Guerre en Ukraine : des internautes utilisent Google Maps pour informer les Russes sur le conflit

Afin d’informer les citoyens russes sur ce qui se passe vraiment en Ukraine, le collectif de hackers Anonymous a appelé les internautes à se servir de Google Maps.

RUSSIE - Tous les moyens sont bons pour contourner la censure. Depuis six jours qu’a débuté l’invasion russe en Ukraine, tous les regards sont tournés vers l’Est et scrutent l’évolution de la situation. Tous, sauf les Russes, qui sont eux-mêmes victimes de la censure du Kremlin et ne savent pas réellement ce qui se passe. Afin d’informer les citoyens russes sur ce que subit l’Ukraine, le collectif de hackers Anonymous a appelé les internautes à se servir de Google Maps. Comment? En postant des avis sur les commerces russes.

L’initiative est partie d’un internaute qui a interpellé le collectif, appelant à publier des avis afin “d’informer la population russe” sur la guerre en Ukraine. Lundi 28 février, Anonymous, qui a déjà déclaré une “cyberguerre” contre le Kremlin, a relayé la publication sur Twitter pour lui donner de la visibilité. Le but est donc simple: sélectionner un commerce en Russie, laisser un avis et donner dans la foulée des informations sur le conflit.

“Impliquez-vous: trouvez un magasin/café/restaurant au hasard en Russie dans une grande ville sur Google Maps et écrivez dans l’avis ce qui se passe réellement en Ukraine. Merci de diffuser l’idée”, écrit l’internaute. “Bonne idée. Tous ceux qui voient ce tweet, faites-le. Faisons passer le mot”, relance Anonymous.

“L’armée russe tue des civils ukrainiens. Russie, réveille-toi!”

Et l’appel a bien été entendu. Sur Google Maps, les commentaires de soutien à l’Ukraine se sont multipliés dans les avis liés aux commerces russes. “La nourriture était excellente! Malheureusement, Poutine nous a coupé l’appétit en envahissant l’Ukraine. Tenez tête à votre dictateur, arrêtez de tuer des innocents! Votre gouvernement vous ment. Levez-vous!” peut-on notamment lire. “L’homme qui prétend être le maître de la Russie a déclaré la guerre à l’Ukraine indépendante. Depuis le début de la guerre, l’armée russe tue des civils ukrainiens. Russie, réveille-toi!”, est-il écrit dans les avis de l’un des Burger King de Moscou. Ou encore: “Arrêtez la guerre en Ukraine” écrit un internaute dans la fiche de l’un des McDonalds de la capitale.

Selon plusieurs médias, dont BFMTV, les commentaires étaient légion il y a quelques heures, mais ce mardi en milieu de soirée, ils semblaient plus difficiles à trouver, indiquant que la plupart ont dû être supprimés.

D’autres internautes encore ont utilisé ce service pour faire parvenir des photos du conflit jusqu’aux Russes en les téléchargeant dans les galeries photos des monuments du pays. Selon Vice, on peut voir des clichés de civils blessés, de soldats russes capturés en Ukraine en cliquant sur les aperçus des galeries photo des emplacements populaires moscovites. Une fois encore, les exemples de photos donnés par Vice et illustrés par capture d’écran, ne sont plus visibles sur Google Maps ce mardi soir.

L’implacable censure de Moscou

Autant de ruses pour contourner la censure de Vladimir Poutine et de son Roskomnadzor, le service de régulation des médias. Ce dernier a bloqué ou limité l’accès à la couverture médiatique étrangère de la guerre en Ukraine, y compris Facebook et Twitter. Ainsi a été donné l’ordre aux médias nationaux d’effacer toutes les allusions aux civils tués par les forces russes, blacklistant également les termes “invasion”, “offensive” et “déclaration de guerre”.

“Nous soulignons que seules les sources officielles russes disposent d’informations actuelles et fiables”, a indiqué Roskomnadzor dans un communiqué, alors qu’officiellement Moscou appelle son intervention en Ukraine une “opération militaire spéciale” destinée au “maintien de la paix”.

Encore ce mardi, Vladimir Poutine a annoncé avoir bloqué l’accès à une chaîne de télévision en ligne Dojd et une radio Echo de Moscou, toutes deux indépendantes et de renom, au moment où elles s’efforcent de renforcer leur contrôle sur l’information en pleine invasion de l’Ukraine.

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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