Hagai Levi : "La saison 2 de The Affair sera plus noire"

The Affair saison 2, c'est parti ! Enfin, le tournage... Pour véritablement découvrir la saison 2, il faudra encore patienter quelques mois. Heureusement que le Festival Series Mania a eu la bonne idée d'inviter entre temps Hagai Levi, le co-créateur de la série, à participer à une table ronde avec des journalistes français...Passionner la critique et le public avec une histoire d’adultère, c'est la mission presqu'impossible que le scénariste israélien a réussi à accomplir aux côtés de Sarah Treem, avec qui il collabore depuis l'adaptation de sa série aux Etats-Unis, En Analyse. "Avoir une liaison aujourd’hui, c’est anodin. On voit ça partout. Je voulais qu'on ait des personnages pour qui, justement, ce n'est pas anodin. L’un des slogans que nous avions, c’était : 'Que se passe-t-il lorsque des gens bien ont une liaison ?' Des gens qui pensaient que cela ne leur arriverait jamais. Dans l’une de nos ébauches, notre personnage masculin était un prêtre ou un rabbin pour que cette situation soit encore plus dure pour lui. Mais, ce n’était qu’une idée parmi d’autres. En tant qu’homme et femme, il y a toujours des tentations quelque part. Mais, vous pensez que cela ne vous arrivera pas à vous. Mais si cela vous arrive ? Comment cela serait ?"[MainTitle]Elle et lui : deux facettes d'une même histoire[/MainTitle]Pour narrer cet adultère, Treem et Levi ont su combiner une écriture intelligente, un quatuor d’acteurs fantastiques (Dominic West, Ruth Wilson, Joshua Jackson et Maura Tierney) et un système de narration inédit dans ce type d’histoire. Dès le début de The Affair, on apprend que quelque chose de terrible est arrivé. C’est dans une salle d’interrogatoire que les deux héros, Noah et Alison, racontent, chacun de leur côté, ce qu'ils savent et, par là, leur rencontre et la liaison qui en a découlé...[Quote]On a tous le fantasme de savoir ce qui se passe dans la tête de l'autre"[/Quote]Dérouler deux facettes d’une même histoire, c'est ce qu'avait instauré Akira Kurosawa avec Rashomon, devenu modèle dans le genre. Une référence qui existait bel et bien dans l'esprit d’Hagai Levi mais pas uniquement : "J’ai toujours eu l’impression que lorsque l’on raconte une liaison, c’est souvent d’un seul point de vue. Il y a ce mec qui a une famille et, de l'autre côté, il y a cette garce briseuse de ménage. Ou l’opposé. Je pensais que, cette fois, on devait montrer quelque chose de différent. Deux personnes sont impliquées et il fallait avoir leurs deux points de vue. C’était très important. Et on a tous aussi ce fantasme de savoir ce qui se trame dans la tête de notre amant ou maîtresse."Et pour cause, lorsque les deux amants remontent chacun le fil de leurs souvenirs, ils offrent, tour à tour, une vision personnelle et un ressenti, forcément subjectif et, parfois, complètement différent l'un de l'autre. Un système fascinant qui demande pas mal d'organisation. Pour ne pas se perdre dans les différentes perspectives de leurs personnages, les scénaristes ont ainsi un grand tableau et cherche d'abord à "trouver la scène qui va être montrée de chaque point de vue. Il est important d'établir le point de rencontre. La question étant de savoir : 'Pourquoi ? Pourquoi chacun d’entre eux veut s’en souvenir différemment ?" Car la vérité "vraie" n'existe pas et elle n'est pas du tout le propos de The Affair.