Guerre en Ukraine : les Russes quittent Kherson, les Ukrainiens craignent un piège

Les soldats russes sont devenus introuvables dans cette ville conquise dès le début de la guerre. Selon Kiev, c’est une ruse de Moscou pour attirer l’armée ukrainienne.
GUERRE EN UKRAINE - Que se passe-t-il à Kherson ? Les soldats de Vladimir Poutine ont disparu, le drapeau russe a été retiré des bâtiments administratifs... La ville ukrainienne de la province du même nom, annexée par Moscou lors des référendums d’adhésion contestés en septembre, semble avoir été laissée à l’abandon par l’armée du Kremlin. Mais les Ukrainiens craignent un piège.
Quelque chose a subitement changé à la mi-octobre. « Moins de véhicules médicaux traversaient le pont » marquant la démarcation avec les territoires contrôlés par la Russie, a expliqué à l’AFP un combattant ukrainien nommé « Gres », policier à la retraite aujourd’hui soldat. « Il s’est passé quelque chose ».
The Russian flag has been removed from Kherson’s city council. https://t.co/D5g0mcvgKI
— KyivPost (@KyivPost)
Même constat pour le journaliste Jimmy Ruhston. « Quelque chose de très intéressant se passe dans la ville de Kherson, où les drapeaux russes aux postes de contrôle (...) ont disparu. Autrefois tenus par les troupes russes, ils sont désormais abandonnés », décrit-il sur Twitter jeudi 3 novembre.
« Une provocation », selon l’armée ukrainienne
Dans un deuxième message, il partage la vidéo d’habitants de la ville qui se réjouissent de pouvoir passer un check-point désormais déserté par les soldats russes. « Il n’y a plus de blindés, tous les lieux de passages contrôlés par les Russes ont disparu », confirme sur CNN un habitant de la ville. Le spécialiste de l’histoire militaire Cédric Mas ajoute sur Twitter que l’armée aurait évacué tout son matériel lourd.
Ukrainian civilians in Kherson riding on a bus film a checkpoint previously occupied by Russian troops and cheer wh… https://t.co/2hUP757Kg1
— Jimmy Rushton (@JimmySecUK)
#Ukraine Update (1) #Kherson Récapitulons, depuis plusieurs jours les RUS ont évacué leur matériel lourd. Et fortif… https://t.co/R6qLUKI5e5
— cedric mas (@CedricMas)
Dans une interview, le chef de la région, envoyé par Moscou, Kirill Stremousov, a corroboré ces observations. « Les troupes russes tiennent la ville pour l’instant. Mais nous allons probablement partir pour la rive Est » du Dniepr, a-t-il affirmé jeudi. Une preuve supplémentaire de ce qui semble être le départ des Russes de Kherson, cité construite sur la rive ouest du fleuve et occupée depuis début mars par l’envahisseur.
Pourtant, Natalia Houmeniouk, porte-parole de l’armée ukrainienne, est loin de se réjoindre. Elle a même récemment fait part de son inquiétude : « Il pourrait s’agir d’une provocation afin de créer l’impression que ces endroits sont abandonnés, qu’on peut y pénétrer en sécurité, alors qu’ils (les Russes) se préparent à des batailles de rue. » Des soldats étrangers en civil paraderaient d’ailleurs toujours dans la ville, prévient-elle.
Kherson, une ville stratégique
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a également partagé son scepticisme dans un entretien au quotidien italien Corriere della Serra dès le 25 octobre. « Je ne vois pas les Russes partir, ils le prétendent, ce sont des retraits stratégiques. En réalité, ils ne sont pas prêts à quitter la région, même s’ils risquent d’être encerclés par nos troupes », a-t-il déclaré.
Peu d’informations vérifiées circulent et il reste très difficile de savoir ce qu’il se passe réellement. La Russie lâche-t-elle Kherson ? Est-ce un retrait pour attirer l’armée ukrainienne, l’encercler et l’empêcher de fuir avec l’obstacle naturel que constitue le Dniepr ? Seuls les prochains jours et les prochaines semaines éclairciront la situation.
Kherson est un piège militaire, mais la ville revêt aussi un énorme symbole politique. Prise par les Russes au début de la guerre, elle permet à Moscou d’avoir un lien terrestre avec la péninsule de Crimée, annexée en 2014. Sa perte pourrait ouvrir à l’Ukraine la voie vers la mer d’Azov, très stratégique sur le plan commercial, et menacer la mainmise de Moscou sur la Crimée.
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