Guerre en Ukraine : à Belgorod, Liberté pour la Russie et RVK, deux groupes à l’origine des attaques

Caesar, membre de la légion Liberté pour la Russie, ici le 26 décembre 2022 à Dolyna, dans l’est de l’Ukraine.
Caesar, membre de la légion Liberté pour la Russie, ici le 26 décembre 2022 à Dolyna, dans l’est de l’Ukraine.

GUERRE EN UKRAINE - « Le temps est venu de mettre fin à la dictature du Kremlin ». Lundi 22 mai, la légion « Liberté pour la Russie » a revendiqué par ces mots sur Telegram être à l’origine des attaques dans la région russe de Belgorod, près de la frontière ukrainienne, menées avec un autre groupe appelé RVK (Le « Corps des volontaires russes » parfois aussi écrit RDK).

Lors de cette incursion, plusieurs villages ont été touchés par des obus et au moins douze personnes ont été blessées. Moscou a répondu par l’introduction d’un « régime légal de zone d’opération antiterroriste » (levé 24 heures plus tard).

« La Légion et le RDK ont complètement libéré le village de Kozinka, dans la région de Belgorod. D’autres groupes sont entrés dans Gaïvoron. Nous avançons. La Russie sera libre ! Pour la Russie ! Pour la liberté ! » - message posté le 22 mai 2023
« La Légion et le RDK ont complètement libéré le village de Kozinka, dans la région de Belgorod. D’autres groupes sont entrés dans Gaïvoron. Nous avançons. La Russie sera libre ! Pour la Russie ! Pour la liberté ! » - message posté le 22 mai 2023

Si Moscou assure que les coupables ont été « écrasés » et que 70 « terroristes ukrainiens » ont été tués, la Russie n’en a pas fini d’être confrontée à ces deux groupes qui visent la chute de Poutine.

La légion Liberté pour la Russie et RVK sont composés de combattants russes pro-Ukraine. Sur son site Internet, la première explique s’être formée au printemps 2022 peu après le début de l’invasion russe et travailler « en totale coopération » avec l’armée de Kiev, sous le commandement d’officiers ukrainiens.

Caesar, le visage de Liberté pour la Russie

« À l’inverse de l’agenda du Kremlin, notre ennemi n’est pas l’Ukraine. Nos ennemis sont les voleurs, les meurtriers, les criminels de guerre au pouvoir en Russie, qui ont lancé cette guerre brutale pour le seul bénéfice », explique Liberté pour la Russie. Et d’ajouter : « C’est pourquoi, après le retrait total des troupes russes en Ukraine, nous avons l’intention d’aller au Kremlin pour chasser les criminels et les voleurs. Et ensuite, construire une nouvelle Russie libre. »

Son chef politique est l’ancien député russe Ilia Ponomariov, le seul à avoir voté contre l’annexion de la Crimée par Moscou en 2014 et qui s’est ensuite installé en Ukraine. Son emblème est un poing fermé.

Le porte-parole de la légion, appelé « Caesar », avait été interrogé par l’Agence France Presse en janvier dernier. « Je ne me bats pas contre la mère patrie, je me bats contre le régime de Poutine, contre la tyrannie », « je ne suis pas un traître. Je suis un vrai patriote russe », assurait-il. C’est lui qui a annoncé les attaques à Belgorod, dans la vidéo que vous pouvez voir ci-dessous.

Avant de devenir le visage de la Liberté pour la Russie dans les médias, Caesar vivait à Saint-Pétersbourg, où il était kinésithérapeute et prof de fitness. Dans le New York Times, l’homme de 50 ans et père de quatre enfants affirme être un « nationaliste » et reconnaît avoir été membre du Mouvement impérial russe, un groupe néonazi ultranationaliste, qu’il a quitté en 2014.

La légion et RVK « organisations terroristes » en Russie

À part le très médiatique Caesar, il est très difficile d’obtenir des informations sur la légion ou ses membres. Impossible de savoir le nombre exact de combattants − Caesar a indiqué à l’AFP qu’ils seraient « plusieurs centaines » – ni leurs positions. Sur son site, le groupe indique seulement que ses « légionnaires interviennent dans de nombreuses localités, dont celles où les combats sont les plus intenses comme à Bakhmout ».

Le 16 mars dernier, la Cour suprême russe a reconnu Liberté pour la Russie comme « organisation terroriste » et « interdit ses activités sur le territoire russe ». Désormais, ses membres ou toute personne l’aidant ou le finançant encourent des peines allant jusqu’à la réclusion à perpétuité.

Des menaces similaires pèsent sur le deuxième groupe qui a revendiqué l’attaque à Belgorod, RVK. Ce dernier a pris la lumière début mars après des attaques à Lioubetchané, dans la région russe de Briansk, qu’il a revendiquées. Toutefois, les doutes subsistent quant à sa réelle implication.

Subordonnés à l’armée ukrainienne

Le groupe a été créé en août 2022 par Denis Nikitine, de son vrai nom Denis Kapoustine, aussi surnommé White Rex sur le terrain de guerre. Figure connue du milieu hooligan, il serait un ex-combattant de MMA, nationaliste défenseur de la Russie, et anti-Poutine. Un profil similaire aux combattants qui l’ont rejoint, souvent proches de l’extrême droite.

Dans un entretien au média russe indépendant Sota en avril, un représentant du RDK, Vladimir « Cardinal » disait vouloir la création « d’un État national russe sur le territoire de régions majoritairement peuplées de Russes ethniques ».

Là encore, de nombreux mystères entourent RVK. Selon l’un de ses membres interrogés par Reuters, ils seraient environ 200 dans le bataillon. Un chiffre impossible à vérifier. Concernant son organisation, un combattant a précisé à l’AFP que RVK était une unité indépendante hors Ukraine, mais « directement subordonnée » sur le front au ministère ukrainien de la Défense.

RVK et la légion Liberté de la Russie sont de véritables cailloux dans la chaussure de Vladimir Poutine. Le Kremlin, fébrile face à la multiplication des incursions sur son territoire, a exprimé sa « profonde préoccupation » ce mercredi et appelé à faire « plus d’efforts » pour les empêcher, tout en désignant encore une fois les « combattants ukrainiens ». Il semble se tromper de cible.

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