Guerre en Ukraine : la Chine présente un plan décrié par les Occidentaux

(FILES) In this file photo taken on October 23, 2022 China's President Xi Jinping stands with other new members of the Communist Party of China's Politburo Standing Committee as they meet the media in the Great Hall of the People in Beijing. - Beijing lashed out on February 20, 2023 against US claims that China was considering sending arms to Russia to assist in its war in Ukraine. (Photo by Noel CELIS / AFP)

UKRAINE - La Chine a-t-elle les clés d’une solution de paix en Ukraine ? Ce vendredi 24 février, un an jour pour jour après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la diplomatie chinoise a appelé les belligérants à tenir des pourparlers de paix et présenté un document visant à proposer une « solution pacifique » au conflit. Une forme de « stratégie de sortie » largement décriée à l’international, notamment car elle a été rédigée sans prendre en compte les considérations de Kiev.

Le titre de ce document de 12 points donne le ton. Intitulé « Position de la Chine sur le règlement politique de la crise ukrainienne », ce dernier ne fait pas mention du mot « guerre », lui préférant le terme autrement plus générique de « crise ukrainienne ». Le reste du document est tout aussi évasif puisqu’il n’y est jamais question « d’agresseur » ni « d’agressé ».

Dans le détail de ce texte, la diplomatie chinoise, qui cherche depuis quelques semaines à jouer un rôle de médiateur dans ce conflit, s’oppose clairement à tout recours à l’arme nucléaire, menace régulièrement brandie par Vladimir Poutine. « L’arme nucléaire ne doit pas être utilisée et il ne faut pas se livrer à une guerre nucléaire », stipule le document. La Chine exhorte également les deux pays à « se conformer strictement au droit humanitaire international, à éviter d’attaquer des civils ou des bâtiments civils ».

Pékin y exhorte en outre les belligérants à « se conformer strictement au droit humanitaire international » en évitant « d’attaquer des civils ou des bâtiments civils ». Elle les invite aussi à respecter la souveraineté des États, Ukraine comprise, tout en appelant les Européens à prendre en compte les préoccupations de Moscou en matière de sécurité.

« Ce n’est pas un plan de paix »

En l’état, ce texte, qui n’avance pas de solution concrète pour mettre fin aux combats, n’a pas convaincu les Occidentaux.

« Ce n’est pas un plan de paix, c’est une position où la Chine réaffirme les positions exprimées depuis le début », a estimé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Afin d’être « crédible », ce document doit être « opérationnalisé » et les Chinois doivent se rendre à Kiev, juge le diplomate.

Le chef de l’Otan, Jens Stolenberg, s’est montré encore plus dur, estimant que la Chine n’avait pas « beaucoup de crédibilité » concernant l’Ukraine, notamment parce qu’elle « a signé quelques jours avant l’invasion un accord (...) sur un partenariat illimité avec la Russie ».

« Il n’y a pas de mention d’un agresseur (dans ce texte), ce qui est un peu étrange parce que c’est clair qu’il y a un agresseur », a quant à lui déploré Jorge Toledo, ambassadeur en Chine de l’Union européenne. « Notre message à la Chine », en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, « c’est qu’elle a une responsabilité particulière à assumer, pour s’assurer que les principes, les valeurs et les objectifs des Nations unies, notamment en matière de guerre et de paix, soient respectés », a-t-il poursuivi.

De son côté, Zhanna Leshchynska, l’actuelle chargée d’affaires (la principale responsable) de l’ambassade d’Ukraine en Chine, a estimé que le pays « devrait faire tout ce qui est en son pouvoir pour mettre fin à la guerre (...) et inciter la Russie à retirer ses troupes ». Et d’ajouter que « la Chine devrait parler aux deux parties, la Russie et l’Ukraine. »

Zelensky juge « nécessaire » de travailler avec la Chine

Une position partagée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui, sans rejeter formellement le document, a indiqué vendredi qu’il serait « nécessaire » pour l’Ukraine de « travailler » avec la Chine pour une résolution du conflit.

Dans ce document, « il me semble qu’il y a du respect pour notre intégrité territoriale, des choses qui concernent la sécurité. Nous devons travailler avec la Chine sur ce point », a-t-il notamment affirmé lors d’une conférence de presse.

Il a par ailleurs indiqué qu’il prévoyait une rencontre avec le président chinois Xi Jinping. « Ce sera important pour la sécurité mondiale. La Chine respecte l’intégrité territoriale et doit tout faire pour que la Russie quitte le territoire de l’Ukraine », a-t-il déclaré.

Proche alliée de la Russie, la Chine n’a jamais appuyé ni critiqué publiquement l’offensive russe en Ukraine, tout en exprimant plusieurs fois son soutien à Moscou face aux sanctions occidentales. Malgré cette absence de soutien à sa cause, le chef d’État ukrainien a jugé « positif » le fait que Pékin « commence à parler de l’Ukraine et envoie certains signaux ».

De son côté, Moscou a dit vendredi « apprécier » les efforts chinois pour mettre fin au conflit et indiqué partager « les considérations de Pékin ». Le ministère russe des Affaires étrangères a par la même occasion lancé une pique à Kiev, estimant que l’Ukraine devait « reconnaître les nouvelles réalités territoriales » qui sont les siennes.

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