Guerre Israël-Hamas : ce que l’on sait des largages d’aide humanitaire sur Gaza menés par les États-Unis

Des Palestiniens partent chercher l’aide humanitaire larguée par avion dans la ville de Gaza le 1er mars 2024, au milieu du conflit entre Israël et le Hamas.
- / AFP Des Palestiniens partent chercher l’aide humanitaire larguée par avion dans la ville de Gaza le 1er mars 2024, au milieu du conflit entre Israël et le Hamas.

INTERNATIONAL - Une aide venue du ciel. Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, les États-Unis ont annoncé pour la première fois qu’il allait se joindre à plusieurs pays donateurs qui parachutent des secours et de l’aide matériel dans la bande de Gaza, assiégée par l’armée israélienne depuis 5 mois.

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L’annonce effectuée vendredi 1er mars par le président américain Joe Biden a été suivie d’effets dès ce samedi 2 mars, a annoncé le Pentagone. Une réponse américaine qui intervient surtout après une tuerie lors d’une distribution d’aide humanitaire à Gaza, où plus de 110 personnes ont péri dans des circonstances encore imprécises.

Voici ce que l’on sait de cette initiative américaine.

· L’annonce de Joe Biden

C’est lors d’une rencontre avec la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni à la Maison Blanche que Joe Biden a annoncé ce vendredi que les États-Unis allaient se « joindre » à ses « amis de Jordanie et d’autres pays en opérant des largages de nourritures et autres biens sur Gaza ».

Joe Biden a estimé que « des innocents sont pris au piège d’une guerre terrible, incapables de nourrir leurs familles, et vous avez vu la réponse lorsqu’ils ont essayé d’obtenir de l’aide ». Une dernière phrase faisant directement référence à la tragédie de jeudi, au cours de laquelle au moins 110 personnes ont été tuées et 760 autres ont été blessées alors qu’elles tentaient de se ravitailler. Une annonce inédite pour Washington, soutien d’Israël.

· Premiers largages

Les États-Unis ont commencé les largages aériens d’aide dès ce samedi 2 mars, a annoncé le Pentagone. Trois avions militaires américains ont largué de la nourriture sur la bande de Gaza, afin d’« aider les civils affectés par le conflit actuel », a déclaré un responsable militaire américain.

· Changement de cap américain

Avec ce changement de cap, Joe Bien se montre à nouveau critique envers son allié israélien, estimant que « l’aide apportée à Gaza est loin d’être suffisante aujourd’hui ». Car les États-Unis n’avaient pas encore procédé à de tels largages d’aide, Washington jugeant leur efficacité limitée jusqu’à présent.

Car après cinq mois de guerre, la situation humanitaire se complique de jour en jour pour la population de Gaza. Jusqu’alors, seuls des avions militaires étrangers avaient commencé à parachuter des palettes d’aide humanitaire. Des appareils jordaniens, avec le soutien de pays tels que le Royaume-Uni, la France et les Pays-Bas, ont pour l’instant organisé la plupart des largages. Plusieurs appareils égyptiens ont fait de même jeudi, ainsi que des avions des Émirats arabes unis.

Ce changement stratégique des États-Unis est d’ailleurs intimement lié à la présidentielle américaine, où Joe Biden se retrouve sous pression de l’aile gauche des Démocrates et d’une partie de la communauté arabo-musulmane qui voit d’un mauvais œil le soutien Au moins 110 personnes ont été tuées et 760 blessées à l’aube, dans la principale ville de la bande de Gaza, selon le Hamas – presque – sans faille des États-Unis envers Israël. Sous pression, Joe Biden a donc été contraint de faire des concessions.

· Des largages difficiles à mettre en place

Les Américains restent toutefois frileux face ces opérations aériennes, comme l’a encore rappelé John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, en soulignant le caractère « extrêmement difficile (...) dans un environnement aussi encombré que celui de Gaza, qui est très, très densément peuplé ».

Pour autant, il a assuré que « d’autres largages seront planifiés et exécutés » par le Pentagone et que l’action américaine ne se limiterait donc pas à une opération unique. Dans le même temps, Joe Biden a assuré qu’il cherchait à obtenir de nouveaux gages de la part de Tel Aviv, comme « ouvrir d’autres voies d’accès à Gaza, y compris la possibilité d’un corridor maritime pour acheminer de grandes quantités d’aide humanitaire ».

Mais selon un responsable américain cité par l’AFP, ces parachutages « ne pourraient être qu’une goutte d’eau dans l’océan » par rapport aux besoins sur place, d’autant plus que les largages de lourds colis dans des zones surpeuplées finissent parfois dans la Méditerranée, comme l’assurent de nombreux civils gazaouis.

Et c’est sans compter sur le coup très élevé de ses parachutages : Jeremy Konyndyk, président de l’ONG Refugees International, estime que les largages ne peuvent « être utiles qu’à la marge », comme il le confiait à la BBC vendredi. Un avion peut larguer l’équivalent du chargement de deux camions, mais pour un coût dix fois supérieur, a-t-il rappelé.

· Ukraine ou Gaza ?

Lors de son annonce, le président américain a commis une (nouvelle) confusion gênante en indiquant par deux fois que l’aide humanitaire aérienne fournie par les États-Unis était destinée à « l’Ukraine ». Une erreur qu’a été contrainte de corriger la Maison Blanche en confirmant que Joe Biden évoquait bel et bien Gaza et non le pays envahi avec la Russie depuis plus de deux ans.

Une étourderie de plus pour le président américain, récemment moqué par son adversaire à la présidentielle américaine au moment où le président élu devait passer un examen de santé mercredi. Joe Biden a finalement été déclaré « apte » à l’issue de cet examen.

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