Guerre en Ukraine : en Russie, Belgorod devient une « zone d’opération antiterroriste »

Le gouverneur de la région russe de Belgorod Vyacheslav Gladkov, le 24 janvier 2023
Le gouverneur de la région russe de Belgorod Vyacheslav Gladkov, le 24 janvier 2023

RUSSIE - Plusieurs attaques de drones ont visé dans la nuit du lundi 22 au mardi 23 mai la région russe de Belgorod, à la frontière ukrainienne, où les forces de sécurité de Moscou ont répondu à une incursion armée de combattants venus d’Ukraine.

Ces attaques de drones n’ont pas fait de victimes, a déclaré sur Telegram le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov. Selon lui, « deux maisons ont été attaquées par des drones à Graïvoron », chef-lieu du district du même nom, et deux autres attaques de drone ont visé le village de Borissovka, touchant un bâtiment administratif et une maison.

La région de Belgorod, et plus particulièrement le district de Graïvoron, a été la cible lundi d’une incursion de combattants armés venant d’Ukraine, qui a fait au moins huit blessés. La Russie a décrété un régime « antiterroriste » et évacué les civils pour tenter de repousser cette nouvelle attaque sur son sol.

À la mi-journée, Moscou qui a ouvert une enquête pour « acte terroriste », a affirmé avoir « écrasé » avec son aviation et son artillerie le groupe qui aait attaqué la veille. Les formations nationalistes ont été « bloquées et écrasées », a dit le ministère russe dans un communiqué, désignant ainsi les combattants venus d’Ukraine lors de cette incursion.

« Le reste des nationalistes ont été repoussés sur le territoire de l’Ukraine, où les frappes (...) se sont poursuivies jusqu’à leur élimination totale », a encore indiqué le ministère, affirmant avoir tué « plus de 70 terroristes ukrainiens ».

« Zone d’opération antiterroriste »

Si d’autres attaques de ce type ont eu lieu ces dernières semaines dans cette région frontalière, c’est la première à avoir pris une telle ampleur, avec plusieurs villages touchés par des obus. Cette offensive illustre aussi la perméabilité de la frontière russe.

Et la réaction des autorités russes a également constitué une première depuis le début de l’offensive en Ukraine en février 2022 : le FSB (services de sécurité russes) a introduit lundi après-midi le « régime légal de zone d’opération antiterroriste » dans la région. Les autorités disposent ainsi de pouvoirs accrus pour mener des opérations armées, contrôler les civils ou encore évacuer les populations. Ce régime avait été utilisé en Tchétchénie de 1999 à 2009.

Lundi après-midi, les autorités russes avaient fait état de l’« entrée d’un groupe de sabotage et de reconnaissance de l’armée ukrainienne dans le district de Graïvoron ». L’Ukraine a démenti avoir organisé l’incursion armée en cours dans la région de Belgorod.

L’opération a été revendiquée sur une chaîne Telegram qui se présente comme appartenant à la « Légion Liberté pour la Russie », un groupe de Russes combattant côté ukrainien, qui avait déjà assuré être à l’origine d’incursions précédentes dans la même région.

« Ratissage »

Mardi, « l’opération de ratissage menée par le ministère de la Défense et les forces de l’ordre se poursuit » dans le district de Graïvoron, a précisé le gouverneur Viatcheslav Gladkov, appelant les habitants évacués à ne pas revenir pour l’instant dans leurs maisons.

La veille, il avait expliqué qu’« une grande partie de la population a quitté le territoire concerné » et que « les forces armées russes, aux côtés des garde-frontières, de la Garde nationale et des services de sécurité prennent toutes les mesures nécessaires pour éliminer l’ennemi ».

Alors que se profile une vaste contre-offensive ukrainienne, le territoire russe a été ces derniers mois et semaines la cible d’un nombre croissant de sabotages, d’attentats et d’attaques de drones imputés à Kiev, mais jamais revendiqué par l’Ukraine qui préfère évoquer la piste de partisans russes.

Le président russe Vladimir Poutine a été informé, a déclaré aux journalistes son porte-parole Dmitri Peskov, qui a estimé qu’il s’agissait d’une tentative de Kiev de « détourner l’attention » de la chute de Bakhmout.

Les forces russes ont revendiqué ce week-end la capture de cette ville dévastée de l’Est de l’Ukraine, théâtre de la bataille la plus longue et la plus meurtrière du conflit.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a démenti la perte de Bakhmout et son armée dit tenir encore une petite zone, tout en continuant une percée sur les flancs russes au nord et au sud de la ville. « La bataille pour la ville de Bakhmout continue », a déclaré mardi l’état-major de l’armée ukrainienne.

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