité de ce que nous avons vécu », et « nous continuons à nous battre », a écrit dans un communiqué le groupe « Silence Breakers », qui rassemble des femmes qui avaient dénoncé, au sein du mouvement #MeToo, les agissements de Harvey Weinstein.

#MeToo reste « une victoire »

Mais les figures du mouvement #MeToo ont aussi tenu à rappeler toutes les avancées réalisées. « J’ai raconté mon agression parce que lorsque les survivantes racontent leur expérience, elles montrent une forme puissante de leadership qui incite les autres personnes à se joindre à une action commune, qui catalyse le changement », a incité expliqué Ashley Judd.

« Ce moment, cette décision, prouve que nous avons un vrai mouvement », s’est félicité Tarana Burke, soulignant qu’il y a dix ans, traduire un homme aussi puissant que Harvey Weinstein en justice était encore impossible. « Parce que ces femmes courageuses dans cette affaire ont brisé le silence, des millions et des millions d’autres ont trouvé la force de s’exprimer », a-t-elle rappelé. « Ce sera pour toujours une victoire ».

Sur Instagram, l’actrice Rose McGowan, l’une des accusatrices de Harvey Weinstein et visage phare du mouvement #MeToo, s’est dite « fière du chemin parcouru ». « Peu importent les décisions qu’ils renversent, ils ne peuvent pas nous enlever qui nous sommes, ce que nous savons, ce que nous avons traversé et ce que nous pouvons accomplir », a-t-elle réaffirmé dans sa vidéo.

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