Guerre en Ukraine: la lassitude gagne-t-elle les deux camps, un an après le début du conflit?

Le découragement est-il en train de l'emporter? Un an après le début du conflit opposant Kiev et Moscou, des responsables et soldats des deux camps évoquent publiquement leurs difficultés. Des déclarations qui laissent apparaître une forme d'abattement, alors que le chef de la diplomatie ukrainienne assurait récemment avoir "vaincu la terreur hivernale". La fin de la guerre s'annonce cependant encore lointaine.

"Une des batailles les plus difficiles" pour l'Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confié ce dimanche dans son adresse vidéo quotidienne les difficultés rencontrées par ses troupes dans le Donbass, évoquant "une des batailles les plus difficiles" depuis le début du conflit.

Une bataille "douloureuse et difficile" pour prendre le contrôle de Bakhmout, souligne-t-il encore.

Dans sa déclaration, le chef de l'État salue aussi les efforts de ses soldats et rend hommage à leur "résilience", alors que le conflit dure et que les troupes ukrainiennes sont en difficulté à Bakhmout. La ville, devenue symbole de l'enlisement de la guerre en Ukraine, est en effet sur le point d'être totalement encerclée par l'armée russe.

"On attend des renforts, mais ils n'arrivent pas"

Au point que certains soldats ukrainiens sur place ne cachent plus le désenchantement qui les gagne. Cinq d'entre eux se confient, anonymement, au Kyiv Independant dans un article publié dimanche.

"C'est difficile. Les vagues sont constantes, non-stop", témoigne Oleksandr, membre d'un régiment d'infanterie.

Face à la répétition des assauts russes, les troupes ont parfois l'impression de ne servir que de chair à canon et déplorent un soutien insuffisant de la part du commandement. Des soldats ukrainiens peuvent se faire tirer dessus pendant "trois heures. On attend des renforts, mais ils n'arrivent pas", affirme Serhiy.

Certains hommes dénoncent également un manque de munitions et un équipement daté des années 1938-1943 et donc inadapté.

Le groupe russe Wagner parle de "trahison"

Côté russe, l'agacement gagne aussi du terrain. Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, dont les hommes combattent en première ligne dans l'est de l'Ukraine, a une nouvelle fois déploré publiquement manquer de munitions.

"Des ordres ont été donnés pour la livraison le 23 février. Mais à ce jour, la plupart des munitions n'ont pas été envoyées", a souligné Evguéni Prigojine, n'hésitant pas à parler d'une possible "trahison", dans un message publié dimanche soir sur les réseaux sociaux.

Cette déclaration n'est pas la première du genre pour le chef de Wagner. En février dernier, ce proche de Vladimir Poutine avait déjà accusé le ministre russe de la Défense et le chef d'État-major de "trahison" en refusant de fournir des munitions à son organisation.

Des lettres de soldats russes retrouvées dans la ville libérée d'Izioum en septembre dernier avaient révélé le découragement de certains d'entre eux, entre "épuisement moral" et "absence d'aide médicale nécessaire".

Article original publié sur BFMTV.com