Haïti: plus de 3000 détenus s'évadent après l'attaque d'une prison par des gangs armés, l'état d'urgence décrété

Un pays en partie sous état d'urgence et sous couvre-feu général entre 18h et 5h du matin. Le gouvernement de Haïti a décrété dimanche "l'état d'urgence sur toute l'étendue du département de l'Ouest pour une période de 72 heures renouvelable", département dont fait partie la capitale Port-au-Prince.

Le ministre de l'Économie et des Finances de Haïti, Patrick Michel Boisvert, a signé le document en tant que Premier ministre par intérim. Le Premier ministre Ariel Henry était en déplacement au Kenya la semaine dernière, où Port-au-Prince et Nairobi ont signé un accord pour l'envoi de policiers kényans dans l'île.

"Des actes criminels de plus en plus violents"

Le couvre-feu a été annoncé "en raison de la dégradation sécuritaire", notamment à Port-au-Prince, "caractérisée par des actes criminels de plus en plus violents perpétrés par les gangs armés", ainsi qu'en tenant compte de "l'évasion de prisonniers dangereux", actions mettant "en péril la sécurité nationale" selon le gouvernement.

"Les forces de l'ordre ont reçu l'ordre d'user de tous les moyens légaux à leur disposition en vue de faire respecter le couvre-feu et d'appréhender tous les contrevenants", ajoute le communiqué.

Pays pauvre des Caraïbes, Haïti fait face à une grave crise politique, sécuritaire et humanitaire, depuis l'assassinat en 2021 du président Jovenel Moïse. Les forces de sécurité sont dépassées par la violence des gangs qui ont pris le contrôle de pans entiers du pays, y compris de la capitale Port-au-Prince.

Des milliers de détenus dans la nature

Au moins une dizaine de personnes sont mortes durant l'évasion de plusieurs milliers de détenus du Pénitencier national de Port-au-Prince, en Haïti, attaqué par des gangs armés cherchant à libérer les prisonniers, a-t-on appris dimanche auprès d'une ONG et d'un journaliste de l'AFP. "On a dénombré de nombreux cadavres de détenus", a déclaré dimanche à l'AFP Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). Il a expliqué que seule une centaine de détenus étaient toujours présents dans la prison dimanche, sur environ 3.800 avant l'attaque perpétrée par des gangs armés dans la nuit de samedi à dimanche. Un journaliste de l'AFP s'étant rendu sur place dimanche matin a lui vu une dizaine de corps aux alentours de la prison. Certains corps avaient été touchés par des balles ou par des projectiles, selon lui. Il a pu se rendre dans la prison, dont la porte était "ouverte" et où il n'y avait "quasiment personne", a-t-il raconté.

Article original publié sur BFMTV.com