Guerre en Ukraine : pour éviter le conflit, ces aigles changent leur trajectoire de vol

Artemy Voikhansky - CC
Artemy Voikhansky - CC

GUERRE EN UKRAINE - Itinéraire bis… pour cause de conflit humain. Si les ravages de la guerre en Ukraine se rapportent surtout aux dégâts humains et matériels, des chercheurs de l’université anglaise d’East Anglia viennent de montrer que l’impact sur la faune n’est pas négligeable. Preuve en est avec l’aigle criard dont plusieurs congénères ont modifié leur itinéraire de vol depuis le début de la guerre.

En Lozère, un faucon pèlerin à l’origine de l’accident d’un camping-car

Pour éviter les zones touchées par le conflit entre la Russie et l’Ukraine depuis le 24 février 2022, l’aigle a été contraint de parcourir des distances bien plus grandes pour rallier ses aires de reproduction, principalement situées dans le sud de la Biélorussie, et donc au nord de l’Ukraine.

Publiée dans la revue Current Biology ce lundi 20 mai, l’étude de cette équipe de chercheurs a permis d’analyser les routes de migration de 19 rapaces de cette espèce lors de leur passage dans le ciel ukrainien entre mars et avril 2022. Pour les comparer ensuite avec 65 trajectoires empruntées par 20 oiseaux sur la période 2018-2021.

Et le constat est édifiant. D’après leurs résultats, les aigles de cette espèce ont parcouru en moyenne 85 km supplémentaires depuis l’invasion russe. De quoi établir une moyenne de 55 heures supplémentaires de vol, avec une vitesse moins élevée que d’habitude pour les mâles. Mais ce n’est pas tout, les rapaces les plus vulnérables qui passent au dessus d’une zone de guerre ont tendance à réduire ou supprimer leurs temps d’arrêt pour se reposer ou se nourrir.

Impact sur la reproduction de l’espèce

Pour bien comprendre l’importance de ce phénomène, Charlie Russell coauteur de l’étude utilise la formule suivante : « C’est un peu comme si vous deviez courir un marathon sans avoir de pause fraîcheur. Et à la fin, quelqu’un vous demande de courir onze ou douze kilomètres supplémentaires ».

D’autant plus que ces oiseaux doivent parcourir des distances parfois très grandes avant de rejoindre leur zone de reproduction. Les femelles arrivent généralement de Grèce où elles ont passé l’hiver, tandis que les mâles décollent de sites situés en Afrique de l’Est.

Autre élément prouvant l’impact non-négligeable sur le mode de vie de ces animaux : le nombre d’escale en Ukraine avant et après le début du conflit. En effet, seuls 32 % des individus observés ont fait escale en Ukraine après l’invasion russe, contre 90 % sur la précédente période analysée par les chercheurs.

Et même s’il reste difficile de déterminer avec précision le degré auquel les aigles sont affectés par les combats humains sur leur itinéraire, les conséquences néfastes pour les aigles sont, elles, bien réelles.

Charlie Russell indique à ce titre que le cycle de reproduction de l’espèce pourrait être retardé. Et ce, à cause de plusieurs raisons : la première étant un plus grand temps de récupération nécessaire après ces migrations inhabituelles. La seconde étant le risque d’une survie moins grande des nouveau-nés. La faute à des proies moins présentes lors de l’éclosion des œufs. En effet, ces itinéraires à rallonge entrainent un décalage de la période de reproduction des rapaces : résultat au moment où les petits sortent de leurs coquilles, les proies leur permettant de survivre sont elles aussi moins présentes.

À voir également sur Le HuffPost :

Guerre en Ukraine : à Kherson, ce raton laveur est en train de devenir un symbole

En Ukraine, des animaux sauvés in extremis des eaux du barrage de Kakhovka