Guerre Israël-Hamas : José Andrés fondateur de World Central Kitchen pleure sept collaborateurs tués à Gaza
GAZA - Mi-mars, il faisait part de sa fierté immense après qu’un premier navire parti de Chypre avait déchargé 200 tonnes d’aide humanitaire au large de Rafah. Ce mardi 2 avril, José Andrès pleure sept des siens tués à Gaza. « J’ai le coeur brisé », écrit sur les réseaux sociaux le chef étoilé hispano-américain qui aide avec son organisation -la World Central Kitchen (WCK)- à nourrir les sinistrés du monde entier depuis 2010.
L’ONG a immédiatement stoppé ses activités après avoir annoncé la mort de sept collaborateurs dans une frappe attribuée à l’armée israélienne. « Le gouvernement israélien doit mettre un terme à ces massacres aveugles », a écrit encore José Andrés où il exhorte comme souvent le pouvoir de Benjamin Netanyahu à « cesser de restreindre l’aide humanitaire et cesser d’utiliser la nourriture comme une arme ».
José Andrés, sur le front depuis le tremblement en Haïti
Nourrir la population meurtrie et affamée de Gaza, telle est la grande mission que s’est fixée ce chef étoilé. Âgé de 54 ans et né en Espagne, José Andrés est connu pour avoir popularisé les tapas aux États-Unis, selon le Wall Street Journal.
Propriétaire de restaurants gastronomiques aux États-Unis, il est également le fondateur du Global Food Institute, à l’université américaine George-Washington, qui étudie les questions liées à l’alimentation, soulignent nos confrères du Monde.
Gaza est loin d’être sa première mission. Après avoir fondé la WCK lors du tremblement de terre de 2010 en Haïti, il s’est retrouvé sur de nombreux fronts, entre catastrophes naturelles et guerres. Le New York Times évoque la crise portoricaine après l’ouragan Maria en 2017, la guerre en Ukraine ou encore les grands incendies qui ont touché le Texas et le Chili en février dernier. Selon le média américain, l’ONG a déjà servi plus de 350 millions de repas depuis sa création.
Donner l’impulsion dans un réseau de chefs locaux
La WCK est une organisation, mais avant tout un réseau de chefs et de professionnels de la cuisine. Comme l’explique le média hawaïen Star Advertiser, lorsque José Andrés et ses équipes arrivent au plus vite dans une zone sinistrée, ils apportent les vivres et préparent les premières salves de repas pour donner l’impulsion. Ils comptent ensuite sur les cuisiniers et chefs du pays concernés pour prendre part aux opérations et poursuivre l’aide alimentaire.
Selon le New York Times, la World Central Kitchen est le plus grand programme d’alimentation d’urgence jamais mis en place par un groupe de chefs. Le média loue ainsi sa capacité à créer rapidement les réseaux sur le terrain, trouver des vivres, du matériel et à créer des cuisines communautaires éphémères dans des conditions souvent très difficiles.
C’est actuellement le cas à Gaza où 30 millions de repas ont été distribués et plus de 60 cuisines communautaires créées depuis le mois d’octobre, selon le site de la WCK. Avant la frappe qui a visé l’une de ces cuisines, l’association prévoyait d’en créer 35 supplémentaires. Elle précise que chacune d’entre elles a la capacité de produire environ 2000 repas quotidiens, soit un total de 350.000 par jour, calcule le quotidien américain.
Objectif : un million de repas par jour
Toujours auprès du média new yorkais, le chef étoilé José Andrés explique vouloir arriver à distribuer au moins un million de repas par jour et pouvoir atteindre le nord de la bande de Gaza. Car aujourd’hui cette zone est quasiment coupée du peu d’aides qui arrive par le sud, notamment depuis Rafah. Celle-ci est très vite bloquée par les attaques, les pillages et doit emprunter des routes bombardées.
Malgré cette initiative, l’arrivée du navire de José Andrés n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan, face à l’urgence dramatique que connaît Gaza, souligne auprès du HuffPost Jean-Claude Samouiller, président d’Amnesty International France. Il appelle à lever les blocus et ouvrir les corridors pour laisser passer les camions d’aide humanitaire.
Selon des chiffres de l’ONU, environ 80 % de la population de Gaza dépend de l’aide internationale, et environ un million de personnes dépendent de l’aide alimentaire quotidienne.
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