Harcèlement: "La Voix de l'enfant" dit avoir été menacée de perte d'agrément pour avoir fait "trop de signalements"

Harcèlement: "La Voix de l'enfant" dit avoir été menacée de perte d'agrément pour avoir fait "trop de signalements"

En plus des parents, des associations menacées? L'association "La Voix de l'enfant" a affirmé dimanche à BFMTV avoir reçu des courriers de la part de l'administration lui reprochant d'avoir émis des signalements pour des faits supposés de harcèlement scolaire.

Ces déclarations surviennent après que les parents de Nicolas, un adolescent de 15 ans qui s'est suicidé au début du mois, ont eux-mêmes dénoncé la lettre que leur avait envoyé l'administration.

Le courrier du rectorat de Versailles leur reprochait des propos "inacceptables" et les menaçait d'une plainte, quelques mois avant la mort de leur fils, lorsqu'ils dénonçaient des faits de harcèlement que disait subir Nicolas.

"On leur reproche de faire trop de signalements"

"En province, nos associations locales se voient recevoir des courriers où on leur reproche de faire trop de signalements ou d'informations préoccupantes" pour des faits supposés de "harcèlement" ou de "mauvais traitements", dénonce Martine Brousse, présidente et co-fondatrice de l'association La Voix de l'enfant.

"On leur dit: 'Si vous continuez, on vous retire (votre agrément)'", déplore-t-elle.

Martine Brousse assure même à notre antenne "qu'une association" a "perdu son agrément" en 2022 pour cette raison. L'identité exacte de l'association appartenant à leur réseau n'est pas précisée, et BFMTV n'était pas en mesure de confirmer cette information dans l'immédiat.

L'administration scolaire pointée du doigt

"Ça ne vient pas des enseignants, ça ne vient pas des chefs d'établissements, ça vient bien de l'administration", assure-t-elle encore, pointant du doigt le rôle des rectorats.

Pour la présidente de l'association d'aide à la protection de l'enfance, ces menaces concernent des signalements portant sur de possibles faits de harcèlement scolaire, mais pas seulement.

"Les enseignants, malheureusement, sont confrontés à la souffrance de nombreux enfants, soit victimes de harcèlement, soit victimes de violences physiques ou sexuelles", indique-t-elle.

Un appel à un changement des "mentalités"

Pour l'association, il apparaît primordial que les rectorats prennent conscience du sérieux touchant au harcèlement scolaire.

"Il est important aujourd'hui que l'administration évolue dans sa mentalité. (...) Il faut absolument que l'administration arrête de dire: 'Passez, il n'y a rien à voir'", clame-t-elle.

Martine Brousse veut croire qu'une évolution est possible "à condition que cela se fasse en transversalité", en impliquant à la fois "l'Éducation nationale", mais aussi "la justice" dans la façon dont elle traite les plaintes reçues.

"Un travail de titan" à venir

La présidente de l'association salue ainsi la réaction samedi du ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal après le courrier reçu par les parents de Nicolas. Le ministre avait qualifié la missive de "honte".

"C'est la première fois" que de telles paroles de soutien sont prononcées, selon elle, "alors que le harcèlement, ça fait des années que (...) nous faisons des propositions".

Elle prévient cependant: "le ministre Gabriel Attal va avoir un travail de titan".

Article original publié sur BFMTV.com