Guerre en Ukraine : après la chute d’Avdiivka, pourquoi les Russes vont faire une « pause opérationnelle »

Tout indique qu’après la chute d’Avdiivka, photographiée ici le 19 février 2024, les Russes vont faire une « pause opérationnelle ».
STRINGER / AFP Tout indique qu’après la chute d’Avdiivka, photographiée ici le 19 février 2024, les Russes vont faire une « pause opérationnelle ».

UKRAINE - Une pause après quatre mois d’acharnement et une victoire. La ville ukrainienne d’Advdiivka est tombée aux mains de l’armée russe samedi 17 février, succès majeur pour le Kremlin depuis la prise de Bakhmout en mai 2023. Mais évidemment une mauvaise nouvelle de plus pour Kiev, qui tient Washington, et son absence d’aide depuis deux mois, responsable de cet échec.

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Mais depuis cette prise, l’armée russe semble s’être calmée dans la zone, selon des informations publiées mardi 20 février par l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW). Une analyse que semble confirmer un porte-parole du groupe de forces ukrainien Tavriisk. Il dit avoir observé une diminution considérable des attaques et des mouvements russes autour d’Avdiivka mardi, y compris concernant les bombardements et l’aviation. Les soldats russes ont été vus en train de se regrouper et mener des opérations de nettoyage dans la zone.

Un ralentissement des activités qui amorcerait une « pause opérationnelle », selon l’ISW. Car les derniers mois de lutte acharnés pour prendre la ville n’ont pas épuisé seulement les soldats ukrainiens.

Avdiivka a coûté cher à la Russie

En effet, Moscou a payé Avdiivka au prix fort, cette victoire coûtant la vie à des dizaines de milliers de soldats et d’énormes quantités d’équipement militaire, selon le média ukrainien Kyiv Independant.

Ainsi, avant de reprendre les opérations, le Kremlin doit faire venir des « renforts supplémentaires » dans la zone, les démobilisant des autres secteurs du front sur lesquels ils sont actuellement déployés, notent les analystes de l’ISW.

Ceux actuellement déployés sur place, éreintés par les combats continus depuis quatre mois, pourraient être transférés vers « d’autres secteurs », puisque « les Russes ont atteint leurs objectifs tactiques », a noté le porte-parole ukrainien Dmytro Lykhovy.

Une pause nécessaire pour être « bien préparé »

Cette phase de repos, de réaménagement et de ravitaillement serait nécessaire pour Moscou afin de garder Avdiivka. Selon le ministère britannique de la Défense, il est probable qu’après tant de mobilisation, les forces russes ne soient aujourd’hui plus suffisamment efficaces au combat pour exploiter la prise de la ville dans l’immédiat.

« En ce qui concerne la situation globale à Avdiivka, c’est un succès absolu, je vous en félicite. Il faut bâtir sur cette base », a déclaré Vladimir Poutine au ministre de la Défense Sergueï Choïgou, selon Reuters. « Mais ce développement doit être bien préparé, doté de personnel, d’armes, d’équipements et de munitions », a-t-il ajouté à quelques jours du deuxième anniversaire du début de l’invasion russe, le 24 février.

Armes, équipements, munitions... Tout ce qui commence à faire défaut du côté ukrainien. Le ministre des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a déclaré à CNN qu’Avdiivka ne serait pas tombée si Kiev avait reçu l’aide des États-Unis, actuellement bloquée par les rivaux républicains du président Joe Biden.

Refaire Avdiivka, mais à plus grande échelle

Le ministre redoute d’ailleurs que la Russie continue sur sa lancée. Pour lui, elle « n’a pas l’intention de faire une pause ou de se retirer... Une fois qu’Avdiivka sera sous son contrôle, elle choisira sans aucun doute une autre ville et commencera ». Une inquiétude partagée par l’Institut pour l’étude de la guerre qui redoute que le Kremlin reproduise ses tactiques réussies à Avdiivka à une plus grande échelle, si l’aide de l’Occident continue à se faire attendre.

Car Avdiivka, bien que représentant la « tâche principale » de Moscou ces derniers mois, n’est pas la seule préoccupation de Kiev. L’armée ukrainienne fait face à de multiples assauts russes aussi bien sur le front Est que le front Sud, et souffre sous les bombardements alors qu’elle connaît aussi une pénurie de munitions d’artillerie.

La Russie, quant à elle, subit d’importantes pertes selon Kiev, mais dispose de plus d’hommes et d’une supériorité en armements après avoir tourné son économie vers l’effort de guerre. Elle a revendiqué mardi la prise de la tête de pont de Krynky sur la rive occupée du Dniepr, dans le sud de l’Ukraine. Ce qu’a démenti Kiev ce mercredi.

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