Guerre en Ukraine : À Kramatorsk, la Russie accusée de « crime de guerre »

EDITORS NOTE: Graphic content / This photograph taken on April 8, 2022 shows the train station, seen from a train car, after a rocket attack in Kramatorsk, eastern Ukraine. - A rocket attack on a train station in the eastern Ukrainian city of Kramatorsk killed dozens on April 8, 2022 as civilians raced to flee the Donbas region bracing for a feared Russian offensive. Fifty people were killed, including five children, the regional governor of Donetsk, Pavlo Kyrylenko, said as the toll rose on one of the deadliest strikes of the six-week-old war. (Photo by FADEL SENNA / AFP)

UKRAINE - L’attaque au missile de la gare de Kramatorsk par la Russie au mois d’avril, une violence condamnable par le droit international ? C’est le point de vue de l’ONG Human Right Watch, qui a enquêté sur les faits et accuse ce mardi 21 février l’armée russe de « crime de guerre » pour ce bombardement qui avait provoqué la mort d’une soixantaine de civils cherchant à fuir la guerre en Ukraine.

« Les preuves indiquent clairement que le missile qui a tué et blessé des civils à la gare de Kramatorsk a été lancé depuis le territoire contrôlé par la Russie dans l’est de l’Ukraine. Cette attaque constitue une violation des lois de la guerre et un crime de guerre apparent », écrit HRW dans cette enquête, réalisée avec l’agence d’investigations visuelles SITU Research. L’ONG ajoute avoir identifié comme « lieu possible de lancement de l’attaque » le village de Kounié, dans la région de Kharkiv, alors sous contrôle russe.

Le 8 avril 2022 peu avant 10 h 30, alors que des milliers de civils se pressaient pour fuir la région menacée d’une offensive majeure des troupes russes, un missile Totchka-U équipé de bombes à sous-munitions avait frappé la gare de Kramatorsk, le principal centre d’évacuation de la région. 61 personnes avaient été tuées et plus de 160 blessées, d’après le bilan de la mairie de Kramatorsk, HRW arrivant pour sa part au chiffre d’au moins 58 civils tués.

Moscou nie être à l’origine de l’attaque

HRW a enquêté à Kramatorsk du 14 au 24 mai 2022, interrogeant des témoins et victimes de l’attaque et analysant « plus de 200 photos et vidéos ». L’ONG s’est aussi rendue à Kounié les 10 et 11 janvier, après sa libération par l’armée ukrainienne, où elle a parlé avec une quinzaine d’habitants.

Moscou a nié être à l’origine de l’attaque, accusant Kiev d’avoir tiré sur la gare pour perturber les évacuations, mais HRW dit n’avoir trouvé « aucune preuve à l’appui des affirmations russes ». « Au contraire, tout indique que les forces russes ont tiré le missile Totchka-U sur la gare de Kramatorsk », écrit l’ONG, qui dit avoir identifié « plusieurs lieux où les forces russes ont apparemment déployé des systèmes de missiles Totchka-U en Ukraine » depuis le début de la guerre.

Le plus crédible, selon Human Rights Watch, est le village de Kounié. Des photos satellites prises en avril montrent notamment « plusieurs grands conteneurs rectangulaires » dont la forme, la taille et la couleur correspondent à ceux de missiles Totchka-U. Selon des habitants, régnait par ailleurs « une importante activité militaire russe dans et autour du village au début du mois d’avril, y compris des tirs de munitions ».

Plus de 30 000 crimes de guerre, selon les États-Unis

Lors de sa visite de la localité, quatre mois après sa libération, l’ONG a retrouvé des fragments de missiles Totchka-U et de « multiples sous-munitions non explosées », issues selon elle de tirs ratés. « Ces éléments de preuve indiquent clairement que les forces russes disposaient de véhicules de lancement (...) et de missiles Totchka-U autour du village de Kounié à peu près au moment de l’attaque à Kramatorsk, et que les forces russes ont régulièrement lancé des attaques pendant cette période », écrit HRW.

« L’attaque de la Russie contre la gare bondée de Kramatorsk était illégalement indiscriminée », conclut HRW, qui affirme que la gare n’était pas un objectif militaire valable et que « les commandants et le personnel militaire russes qui ont ordonné et exécuté l’attaque ont commis un crime de guerre ».

Ce week-end, pour la première fois depuis le début de la guerre en Ukraine, les États-Unis ont formellement accusé la Russie d’avoir perpétré des « crimes de guerre » et des « crimes contre l’humanité » en Ukraine. Selon le département d’État américain, plus de 30 600 exactions russes ont été répertoriées depuis le début du conflit, dont des viols, des meurtres, des enlèvements et des déportations.

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