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Haïti : « Le pouvoir ne peut pas lutter contre l’insécurité qu’il a contribué à créer »

La police haïtienne tente de repousser des membres d'un gang dans le centre de Port-au-Prince, le 3 mars 2023.  - Credit:Richard Pierrin/AFP
La police haïtienne tente de repousser des membres d'un gang dans le centre de Port-au-Prince, le 3 mars 2023. - Credit:Richard Pierrin/AFP

Mon propos est clair : dénoncer, sans ambages, la situation gravissime infligée au peuple haïtien, refuser la désinformation et briser le silence qui cautionne le régime de terreur. Je veux témoigner ici de la tragédie que je viens de vivre pour que le monde sache, au travers de mon témoignage, ce qui arrive aux Haïtiens au quotidien, et qui est bien gardé sous silence. Un silence assourdissant.

Ma mère est morte en Haïti, après quasiment vingt-quatre heures passées, en vain, à appeler une ambulance pour éviter le pire. Elle ne sera pas transportée d'urgence à l'hôpital à la suite d'un AVC. Non, elle passera une nuit entière à gémir, à souffrir, à râler, à agoniser, comme me l'a décrit ma petite sœur sur place.

Et, le lendemain matin, toujours pas d'ambulance car le pays est paralysé après l'assassinat, par des gangs, de policiers qui manifestaient à juste titre. Parce que, parallèlement et comme tous les jours, les bandes armées font la loi dans les rues et que tout le monde a peur. Même les ambulanciers. Entre-temps, ma mère continue d'agoniser, puis elle meurt, le 26 janvier dernier. Mais le drame ne s'arrête pas là, comme si la mort de ma mère, qui aurait pu être évitée, ne suffisait pas.

Une question de vie ou de mort

Dans ce climat de peur permanente, les pompes funèbres sont elles aussi retardées dans l'exercice de leurs fonctions. Le mari de ma mère – mon beau-père –, dont la présence était indispensable pour l'organisation des funérailles, se trouvait [...] Lire la suite