La guerre Israël-Hamas révèle le pire de Twitter devenu X, après le rachat par Elon Musk

Les changements apportés sur X (ex-Twitter) par Elon Musk depuis son rachat du réseau social sont plus visibles que jamais avec la guerre Israël/Hamas.
Montage Le HuffPost / JOEL SAGET - AFP Les changements apportés sur X (ex-Twitter) par Elon Musk depuis son rachat du réseau social sont plus visibles que jamais avec la guerre Israël/Hamas.

TWITTER - Le 27 octobre 2022, Elon Musk annonçait en grande pompe que « l’oiseau » était enfin « libéré ». Un an après cette formule provocatrice qui actait le rachat officiel du réseau social, les choses ont déjà bien changé sur Twitter, qu’il faut désormais appeler X.

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Censé devenir le fief de la liberté d’expression totale prônée par Elon Musk, X est soumis depuis un an aux nouvelles méthodes du milliardaire américain. Mais depuis le 7 octobre, les choses se sont radicalement accélérées, faisant entrer X dans une nouvelle dimension avec la guerre entre Israël et le Hamas.

Pratiquement dénué de modération, l’ex-réseau social à l’oiseau bleu est aujourd’hui devenu le terrain de jeu des propagateurs de fausses informations, une pratique exacerbée et même favorisée par l’algorithme du réseau social.

Explosion de fake news

Durant le week-end de résurgence du conflit entre Israël et la Palestine, X décomptait « plus de 50 millions de messages » échangés dans le monde à propos de cette guerre, d’après la plateforme. Et malgré ses promesses de modération concernant les « discours antisémites » et la suppression des « comptes affiliés au Hamas » récemment créés, la modération sur X version Elon Musk n’existe pratiquement plus et les faux contenus se répandent à une vitesse encore rarement observée sur les réseaux sociaux.

Des contenus jouant sur l’émotion, des photos et vidéos de conflits antérieurs présentés comme des images actuelles, des publications trompeuses reprenant les codes de médias traditionnels ou des extraits du jeu vidéo Arma III vendues comme de vraies images de cette guerre. Les exemples ne manquent pas après trois semaines de conflit.

En France, Le Figaro a d’ailleurs été obligé de publier un démenti après l’apparition d’une vidéo qui mettait en doute l’existence des crimes du Hamas en Israël en reprenant la charte graphique du journal.

Pire encore, comme le note la start-up NewsGuard qui étudie la désinformation en ligne, les contenus de pure désinformation partagés sur X sont désormais relayés massivement sur les autres réseaux sociaux tels que TikTok ou Instagram, rendant le semblant de modération encore existant caduc.

La certification, gage de désinformation

Mais derrière ce nombre incalculable de fake news partagées, un point commun ressort presque systématiquement : la grande majorité de ces contenus ont été publiés par des comptes certifiés (aussi appelés comptes premium ou vérifiés).

Une petite coche bleue à côté du pseudo qui était autrefois un gage de qualité et de confiance sur Twitter. Mais à en croire les analyses effectuées par NewsGuard, ce temps-là est désormais révolu sur X. « Les utilisateurs vérifiés sur X produisent 74 % des affirmations fausses ou sans fondement les plus virales liées à la guerre Israël-Hamas sur la plateforme ». Et une fois encore, les exemples ne manquent pas.

NewsGuard a notamment recensé dix fausses informations particulièrement virales repérées durant la première semaine de conflit au Proche-Orient. À elles seules, les publications relayant ces fausses informations ont été vues plus de 100 millions de fois en l’espace d’une semaine, générant au passage 1 349 979 engagements (like, partages réponses…).

NewsGuard a analysé les 250 publications avec le plus d’engagement sur X relayant l’une de ces dix fausses informations particulièrement populaires sur la guerre Israël/Hamas. Voici les titres de ces publications.
Capture d’écran NewsGuard NewsGuard a analysé les 250 publications avec le plus d’engagement sur X relayant l’une de ces dix fausses informations particulièrement populaires sur la guerre Israël/Hamas. Voici les titres de ces publications.

Ainsi, 24 des 25 publications avec le plus d’engagement sur X concernant la fausse information « L’Ukraine a vendu des armes au Hamas » ont été publiées par un compte payant et donc certifié.

Dans le magazine Wired, le chercheur en criminalistique numérique Emerson Brooking va désormais plus loin que ce simple constat en affirmant que « les modifications apportées par Elon Musk à la plateforme profitent entièrement aux terroristes et aux propagandistes de guerre ». Et comment lui donner tort, quand on sait que les changements apportées à l’algorithme de X par Elon Musk favorisent grandement la visibilité de ces comptes et la désinformation qui va désormais avec.

Pour parachever la mue définitive de Twitter en fief de la désinformation, Elon Musk est l’un des premiers a avoir relayé le pire de son réseau social au lendemain de l’attaque du Hamas. « Pour suivre la guerre en temps réel @WarMonitors & @sentdefender sont bien », avait écrit Musk, invitant ainsi ses 160 millions d’abonnés à suivre deux comptes notoirement connus -comme le rappelle Wired- pour leur tendance à la désinformation ou aux propos antisémites sur la plateforme.

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