Guerre Israël - Hamas : l’hôpital al-Chifa à Gaza-ville, encerclé par Tsahal, au cœur des inquiétudes

La moitié des 36 hôpitaux de Gaza, régulièrement bombardés depuis le 7 octobre, ne fonctionnent « plus du tout » selon l’Organisation mondiale de la santé.

GAZA - Médecins, patients et Gazouis réfugiés ne peuvent même plus en sortir. Depuis 24 heures, l’hôpital al-Chifa à Gaza-ville, le plus grand de l’enclave palestinienne, est ciblé par des frappes incessantes de l’armée israélienne. Dénonçant des images « insupportables », les associations humanitaires lancent « un appel urgent » au cessez-le-feu.

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« Al-Chifa a été visé toute la nuit par d’intenses tirs d’artillerie, comme d’autres hôpitaux de la ville de Gaza », a déclaré à l’AFP son directeur, Mohammed Abou Salmiya. Il précise que les ambulances n’ont pas pu aller chercher « des dizaines de morts » et « des centaines de blessées » à cause des « tirs et projectiles ».

L’ONG israélienne Physician for Human Rights-Israel a par ailleurs rapporté samedi après-midi que « deux bébés prématurés (étaient) morts » après l’arrêt forcé des soins intensifs néonataux. Il y a aussi « un vrai risque pour la vie des 37 autres bébés prématurés » de ce service, avertit l’ONG.

Le dilemme cornélien des soignants

Le personnel médical de cet hôpital assiégé fait face à un dilemme : sauver sa vie, ou rester auprès des malades. La plupart ont choisi la seconde option. « Il y a un patient qui a besoin d’être opéré. Nous ne pouvons pas nous évacuer et [laisser] ces personnes à l’intérieur. En tant que médecin, je jure d’aider les gens qui ont besoin d’aide », a déclaré le Dr Mohammed Obeid, chirurgien pour Médecins sans frontière (MSF), dans un message relayé par son organisation sur X (ex-Twitter).

Le directeur général du Comité international de la Croix-Rouge, Robert Mardini, s’est dit quant à lui « choqué et consterné par les images et informations venant de l’hôpital al-Shifa », au cœur de Gaza. « La situation désespérée et insupportable dans laquelle se trouvent les patients et le personnel à l’intérieur doit cesser. Maintenant », a-t-il insisté sur son compte X.

Habitants pris au piège

L’hôpital al-Chifa sert aussi d’abri à des centaines de Gazaouis, dépourvus de maison pour se protéger des obus qui tombent sur le territoire palestinien depuis près d’un mois et demi. C’est le cas d’Ahmed al-Chawa, un lycéen de 18 ans, qui a fui son quartier de Tel al-Hawa, dans la ville Gaza, où les troupes israéliennes combattent le Hamas.

L’adolescent raconte à nos confrères de l’AFP avoir dû quitter la cour de l’hôpital ces dernières heures pour s’installer tant bien que mal dans les services bondés de l’établissement. Partout, dans les couloirs, entre les lits, des malades, des blessés, des familles s’entassent. Mais il n’a pas le choix, car dehors les éclats d’obus pleuvent sur les déplacés et leurs frêles tentes.

20 des 36 hôpitaux de Gaza ne sont plus opérationnels

Le bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) rapporte que « les bombardements israéliens autour des hôpitaux de la ville de Gaza et dans le nord de la bande de Gaza se sont intensifiés » depuis vendredi. « Plusieurs hôpitaux ont été directement touchés », ajoute l’agence onusienne, portant à « 20 le nombre d’hôpitaux hors service dans la bande de Gaza sur 36 ».

Les structures hospitalières sont devenues le cœur névralgique des combats, car l’armée israélienne pense qu’elles servent de cachette aux membres du Hamas. Il y aurait, selon elle, des tunnels ou encore des planques pour les armes sous les hôpitaux.

Malgré tout, le directeur de l’hôpital al-Chifa, Mohammed Abou Salmiya, ne change pas d’avis : « nous resterons et nous ne partirons pas d’ici, quel qu’en soit le prix », martèle-t-il. « Nous opèrerons à la bougie », promet-il, alors que durant la nuit de vendredi à samedi, « l’électricité a été coupée pendant quatre heures » après qu’un « générateur a été touché par les frappes ».

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