Hélène Darroze revient sur cette remarque misogyne de Paul Bocuse
TÉLÉVISION - « Les femmes à la maison et les hommes dans les grands restaurants, c’est complètement has been ! » rappelle Hélène Darroze. Alors que M6 célébrait les 15 ans de Top Chef dans son émission du mercredi 15 mai en rappelant d’anciens candidats pour montrer le chemin parcouru, l’INA a confronté l’emblématique membre du jury à son propre début de carrière.
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Dans une vidéo mise en ligne au même moment, l’INA a interrogé la cheffe sur la misogynie qu’elle a dû affronter. On la voit notamment dans un extrait de France 2 de 2004 dans lequel elle est interrogée par Benoît Duquesne. Le journaliste demande à celle qui est alors « l’une des deux chefs femmes, en France, a avoir obtenu deux étoiles au guide Michelin » de revenir sur des propos tenus par Paul Bocuse.
« Si les femmes n’avaient pas de place en cuisine, c’est parce qu’elles n’étaient pas très imaginatives et qu’elles faisaient la cuisine de leur mère », avait déclaré un jour la légende de la gastronomie française. Hélène Darroze avait alors répondu en le dédouanant et en assurant que Paul Bocuse encourageait « énormément » les jeunes cheffes comme elles. Une démarche appréciée par ce dernier, qui l’avait remercié et s’était excusé personnellement. « Ça m’avait beaucoup, beaucoup touché que monsieur Bocuse lui-même m’envoie ce petit mot comme ça » confie aujourd’hui la jurée de Top Chef.
“Les femmes à la maison et les hommes dans les grands restaurants, c’est complètement has been !”
➡️Alors que “Top Chef” fête ses 15 ans sur M6 et propose pour la première fois un jury paritaire, Hélène Darroze évoque la misogynie subie par les femmes dans la gastronomie. pic.twitter.com/CWczdQnXc5— INA.fr (@Inafr_officiel) May 15, 2024
Toujours durant cette interview, Benoît Duquesne n’en démord pas et demande à Hélène Darroze si sa cuisine est aussi « imaginative que celle des grands chefs, dont on dit quelques fois qu’ils font de la chimie (...) ou est-ce qu’elle est plus proche de la cuisine de grand-mère ». « C’est très macho ça, constate aujourd’hui Hélène Darroze. Mais bon il y a aussi un fond de vérité. Une fois de plus, je m’appuie sur la cuisine de mes grands-mères et j’en suis fière. Et si ça se voit dans l’assiette tant mieux ». Ainsi, la cheffe étoilée continue d’affirmer son style, rendant à la cuisine de « grand-mère » ses lettres de noblesse.
Une cheffe novatrice
Hier comme aujourd’hui, Hélène Darroze décrit sa cuisine comme « généreuse » qui « s’attache au produit ». Cette cheffe pour qui la rigueur est une qualité indispensable a su également réinventer la manière de diriger une brigade, bien loin des clichés.
En 2004, lors d’un reportage pour l’INA son chef saucier Sébastien Dubrulle, salue le climat instauré par sa cheffe : « Le contact est vraiment différent. J’ai travaillé avec des chefs hommes toujours assez virulents, assez violents au niveau du contact. Et Hélène n’est pas du tout pour ce genre de méthodes dites “à l’ancienne” ». Car pour elle, la communication est une clé importante pour obtenir cette rigueur, et pour cela inutile de crier. « Il n’y a jamais un mot plus haut que l’autre (...) on parle avec les yeux on se sourit » explique-t-elle.
Si a l’époque, il était très compliqué de concevoir qu’une femme pouvait réussir dans ce domaine, Hélène Darroze a prouvé le contraire. Aujourd’hui, elle est ravie de voir la future génération de cheffes prendre son envol. « Il y a tellement de jeunes femmes, et il y en a de plus en plus qui arrivent (...) moi ça me remplit d’optimisme ». Et pour le coup, elle est en première ligne autant dans ses cuisines, que dans Top Chef pour former et voir évoluer ces nouveaux prodiges des fourneaux.
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