Guerre en Ukraine: les munitions à uranium appauvri, bonus ou tournant du conflit?

En visite à Kiev, le secrétaire d'État américain a annoncé l'envoi de munitions anti-chars contenant de l'uranium appauvri à l'Ukraine. Des armes adaptées à la situation actuelle sur le front.

Un outil ou une révolution ? Les États-Unis ont annoncé mercredi leur volonté de livrer de nouvelles armes à l'Ukraine pour soutenir l'effort de contre-offensive. Comme l'a détaillé le secrétaire d'État américain Antony Blinken en déplacement à Kiev, une nouvelle enveloppe d'un milliard a été déboursée.

Dans celle-ci, une nouveauté. Les États-Unis vont fournir à l'Ukraine des munitions anti-chars contenant de l'uranium appauvri. La caractéristique principale de ces obus : "ils peuvent pénétrer tous les blindages existants", comme l'explique à BFMTV.com le Général et consultant Jérôme Pellistrandi.

Ces munitions de 120 mm sont fabriquées à partir d'uranium appauvri, un matériau incapable de générer une réaction nucléaire mais extrêmement dense, plus encore que le plomb par exemple. Ce qui explique son utilisation adaptée contre les blindés.

Par ailleurs, ces armes, qui ne sont pas interdites, restent controversées puisqu'elles peuvent se disperser à la manière d'un aérosol à l'impact, laissant des résidus. Le risque sanitaire qui en découle est en zone grise.

Jérôme Pellistrandi insiste par ailleurs sur le fait que ces munitions ont "uniquement pour cible les blindés", "tirer avec sur un bâtiment n'aurait aucun intérêt".

Un outil de circonstances

La mise à disposition de ces nouvelles munitions par les États-Unis s'inscrit dans un processus plus long. En vérité, elles vont de pair avec les chars d'assaut Abrams qui seront livrés dans les prochaines semaines.

"Ces munitions ne vont pas révolutionner la guerre. Elles permettront d'exploiter tout le potentiel du char. Sachant qu'il n'y a que 31 véhicules qui seront livrés, il ne faut pas s'attendre à un changement majeur, plutôt à une plus-value", contextualise le général.

Cette nouvelle addition à l'arsenal ukrainien est d'autant plus importante que la nature du conflit a changé. Kiev arrache kilomètre après kilomètre dans sa contre-offensive. Sur le front, deux armées puissantes s'affrontent, blindés contre blindés.

Un jeu auquel les forces ukrainiennes restent cependant à la traîne. Si la Russie souffre de nombreuses pertes matérielles, son nombre de chars est bien plus important. Même si Moscou a dû remettre au front "les chars T-55, comme 1955".

"La proportion de chars soviétiques perdus par l'armée russe reste supérieure à 60% pour le 6ème mois consécutif. On remarquera la part élevée des chars capturés dans ces pertes", note sur X (ex-Twitter) le consultant Xavier Tytelman. Des pertes qui pourraient s'accentuer avec ce nouvel outil.

Ce jeudi, le Kremlin a fustigé l'annonce américaine, précisant que l'utilisation de ces armes par le passé a "entraîné une hausse effrénée" de cancers et c'est donc une "très mauvaise nouvelle" dont la "responsabilité incombera aux États-Unis".

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Les États-Unis vont fournir à Kyiv des munitions controversées à uranium appauvri