Guerre en Ukraine : à Kherson, des crimes de guerre recensés selon Zelensky

Une vieille femme se promène dans le village d’Arkhanhelske, dans la région de Kherson, le 3 novembre 2022, alors sous occupation russe.
BULENT KILIC / AFP Une vieille femme se promène dans le village d’Arkhanhelske, dans la région de Kherson, le 3 novembre 2022, alors sous occupation russe.

GUERRE EN UKRAINE - Comme à Boutcha, Borodianka ou Kharkiv, l’histoire va-t-elle se répéter à Kherson ? C’est en tout cas ce que laisse penser le président ukrainien Volodymyr Zelensky après la libération de cette ville du sud de l’Ukraine, aux mains de l’armée russe depuis les premiers jours de l’invasion russe de février.

Les troupes russes, qui occupaient la partie de la région de Kherson récemment reprise par l’armée ukrainienne, y ont commis « les mêmes atrocités » que dans d’autres régions d’Ukraine qu’ils occupaient, a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky ce dimanche 13 novembre.

400 « crimes de guerre »

« Les corps des tués sont retrouvés : ceux de civils et de militaires. Dans la région de Kherson, l’armée russe a laissé derrière elle les mêmes atrocités que dans d’autres régions de notre pays, où elle a pu entrer », a dit Volodymyr Zelensky dans une allocution, en promettant de « trouver et amener à la justice chaque meurtrier ». Le président a également annoncé que 400 « crimes de guerre » russes ont été documentés, sans préciser s’ils concernaient uniquement la région de Kherson.

Nombre d’habitants de la ville ont dit à l’AFP sur place que les forces russes, qui ont achevé d’évacuer la ville vendredi après huit mois de présence, y ont semé la désolation. « Ils ont pillé tous les appartements, ils ont détruit les portes, ils vivaient dans les appartements. Ils ont pris tout le matériel électronique. Ce sont des voleurs », enrage Svetlana Vilna, 47 ans, qui dit s’être « sentie comme en prison pendant neuf mois ».

Oleg Nazarenko, 25 ans, raconte que « les jeunes étaient arrêtés et fouillés. Ils nous terrorisaient. Ils étaient pires que les fascistes. C’était comme ça ». Un étudiant en philosophie trentenaire, qui dit se prénommer Andrïi, assure que « maintenant nous n’avons pas d’électricité dans la ville, pas d’eau, pas de chauffage central, pas de connexion mobile, pas de connexion internet mais nous n’avons pas de Russes, et j’en suis extrêmement heureux ».

Le président Zelensky avait en effet accusé samedi soir les Russes d’avoir détruit les infrastructures essentielles avant de fuir. « Nous sommes en train de rétablir les communications, internet, la télévision et nous faisons tout notre possible pour restaurer la fourniture d’électricité et d’eau aussi vite que possible », a-t-il déclaré dimanche.

Scènes de liesse malgré le calvaire

Dans ce chaos énergétique et logistique, la liesse prédominait pourtant depuis vendredi. Drapeaux ukrainiens, accolades avec les soldats de Kiev, klaxons et sifflets égayaient encore la ville dimanche On pouvait aussi voir des véhicules militaires détruits, des bâtiments mutilés, et sentir une odeur de bois brûlé dans ce port stratégique de la mer Noire, où la guerre faisait rage il y a encore quelques jours. Dimanche, la population exprimait surtout un grand soulagement de voir l’occupant parti, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous.

Alors que des queues s’étirent devant des postes de distribution de nourriture et d’aide d’urgence, de nombreux adultes et enfants se déplacent dans les rues enveloppés dans des drapeaux bleu et jaune. Certains sont réunis sur la place principale de la ville, en vue de communiquer avec leurs proches via le service internet par satellite Starlink, propriété d’Elon Musk, le patron de Tesla et Twitter.

Sur Facebook, Oleksandr Todortchouk, fondateur de UAnimals, un mouvement pour les droits des animaux, affirme que les occupants sont partis en emmenant avec eux « la plupart des animaux du zoo en Crimée [territoire ukrainien annexé par Moscou en 2014], des lamas aux loups en passant par les écureuils ».

Après les revers militaires successifs de l’armée russe depuis l’été, le retrait russe de Kherson est une humiliation d’autant plus grande pour le Kremlin que la région de cette grande ville est l’une des quatre annexées par la Russie en violation du droit international à la suite de son invasion de l’Ukraine, le 24 février.

Défendre Kherson

Les forces armées ukrainiennes ont repris le contrôle de dizaines de localités dans la région de Kherson, qui avait été la première grande ville à tomber après l’invasion russe. Après l’évacuation de Kherson, sur la rive occidentale du Dniepr, un ordre d’évacuation vers la région russe de Krasnodar, près de la Crimée, a été lancé par les autorités locales prorusses samedi soir à l’attention de leurs employés du district de Kakhovka, sur la rive orientale du fleuve.

Dans la nuit de dimanche à lundi, le commandement sud de l’armée ukrainienne a affirmé que les forces russes continuaient à « mettre en place une défense sur la rive gauche du Dniepr » et « des lignes de défense supplémentaires à plusieurs niveaux pour tenir les frontières occupées ». Moscou « continue d’infliger des dommages par le feu à nos troupes et aux localités libérées le long de la rive droite du Dniepr en utilisant aviation, artillerie lourde, MLRS (lance-roquettes, ndlr) et mortiers », a-t-il ajouté.

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