Guillaume Meurice dénonce la « brutalité » de la direction de France Inter dans une lettre de rupture, Laurence Bloch lui répond

Après son licenciement par Radio France pour « déloyauté répétée », l’humoriste partage à l’écrit son amour et sa colère contre France Inter.

La « Lettre à France (Inter) » écrite par Guillaume Meurice, dénonce l’emprise du pouvoir sur les ondes du service public.
LIONEL BONAVENTURE / AFP La « Lettre à France (Inter) » écrite par Guillaume Meurice, dénonce l’emprise du pouvoir sur les ondes du service public.

MÉDIAS - Ses premiers mots étaient pour ses ennemis. Les suivants pour la station radio qu’il a longtemps chérie. Licencié par Radio France, l’humoriste Guillaume Meurice s’est exprimé dans une longue lettre ouverte ce mercredi 12 juin, publiée sur ses réseaux sociaux. La veille, la patronne de Radio France Sibyle Veil avait justifié sa décision de se séparer de l’humoriste pour « déloyauté répétée », après avoir répété sa blague à l’antenne sur Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien.

France Inter : François Morel « légèrement inquiet » après l’affaire Guillaume Meurice

Dans ces mots aux airs de rupture, à lire en intégralité ci-dessous, Guillaume Meurice dit avoir « le cœur gros », non pas à cause de sa rupture avec France Inter, mais à l’idée de la « laisser ainsi, dirigée par des âmes de si peu de scrupules ». Une attaque directe contre la direction de la radio et le pouvoir politique, qui se concrétise dans les lignes suivantes, lorsqu’il estime que la seule « vertu à la fin » de son histoire commune avec France Inter est « d’exposer au grand jour leur brutalité ».

« Derrière leur pseudo-bienveillance, leurs grands sourires, leurs coups de com’, il y a les coups de mentons, les coups de matraques. Il y a ce pouvoir qui ne permet à rien de lui résister, qui écrase tout », juge-t-il, en évoquant la violence en manifestation, le Code du travail remplacé par « le Moltonel » ou les « libéraux » qui « sont en train de livrer le pays clés en main à l’extrême droite ».

Dans cette lettre, il commence pourtant en s’adressant à sa « Chère France Inter ». L’occasion pour lui de revenir sur sa passion pour la station de radio du service public. Une passion avant la fameuse rencontre, puisque l’humoriste de 42 ans avait rejoint les ondes de France Inter en 2012 avec la bande d’On va tous y passer, une émission présentée alors par Frédéric Lopez. « Premières chroniques », « premiers rires déclenchés »… L’idylle semblait presque parfaite avant de rejoindre la « joyeuse troupe » de Charline Vanhoenacker, où il assure avoir « vécu les plus belles pages de notre aventure commune ».

Cette dernière, d’ailleurs, le lui rend bien, dans une lettre également publiée ce mercredi matin, où elle salue son « complice historique », « collègue investi », « camarade attentionné » :

« Leur projet de société : un champ de ruines »

« Une petite heure par jour. C’était bien peu, C’était visiblement trop », lâche ensuite Guillaume Meurice dans sa lettre, pour évoquer le passage au format hebdomadaire de la bande réunie autour de Charline Vanhoenacker, malgré des audiences toujours plus hautes.

Les lignes suivantes, évoquées plus haut, illustrent l’incompréhension et le mal-être de l’humoriste face à la manière dont son départ de France Inter a été acté. Ciblant à plusieurs reprises « les personnes de pouvoir » dans son texte, il assure qu’à l’avenir « certaines blagues auront des airs de choix de carrière » pour les humoristes.

Guillaume Meurice poursuit en se projetant vers l’avenir de France Inter, et donc de Radio France. « La fusion de France Télévisions et de Radio France, les coupes budgétaires, les licenciements. À terme, ta privatisation. Leur rêve te vendre au plus offrant. Leur aphrodisiaque : le fric. Leur projet de société : un champ de ruines », assure-t-il, dans une référence directe au projet de fusion du gouvernement pour l’audiovisuel public.

Pour conclure, l’humoriste préfère citer Romain Gary et la force du rire exprimée dans son roman Les enchanteurs. Une dernière citation avant d’« embrasser » une dernière son amour d’un temps. Ce qui est sûr, après l’annonce de son départ de France Inter, c’est que de nombreux humoristes officiant jusqu’à présent sur les ondes d’Inter n’ont plus trop envie de rire et préfèrent quitter le navire.

Mise à jour, 12h30 : Dans un message posté sur X, Laurence Bloch, la future ex-directrice des antennes de Radio France, a répondu sèchement à Guillaume Meurice, mais dans un style proche de la lettre de l’humoriste.

« Mon cher, cher Guillaume Meurice, il y avait si peu à faire pour éviter cette mécanique du désastre. Juste considérer tous les auditeurs de France Inter et Radio France de la même façon : Ceux qui ont ri à votre blague. Ceux qui en ont été cruellement blessés. Juste exprimer un regret », a-t-elle écrit dans ce bref message de réponse.

À voir également sur Le HuffPost :

  

Charline Vanhoenacker revient sur la polémique Netanyahu dans « C à Vous » : « Ça nous a beaucoup ébranlés »

France Inter : après la convocation de Guillaume Meurice, la rédaction dénonce « un virage éditorial »