Guerre Israël-Hamas : Sur Youtube, ces « publicités » de propagande sont une arme majeure de l’État hébreu

ISRAËL - Vous lancez une vidéo sur YouTube ou une partie d’Angry Birds sur votre smartphone, et vous vous retrouvez nez à nez, non pas avec une publicité habituelle de quelques secondes, mais bien avec des images de propagande des autorités israéliennes.

Depuis la reprise du conflit israélo-palestinien il y a une dizaine de jours, les offensives sont aussi numériques côté israélien, afin de convaincre l’opinion publique internationale du bien-fondé de l’assaut sur Gaza qui se prépare en réponse aux attaques initiales du Hamas.

Depuis le début de la contre-offensive israélienne, nombreux sont ainsi les internautes à signaler sur les réseaux sociaux des vidéos de propagande israélienne, le plus souvent sous la forme d’une « publicité » en « pre-roll » avant la diffusion d’une vidéo sur YouTube, ou au sein même de jeux sur smartphones.

Dès le lendemain des attaques du Hamas sur le territoire israélien, le 8 octobre, une première vidéo de propagande a été diffusée pendant au moins 24 heures comme une publicité sur YouTube en France, note Arrêt sur Images. En lettres capitales, on pouvait y lire un message sans aucune image, lu par une voix automatique sur fond de musique angoissante. « Le Hamas a déclaré la guerre à Israël », est-il notamment affirmé. « Des Israéliens, y compris des enfants, ont été tués, blessés et pris en otage. Ceci est une guerre, et Israël prendra toutes les mesures nécessaires pour protéger nos citoyens contre ces barbares terroristes. » La vidéo se conclut avec le blason de l’État d’Israël.

La vidéo, qui a aussi été publiée sur la chaîne YouTube du ministère israélien des Affaires étrangères, a notamment été diffusée en amont de vidéos de gros youtubeurs français, tels Squeezie, Villibrequin, Joueur du Grenier ou Bolchegeek. Ceux-ci n’ont pas le pouvoir de supprimer la vidéo ou en choisir le contenu, mais peuvent simplement décider à quel moment elle apparaîtra dans leur propre vidéo.

Vidéo enfantine, avec licornes et arc-en-ciel

D’autres vidéos transformées en « publicités » ont depuis émergé en « pre-roll », comme celle-ci relevée par un internaute sur Twitter où il est mentionné que « le Hamas, une violente organisation terroriste, a assassiné 1 300 Israéliens innocents - enfants, femmes et personnes âgées -, massacrant des familles entières à leur domicile ». Cette même vidéo est aussi publiée depuis quatre jours sur la chaîne YouTube du ministère israélien des Affaires étrangères et a été vue plus de 3,3 millions de fois.

Sur Twitter, un internaute a par ailleurs publié une vidéo où il navigue dans les menus du jeu Angry Birds 2 sur tablette, avant qu’une vidéo n’envahisse l’écran, annonçant qu’« Israël est attaquée » avant de dévoiler des images anxiogènes de la situation actuelle.

Une vidéo particulièrement enfantine, à grand renfort de licornes, arc-en-ciel et couleur rose, ciblant les familles avec des enfants en bas âge a aussi été diffusée. « Nous avons un message important pour les parents : 40 enfants ont été assassinés par les terroristes du Hamas », y est-il notamment indiqué.

La question se pose désormais : YouTube autorise-t-il vraiment ce genre de vidéos à être diffusé comme de la « publicité » ? La réponse n’est pas évidente quand on s’intéresse de près aux règles encadrant le fonctionnement de la plateforme, comme l’a fait Numerama.com.

Une « publicité » retirée en 2021

YouTube indique ainsi que les « annonces susceptibles de tirer profit d’un événement sensible ayant un impact social, culturel ou politique important, comme les crises civiles, les catastrophes naturelles, les urgences de santé publique, les actes terroristes et associés, les conflits ou les actes de violence de masse » ne sont pas autorisées.

Malgré tout, il existe une exception à cette règle : « si une annonce inclut des contenus de médias professionnels (films, séries TV, chaînes d’informations ou jeux vidéo, par exemple), les consignes ci-dessus seront évaluées selon des critères différents. Toute annonce incluant des contenus de médias professionnels doit indiquer clairement ses sources pour que l’utilisateur comprenne ce qu’il visionne. »

Pour les vidéos récentes israéliennes, des images purement violentes n’y sont pas présentes et le contenu provient d’une entité officielle. YouTube pourrait donc choisir de les évaluer selon « des critères différents ». Mais, étant donné qu’elles mentionnent des actes très violents tels que des meurtres de civils, elles pourraient logiquement se voir supprimées à l’avenir.

Par le passé, en 2021, Google (qui a racheté YouTube en 2006) avait retiré une « publicité » particulièrement anxiogène de l’État israélien contre le « terrorisme du Hamas », diffusée en préambule de vidéos sur YouTube, notamment en France. La vidéo montrait pendant une quinzaine de secondes des images furtives de roquettes dans le ciel, d’explosions en zones civiles et de blessés, le tout accompagné de bruits d’explosions et de cris. « Israël protégera ses citoyens contre le terrorisme du Hamas », concluait un message flanqué du blason de l’État israélien.

Vendredi dernier, la Commission européenne a rappelé à Alphabet, la maison mère de Google, ses obligations en matière de modération sur sa plateforme YouTube, dans un contexte de hausse du nombre des contenus illégaux et de la désinformation en ligne liés notamment à la guerre entre Israël et le Hamas.

Elle a souligné que Google avait une « obligation particulière de protéger les millions d’enfants et d’adolescents » utilisant YouTube « contre les contenus violents représentant des prises d’otages et autres vidéos choquantes ».

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