Guerre en Ukraine : ces habitantes de Lviv souhaitent la paix en 2024, même si « ça ne sert à rien d’espérer » avec Poutine

De l’Ukraine à Israël, de Gaza à la Russie en passant par l’Arménie, « Le HuffPost » donne la parole à des citoyens directement touchés par la guerre. Ils formulent leurs vœux de paix pour 2024.

INTERNATIONAL - Le 24 février 2022, Vladimir Poutine enclenchait le début de son « opération militaire spéciale » en Ukraine. En d’autres mots, le début de l’invasion et de la guerre. Près deux ans plus tard, le conflit armé se poursuit aux portes de l’Europe et continue d’avoir un impact démesuré sur l’Ukraine et ses habitants.

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Parmi eux, on compte Kataryna et Valentina. La vie de ces deux Ukrainiennes a été bouleversée à jamais par la guerre. Elles ne se connaissent pas mais habitent la même ville, Lviv. Une commune de l’ouest de l’Ukraine où de nombreux habitants ont progressivement trouvé refuge, loin du front et des bombes russes.

Une invasion soudaine et imprévisible

Pour l’une comme pour l’autre, le souvenir du premier jour de l’invasion russe est encore frais. Avant ce jour fatidique, Kataryna, 35 ans, vivait à Sloviansk, une ville située à l’est du pays, dans la région de Donetsk. Prévoyante, mais surtout consciente de l’« esprit de guerre » qui planait dans l’atmosphère depuis janvier 2022, elle avait déjà fait son plein d'essence et retiré l’intégralité de l’argent sur son compte en banque.

« Vers 5h du matin, j’ai appelé mon mari et lui ai dit : “La Russie nous a attaqués.” Il ne m’a pas crue », se souvient-elle pour Le HuffPost. « Mon fils dormait. J’ai allumé la torche de mon téléphone et j’ai commencé à emballer nos affaires. »

Un niveau de préparation que n’avait pas Valentina, bientôt 90 ans. Alors qu’elle passe du temps en famille, avec ses frères, la Russie attaque. « C’était soudain, imprévisible, personne ne s’attendait à ce que Poutine joigne l’acte à la parole », se souvient-elle. Les semaines passent et la nonagénaire a toujours du mal à croire à la réalité de cette guerre. « J’avais l’impression d’assister à un film d’horreur au cinéma. Donc je n’avais pas peur, je me suis dit que Poutine cesserait de jouer à un moment », glisse celle dont une partie de la famille vit toujours en Russie.

Une journée « ne commence pas par un café »

Un mois après le début de l’offensive russe, Alex, petit-fils de Valentina qui vit en France, est très inquiet. Il saute alors dans un convoi humanitaire en direction de la frontière Pologne-Ukraine avec une idée en tête : récupérer sa grand-mère. L’occasion d’une parenthèse française qui durera six mois pour la nonagénaire.

Un quotidien loin de la terreur russe que n’a pas eu la chance de connaître Kataryna. Pour elle, une journée « ne commence pas par un café, mais par les news » : quelle ville a été bombardée cette nuit ? Y a-t-il dans cette ville des proches que je dois appeler ? Autant de questions qui hantent désormais son quotidien. Un quotidien diamétralement opposé à la « vie merveilleuse, calme et bien établie » qu’elle avait avant la guerre.

Désormais habituée aux sirènes d’alerte, la mère de famille, qui vit depuis presque deux ans dans un appartement loué à Lviv, ne supporte plus « la musique forte et les conversations bruyantes » et se déplace constamment avec un téléphone chargé et de l’argent liquide. « Au cas où les centrales électriques seraient à nouveau bombardées », précise-t-elle.

Revenue en Ukraine après six mois dans l’Hexagone, Valentina a retrouvé son pays natal où elle vit avec l’une de ses filles. Mais Lviv a bien changé, comme le confie son petit-fils : « C’est le paradoxe de cette ville : les gens de l’Est viennent s’y réfugier, alors le prix de l’immobilier grimpe et les infrastructures se développent ».

Maintenant « habituée », Valentina assure « vivre normalement au rythme des alertes aériennes ». Une habitude qui ne lui fait « plus peur » aujourd’hui.

« Guerre sans fin »

Aujourd’hui, les perspectives d’un avenir meilleur sont maigres, selon ces Ukrainiennes. Pour Valentina, cette « guerre sans fin » ne prendra pas fin en 2024. Il faut dire que l’influence de Vladimir Poutine n’est pas près de diminuer. « Il restera encore longtemps au pouvoir, ça ne sert à rien d’espérer la paix maintenant », tranche-t-elle.

Une vision un peu moins optimiste que celle de Kataryna, qui garde l’espoir que la « guerre se termine aussi rapidement et de manière aussi inattendue qu’elle a commencé ». Et si la paix revient ? Valentina se rendra dès qu’elle le pourra « à Saint-Pétersbourg pour voir (s)a famille ». Car sa sœur et « beaucoup de petits-enfants » vivent en Russie.

Pour Kataryna, le premier objectif serait de retrouver sa ville de Sloviansk. Employée de l’ONG CARE depuis mars 2023, elle aimerait y ouvrir « un nouveau bureau régional pour être plus proches des territoires libérés » et développer des « projets de réhabilitation et de développement ».

Pour conclure, Kataryna souhaite livrer quelques pensées personnelles sur l’état actuel de son pays, à la fois « vaste et diversifié ». « Les habitants de l’est de l’Ukraine peuvent avoir des coutumes et des habitudes différentes de celles de l’ouest de l’Ukraine. Nous devons l’accepter et le retourner contre l’ennemi (...) Nous devons accepter que la diversité n’est pas une mauvaise chose » Ce n’est qu’après cette prise de conscience que l’Ukraine et ses habitants deviendront « encore plus forts ».

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