Guerre en Ukraine: comment la milice russe Wagner monte en puissance sur le front

Une prise de poids. Après de violents combats ces derniers jours, le groupe de mercenaires russe Wagner a revendiqué ce mercredi le contrôle de la ville de Soledar, dans l'est de l'Ukraine, une affirmation aussitôt contestée par Kiev.

"Les unités de Wagner ont pris le contrôle du territoire entier de Soledar", a déclaré le leader du groupe, Evgueni Prigojine. Photographié dans la foulée avec des combattants armés, il a affirmé que le cliché avait été pris dans les mines de sel de la ville - une information qui n'est pas vérifiable en l'état.

L'importance croissante de Wagner

Sur bien des aspects, la prise de cette localité située à mi-chemin entre Lyssytchansk et Donetsk revêt une importance symbolique forte. Cette avancée, si elle est confirmée, permettrait à Moscou de brandir enfin une victoire militaire après plusieurs revers humiliants depuis septembre dernier, et au chef du groupe Wagner, Evgueni Prigojine, de renforcer son influence croissante sur la scène politique russe.

"Je tiens à souligner une fois de plus que personne, à l'exception de Wagner, n'a participé à la tempête de Soledar", a-t-il martelé.

Au fil de ces dernières semaines, Evgueni Prigojine n'a eu de cesse de mettre en avant les exploits de ses hommes, malgré des victoires militaires encore limitées pour l'heure. "Nous avons vu récemment que Wagner avance à une allure plus rapide que les autres unités de l'armée russe", a commenté vendredi une responsable du ministère américain de la Défense.

Il faut dire que les rangs de Wagner s'étoffent au fil du conflit. Dernièrement, Prigojine en personne est allé recrutement de nouveaux mercenaires directement dans les prisons russes, proposant de rejoindre les rangs de l'armée pour six mois, en échange de leur liberté. Des enrôlements facilités par un assouplissement de la loi russe sur l'appel des réservistes directement révisée pas Vladimir Poutine.

De fait, le Guardian précise qu'à date, et selon les estimations d'un responsable du renseignement occidental resté anonyme, le groupe Wagner représente désormais au moins un quart des combattants russes mobilisés sur le front ukrainien.

L'administration comme cible

Au-delà du simple aspect militaire, Evgueni Prigojine avance également ses pions dans le cadre des guerres intestines qui gangrènent les arcanes du pouvoir russe en marge du conflit ukrainien. Comme le rappelle CNN, à plusieurs reprises, celui-ci s'est directement moqué de l'état-major de l'armée russe qu'il qualifie de corrompue et d'incompétente.

Parmi ses principales cibles, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou avec qui il serait, selon le média américain, brouillé de longue date. Des désaccords encore plus exacerbés depuis la déroute de Kherson, que le leader de Wagner impute directement au commandement militaire.

"Une fois que nous aurons vaincu notre bureaucratie interne et la corruption, alors nous vaincrons les Ukrainiens et l'Otan. Le problème est que les bureaucrates et ceux qui se livrent à la corruption ne nous écoutent plus parce que pour le Nouvel An, ils boivent tous du champagne", avait-il lancé en guise de vœux.

Une nouvelle fois, Prigojine n'hésite d'ailleurs pas sur ses différents à s'accaparer personnellement les avancées de l'armée russe dans l'est du pays.

"J'ai créé et je gère Wagner. Par conséquent, la responsabilité de tout succès ou échec m'incombe", a-t-il lancé, arguant que lui est au front tandis que Choïgou reste dans ses bureaux moscovites.

Sur la scène internationale, les motivations de Wagner ne sont pas non plus cachées. Dès ses premiers mois de création en 2014, la présence de ses mercenaires a été signalée en Syrie, où ils ont été accusés de graves exactions. Plus récemment, Wagner a semble-t-il pris l'Afrique comme cible.

Article original publié sur BFMTV.com