Guerre en Ukraine : Kiev et plusieurs villes bombardées, ce que l’on sait des attaques

Des véhicules détruits à Kiev ce lundi 10 octobre 2022, après plusieurs frappes de missiles russes ciblant le centre-ville de la capitale ukrainienne.
ARMAN SOLDIN / AFP Des véhicules détruits à Kiev ce lundi 10 octobre 2022, après plusieurs frappes de missiles russes ciblant le centre-ville de la capitale ukrainienne.

GUERRE EN UKRAINE - Les civils ukrainiens une nouvelle fois en première ligne face à la guerre et aux bombardements. Plusieurs missiles ont frappé ce lundi 10 octobre le centre de la capitale Kiev, ainsi que plusieurs autres villes ukrainiennes éloignées du front tel que Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine.

« Des morts et des blessés » sont d’ores et déjà à déplorer selon le président Volodymyr Zelensky qui a également demandé à la population de Kiev et des autres villes bombardées de rester à l’abri. Selon un premier bilan de la police ukrainienne, cinq morts et douze blessés sont à déplorer dans les différents bombardements ayant touché Kiev. D’autres bilans rapportés par la presse britannique indiquent huit civils tués et 24 blessés.

Cette nouvelle salve de bombardements sur la capitale (la première depuis juin) et seulement deux jours après l’explosion du pont de Crimée, sonne comme une nouvelle riposte de la Russie, en pleine déroute militaire sur le front ukrainien. Voici ce que l’on sait de ces nouvelles d’attaques d’une ampleur inégalée depuis de nombreuses semaines.

Kiev de nouveau sous les bombes

Relativement préservée de la réalité du conflit depuis le 26 juin dernier, la capitale ukrainienne s’est une nouvelle fois réveillée au son des sirènes et des dénotations ce lundi matin. Une aire de jeux pour enfants et un pont piéton particulièrement fréquentés font partie des zones visées par ces nouvelles attaques attribuées à la Russie, selon le gouvernement ukrainien.

« La matinée est difficile. Nous avons affaire à des terroristes […]. Ils ont deux cibles. Les installations énergétiques. La deuxième cible, ce sont les gens. L’heure et ces cibles ont été spécialement choisies pour causer le plus de dégâts possible. Restez dans les refuges aujourd’hui », a déclaré le président ukrainien après les frappes matinales sur Kiev. « Ils veulent la panique et le chaos, ils veulent détruire notre système énergétique », a martelé Volodymyr Zelensky.

Selon les correspondants de presse étrangers présents à Kiev, une dizaine de missiles ont été observés dans le ciel, ainsi qu’une demi-douzaine de fortes détonations en l’espace d’une heure et demie. Volodymyr Zelensky a d’ailleurs déclaré que la Russie utilisait des « drones de combats » iraniens pour frapper l’ensemble de l’Ukraine.

En tout, ce sont 75 missiles qui auraient été tirés sur l’Ukraine ce lundi matin. 41 auraient été neutralisés par la défense aérienne ukrainienne, d’après les informations communiquées sur Telegram par Valeriï Zaloujniï, le commandant en chef ukrainien. Mais le bilan évolue constamment. Sur LCI, Yuri Sak, conseiller du ministre ukrainien de la Défense évoque en fin de matinée 83 missiles russes tirés dont 43 abattus.

En plus de Kiev, des frappes ont notamment été rapportées à Lviv, dans l’Ouest, très loin de la ligne de front, où des infrastructures énergétiques auraient été prises pour cible. D’autres frappes ont également eu lieu à Dnipro (centre) ou à Zaporijjia (Sud).

Une riposte brutale du Kremlin ?

Si Vladimir Poutine doit tenir ce lundi un conseil de sécurité en réaction à l’explosion ayant partiellement détruit samedi le pont de Crimée, reliant la Russie et la péninsule annexée depuis 2014, peu de doute subsistent encore sur l’origine de ces nouveaux bombardements tant les deux événements semblent liés.

En frappant des zones civiles un lundi matin à une heure de pointe, Moscou semble vouloir répondre par la terreur après le nouveau revers qualifié d’« acte terroriste » par Moscou samedi concernant le pont de Kertch. D’ailleurs, le Guardian se fait l’écho de propos d’un blogueur militaire russe baptisé « Colonelcassad » aux quelque 800 000 abonnés sur Telegram qui s’est réjoui de ces nouvelles frappes sur la capitale d’Ukraine : « C’était une bonne matinée à Kiev. »

Un autre blogueur militaire (équivalent d’un correspondant de guerre pour la Russie) souligne le changement de commandement militaire russe acté depuis samedi pour mener la force d’invasion : « Regardez à quel point Kiev s’est améliorée sous Sergei Surovikin », auparavant commandant des opérations russes en Syrie et surnommé par ses pairs le « général Armageddon ».

Un changement de commandant général des forces russes engagées en Ukraine qui pourrait en partie expliquer cette attaque d’ampleur, dans un contexte militaire de plus en plus désavantageux pour Moscou et son armée. À cette heure, la Russie n’a toujours pas commenté de manière officielle ces attaques.

Coupures d’eau et d’électricité

Si Kiev s’est réveillée sous les bombes, la ville de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, connaît d’importantes coupures d’électricité et d’eau chaude suite aux bombardements subis ce lundi matin. Alors que Lviv et sa région avaient été largement épargnées par les combats avec l’armée russe jusqu’alors, « des frappes sur les infrastructures énergétiques de la région de Lviv ont été enregistrées », indique sur Telegram Maxime Kozitskiï, gouverneur de la région.

Dans le reste de l’Ukraine, où des bombes se sont abattues dans les régions de Khmelnytskiï, Lviv, Dnipro, Vinnitsia, Zaporijjia, Soumi, Kharkiv ou encore de Jytomyr, l’étendue des dégâts est encore incertaine. En fin de matinée, le Premier ministre ukrainien Denys Shmyhal a estimé que onze infrastructures dans huit régions et dans la capitale de Kiev ont été endommagées par les frappes russes. « À 11h, 11 infrastructures importantes dans huit régions et la ville de Kiev ont été endommagées », rapporte l’agence Reuters, d’après des propos du Premier Ministre ukrainien sur Telegram.

« L’ennemi lance des frappes de missiles sur Kharkiv et l’infrastructure critique de la région de Kharkiv. Des objets ont été endommagés. L’électricité et l’approvisionnement en eau peuvent être indisponibles pendant un certain temps », rapporte pour sa part Oleh Synyehubov, le gouverneur de Kharkiv.

Plus tôt, dans la nuit de dimanche à lundi, la ville de Zaporijjia a également été le théâtre de plusieurs bombardements, pour la troisième nuit d’affilée. Après ces différentes attaques venues du ciel, le ministre moldave des Affaires étrangères Nico Pupescu a fustigé la Russie, coupable selon lui d’avoir tiré « trois missiles de croisière lancés ce matin sur l’Ukraine par des navires russes en mer Noire » qui ’ont traversé l’espace aérien moldave’

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