Harcèlement scolaire, briser le silence (France 2) : "Ils ont vécu leur vie tranquille, alors qu’ils venaient de détruire ma vie de petite fille…"

Pouvez-vous nous raconter ce que vous avez vécu ?

Elena : Cela a commencé en fin de CM2, lors d’un voyage scolaire. Un garçon a raconté des choses sexuelles et choquantes sur moi, notamment à propos de mon corps. J’ai réussi à en parler avec ma maman, qui a appelé la maîtresse. Le garçon en question a rédigé une lettre d’excuses, sa mère a été mise au courant, mais a nié que son fils puisse agir ainsi. Le garçon s’est alors rétracté, pour être tranquille, je pense. J’étais encore trop petite pour prendre conscience de ce qui s’était passé. Quand je suis arrivée en sixième, un autre garçon m’a fait des avances pendant trois mois devant toute la classe. Mais personne n’a rien dit. J’ai décidé d’en parler à une surveillante, j’ai été convoquée, mais il n’y a pas eu de suites, et les parents du harceleur n’ont même pas été prévenus. À partir de là, j’ai développé une phobie scolaire et fait une tentative de suicide. En cinquième, c’est un groupe de filles qui a véhiculé des rumeurs sur moi, disant que j’étais laide ou encore malade du sida. Je me suis complètement renfermée sur moi-même. J’ai été hospitalisée. Le principal du collège n’a même pas pris la décision de convoquer les parents.

Cela paraît invraisemblable que les différents chefs d’établissements ne vous aient pas du tout soutenue…

Je ne me suis jamais sentie écoutée. À chaque fois, on m’a dit qu’on allait régler le problème, mais il n’y a jamais eu de suites. Je ne savais plus trop quoi dire. J’avais l’impression qu’on ne me croyait pas. Ma mère a essayé d’alerter, elle aussi, puis elle a abandonné… Nous avons éprouvé une grande colère devant cette situation. Les harceleurs ont vécu leur vie tranquille, alors qu’ils venaient de détruire ma vie de petite fille…

Pourquoi, selon vous, avez-vous été la cible de ces harceleurs ?

Je suis hypersensible. Dès que quelqu’un était contre moi, je pleurais, et on me prenait pour cible. Je ne répondais pas, car j’avais peur. En cinquième, la moitié des élèves étaient au courant de ce que j’endurais, mais personne n’a rien dit. En troisième, je ne faisais jamais une semaine complète de cours. Même si je n’étais plus harcelée, j’avais encore peur…

Comment vous en êtes-vous sortie, finalement ?

Je suis suivie par une psychiatre depuis la cinquième. Le déclic qui m’a permis de me sentir mieux, c’est l’arrivée de mon frère. Quand ma mère a annoncé sa grossesse, j’étais contre. Et puis ...

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