Hamas : après l'élimination du numéro 2, les autres membres dans le viseur de l'armée israélienne

Outre Saleh Al-Arouri, tué mardi au Liban dans une frappe de drone, d’autres cadres du Hamas sont recherchés par Tsahal.

Sur cette photo publiée par le bureau des médias du Hamas, Ismail Haniyeh, à droite, le chef du bureau politique du Hamas, serre la main de son adjoint Saleh Al-Arouri à son arrivée à Gaza, le jeudi 2 août 2018 (Mohammad Austaz/Hamas Media Office via AP, File)
Sur cette photo publiée par le bureau des médias du Hamas, Ismail Haniyeh, à droite, le chef du bureau politique du Hamas, serre la main de son adjoint Saleh Al-Arouri à son arrivée à Gaza, le jeudi 2 août 2018 (Mohammad Austaz/Hamas Media Office via AP, File)

C’est la première opération à viser un dirigeant du Hamas en exil. Et c’est aussi le plus gros coup porté à l’organisation islamiste depuis les événements du 7 octobre dernier. Mardi, une frappe de drone attribuée à Israël a tué le numéro 2 du bureau politique du mouvement islamiste, Saleh Al-Arouri, alors qu’il se trouvait dans un appartement au sud de Beyrouth, au Liban. Le Palestinien de 57 ans, considéré comme l’un des successeurs les plus crédibles à Ismaël Haniyeh à la tête du Hamas, est mort en compagnie de six autres personnes, dont deux commandants de l’aile militaire du Hamas, Samir Fandi et Azzam al-Aqraa.

Dès la fin du mois de novembre, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu avait donné l’ordre à l’agence de renseignement israélienne du Mossad de prendre pour cible les chefs du Hamas “partout où ils se trouvent”, rappelait The Times of Israel. L’objectif de viser la direction du mouvement plutôt que celui d’éliminer complètement le Hamas est plus "réalisable", estimaient quant à eux des responsables américains dans les colonnes de Reuters.

"Si (Israël) pouvait dire qu’il a tué Yahya Sinwar, Marwan Issa et Mohammed Deif, ce serait une réussite très claire, symbolique et substantielle", affirme Michael Eisenstadt, directeur du programme d'études militaires et de sécurité à l'Institut de Washington. Le visage des trois hommes, qui se cacheraient dans les tunnels de Gaza, comme ceux des dirigeants en exil, sont affichés dans le bureau de Yoav Gallant, le ministre israélien de la Défense. Qui sont-ils ?

Mohammed Deif, le "cerveau" de la branche armée du Hamas

Mohammed Deif (photo non datée)
Mohammed Deif (photo non datée)

Mohammed Deif, 58 ans, est le chef des brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas, depuis plus de vingt ans, rappelle franceinfo. À ce titre, c’est lui qui a annoncé le début de l’opération “Déluge d’Al-Aqsa”, lancée depuis Gaza contre Israël, le 7 octobre dernier. Il est considéré comme l’un des hommes à l’origine des tunnels de Gaza et est soupçonné d’avoir commandité plusieurs attentats-suicides en Israël dès les années 1990.

L’homme a échappé à plus de huit tentatives d’assassinat, selon Le Monde, et a notamment perdu un oeil au cours de l’une d’elles. D’où son surnom de “chat à neuf vies”. Une autre de ses tentatives, en 2014, s’est soldée par la mort de sa femme, de sa fille de trois ans et de son fils de sept mois.

Yahya Sinwar, le chef du bureau politique du Hamas

Yahya Sinwar, le 30 avril 2022 (AP Photo/Adel Hana, File)
Yahya Sinwar, le 30 avril 2022 (AP Photo/Adel Hana, File)

Depuis 2017, Yahya Sinwar est le chef du bureau politique du Hamas à Gaza. Il serait l’un des cerveaux de l’attaque du 7 octobre. Comme Mohammed Deif, ce Palestinien de 61 ans est né dans le camp de Khan Younés. Avant d'embrasser une carrière politique, l’homme aujourd’hui âgé de 61 ans a fondé le Majd, le service de sécurité intérieure du Hamas, en 1988. Il s’occupait alors de traquer les informateurs. Réputé pour sa cruauté, il a hérité du surnom de “Boucher de Khan Younès”.

Arrêté à plusieurs reprises par Tsahal, il a été condamné en 1988 à la prison à perpétuité pour l'enlèvement et le meurtre de deux soldats israéliens et le meurtre de quatre collaborateurs palestiniens. L’homme a finalement été relâché en 2011 dans le cadre d'un échange de prisonniers au cours duquel le soldat Gilat Shalit a été libéré.

Marwan Issa, commandant adjoint au Hamas

Surnommé “l’'Homme de l'ombre”, Marwan Issa est le moins connu des trois hommes recherchés à Gaza. Il est pourtant impliqué dans de nombreuses décisions du Hamas. Bras droit de Mohammed Deif, il a actuellement le statut de commandant adjoint des brigades al-Qassam. Selon Reuters qui cite des sources du Hamas, Marwan Issa pourrait remplacer Yahya Sinwar ou Mohammed Deif dans leurs missions, si l’un d’eux venait à être tué ou capturé.

Ce Palestinien de 58 ans a été arrêté par l’armée israélienne en 1987, lors de la première Intifada, avant d’être libéré cinq ans plus tard. Il a échappé à au moins trois tentatives d’assassinat depuis 2006.

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Ismaïl Haniyeh, le chef du bureau politique

Ismaïl Haniyeh, en février 2002 (AP Photo/Adel Hana, File)
Ismaïl Haniyeh, en février 2002 (AP Photo/Adel Hana, File)

Le plus haut responsable du Hamas est exilé au Qatar depuis 2019. Ce Palestinien né en 1963 dans un camp de réfugiés de Gaza est d’abord devenu le chef du cabinet du fondateur du Hamas, cheikh Ahmed Yassine. Puis, après les élections de 2006, il a occupé la fonction de Premier ministre de l'Autorité palestinienne. Mahmoud Abbas l’a limogé l’année suivante. Depuis le pays où il réside, l’homme a joué un rôle actif dans les pourparlers menés sous l'égide du Qatar qui ont abouti à une semaine de trêve avec Israël entre le 24 novembre et le 1ᵉʳ décembre.

Khaled Mechaal, le chef du bureau politique pour l'étranger

Khaled Mechaal, le 13 juillet 2012 (Photo KHALIL/AFP/GettyImages)
Khaled Mechaal, le 13 juillet 2012 (Photo KHALIL/AFP/GettyImages)

Né en Cisjordanie en 1956, Khaled Mechaal est considéré comme l'un des membres fondateurs du Hamas avant d’être remplacé par Ismaïl Haniyeh. L’homme qui a échappé à une tentative d’assassinat en 1997, a trouvé refuge en Syrie avant de rejoindre le Qatar, en 2012. Depuis 2021, il est responsable des activités du mouvement islamiste à l'étranger.

Plusieurs figures du Hamas ont déjà été éliminées. Outre Saleh Al-Arouri, c'est le cas d'Aymane Nofal, l'un des chefs des brigades Al-Qassam, d'Ibrahim Biari, présenté comme l'un des responsables de l'attaque du 7 octobre, ou encore d'Ahmed Ghandour, commandant de la brigade du nord de Gaza.

Pour le journaliste de France 24 Wassim Nasr, "éliminer des dirigeants du Hamas au cours d'une opération militaire dans la bande de Gaza ou même au Liban est une chose, le faire au Qatar ou dans un pays tiers en est une autre. Les conséquences diplomatiques ne sont pas du tout les mêmes", prévenait-il.

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