Guerre Israël-Hamas : l’armée admet inonder les tunnels du Hamas à Gaza

Photo présentée par l’armée israélienne le 21 janvier 2024 comme étant un tunnel du Hamas à Gaza.
- / AFP Photo présentée par l’armée israélienne le 21 janvier 2024 comme étant un tunnel du Hamas à Gaza.

PROCHE-ORIENT - L’option était évoquée depuis quelques mois, la voilà mise en œuvre. L’armée israélienne a admis ce mardi 30 janvier inonder des tunnels du Hamas dans la bande de Gaza, un des grands objectifs tactiques de la guerre.

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Les forces israéliennes, engagées depuis des mois dans une violente guerre urbaine, expliquent régulièrement se battre avec un ennemi en surface et en sous-sol, ce qui l’oblige à trouver les accès de son réseau pour pourchasser le mouvement islamiste palestinien.

« De larges volumes d’eau » sont envoyés dans des tunnels, a indiqué l’armée dans un communiqué, au sein « d’une gamme d’outils déployés (...) pour neutraliser la menace du réseau ».

Les tunnels pour contourner le blocus

Surnommé « le métro de Gaza » par Israël, le dédale de galeries creusées par le Hamas sous la bande de Gaza a d’abord servi à contourner le blocus imposé par Israël après la prise de pouvoir du mouvement dans ce territoire en 2007. Des tunnels ont été creusés sous la frontière avec le Sinaï égyptien pour faire circuler personnes, marchandises et armes entre Gaza et le monde extérieur.

Mais après la guerre entre Israël et le Hamas en 2014, le mouvement a étendu le réseau, d’où peuvent surgir ses combattants pour tirer leurs roquettes sur Israël avant de retourner se cacher. Dans une étude en octobre, un institut de l’académie militaire américaine West Point évoquait 1 300 galeries sur 500 km.

L’armée israélienne avait affirmé pour sa part début décembre avoir découvert plus de 800 descentes de tunnels, dont 500 détruites.

Des otages seraient cachés dans le réseau

Outre le piège que constituent les tunnels pour les soldats israéliens, plusieurs otages israéliens libérés lors de la trêve du mois de novembre ont indiqué y avoir été retenus.

Le dédale de couloirs bétonnés, équipés de cuisines avec accès à l’eau, est une véritable obsession pour l’armée israélienne, qui justifie ainsi ses bombardements de nombreux hôpitaux et autres bâtiments civils supposés cacher des tunnels.

Mardi, l’armée a précisé que l’inondation des tunnels était « développée de façon professionnelle, y compris l’analyse des caractéristiques du sol et des canalisations », pour s’assurer qu’aucun dégât ne soit infligé aux nappes phréatiques.

Une façon d’anticiper de potentielles critiques sur les conséquences de cette méthode sur les populations civiles, plongées dans un enfer humanitaire après près de quatre mois de bombardements israéliens et d’intenses combats au sol depuis fin octobre.

Craintes pour les nappes phréatiques

Fin 2023, des médias locaux avaient cité des sources israéliennes indiquant que l’armée envisageait d’inonder les galeries avec de l’eau de mer pompée en Méditerranée, au large du petit territoire côtier.

Le chef de l’armée, Herzi Halevi, y avait vu « une bonne idée ». Mais certains scientifiques et responsables humanitaires avaient dit à l’AFP craindre une contamination des nappes.

La bande de Gaza fait entre six et 12 km de large, et la salinisation des nappes phréatiques y est déjà un fléau, aggravé par la montée du niveau des océans. S’y ajoutent un réseau d’évacuation des eaux usées chroniquement défaillant et un usage incontrôlé des pesticides et herbicides.

En novembre, la coordinatrice humanitaire de l’ONU pour les Territoires palestiniens avait expliqué craindre pour la qualité de l’eau y compris pour les « générations à venir ». Lynn Hastings, qui a depuis quitté son poste, avait ajouté que la méthode risquait de « compromettre l’écosystème très fragile de Gaza ».

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