Guerre en Ukraine : la Chine présente un plan décrié par les Occidentaux
UKRAINE - La Chine a-t-elle les clés d’une solution de paix en Ukraine ? Ce vendredi 24 février, un an jour pour jour après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la diplomatie chinoise a appelé les belligérants à tenir des pourparlers de paix et présenté un document visant à proposer une « solution pacifique » au conflit. Une forme de « stratégie de sortie » largement décriée à l’international, notamment car elle a été rédigée sans prendre en compte les considérations de Kiev.
Le titre de ce document de 12 points donne le ton. Intitulé « Position de la Chine sur le règlement politique de la crise ukrainienne », ce dernier ne fait pas mention du mot « guerre », lui préférant le terme autrement plus générique de « crise ukrainienne ». Le reste du document est tout aussi évasif puisqu’il n’y est jamais question « d’agresseur » ni « d’agressé ».
Dans le détail de ce texte, la diplomatie chinoise, qui cherche depuis quelques semaines à jouer un rôle de médiateur dans ce conflit, s’oppose clairement à tout recours à l’arme nucléaire, menace régulièrement brandie par Vladimir Poutine. « L’arme nucléaire ne doit pas être utilisée et il ne faut pas se livrer à une guerre nucléaire », stipule le document. La Chine exhorte également les deux pays à « se conformer strictement au droit humanitaire international, à éviter d’attaquer des civils ou des bâtiments civils ».
Pékin y exhorte en outre les belligérants à « se conformer strictement au droit humanitaire international » en évitant « d’attaquer des civils ou des bâtiments civils ». Elle les invite aussi à respecter la souveraineté des États, Ukraine comprise, tout en appelant les Européens à prendre en compte les préoccupations de Moscou en matière de sécurité.
« Ce n’est pas un plan de paix »
En l’état, ce texte, qui n’avance pas de solution concrète pour mettre fin aux combats, n’a pas convaincu les Occidentaux.
« Ce n’est pas un plan de paix, c’est une position où la Chine réaffirme les positions exprimées depuis le début », a estimé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Afin d’être « crédible », ce document doit être « opérationnalisé » et les Chinois doivent se rendre à Kiev, juge le diplomate.
Le chef de l’Otan, Jens Stolenberg, s’est montré encore plus dur, estimant que la Chine n’avait pas « beaucoup de crédibilité » concernant l’Ukraine, notamment parce qu’elle « a signé quelques jours avant l’invasion un accord (...) sur un partenariat illimité avec la Russie ».
« Il n’y a pas de mention d’un agresseur (dans ce texte), ce qui est un peu étrange parce que c’est clair qu’il y a un agresseur », a quant à lui déploré Jorge Toledo, ambassadeur en Chine de l’Union européenne. « Notre message à la Chine », en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, « c’est qu’elle a une responsabilité particulière à assumer, pour s’assurer que les principes, les valeurs et les objectifs des Nations unies, notamment en matière de guerre et de paix, soient respectés », a-t-il poursuivi.
De son côté, Zhanna Leshchynska, l’actuelle chargée d’affaires (la principale responsable) de l’ambassade d’Ukraine en Chine, a estimé que le pays « devrait faire tout ce qui est en son pouvoir pour mettre fin à la guerre (...) et inciter la Russie à retirer ses troupes ». Et d’ajouter que « la Chine devrait parler aux deux parties, la Russie et l’Ukraine. »
Zelensky juge « nécessaire » de travailler avec la Chine
Une position partagée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui, sans rejeter formellement le document, a indiqué vendredi qu’il serait « nécessaire » pour l’Ukraine de « travailler » avec la Chine pour une résolution du conflit.
Dans ce document, « il me semble qu’il y a du respect pour notre intégrité territoriale, des choses qui concernent la sécurité. Nous devons travailler avec la Chine sur ce point », a-t-il notamment affirmé lors d’une conférence de presse.
Il a par ailleurs indiqué qu’il prévoyait une rencontre avec le président chinois Xi Jinping. « Ce sera important pour la sécurité mondiale. La Chine respecte l’intégrité territoriale et doit tout faire pour que la Russie quitte le territoire de l’Ukraine », a-t-il déclaré.
Proche alliée de la Russie, la Chine n’a jamais appuyé ni critiqué publiquement l’offensive russe en Ukraine, tout en exprimant plusieurs fois son soutien à Moscou face aux sanctions occidentales. Malgré cette absence de soutien à sa cause, le chef d’État ukrainien a jugé « positif » le fait que Pékin « commence à parler de l’Ukraine et envoie certains signaux ».
De son côté, Moscou a dit vendredi « apprécier » les efforts chinois pour mettre fin au conflit et indiqué partager « les considérations de Pékin ». Le ministère russe des Affaires étrangères a par la même occasion lancé une pique à Kiev, estimant que l’Ukraine devait « reconnaître les nouvelles réalités territoriales » qui sont les siennes.
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