Guerre Israël-Hamas : cet habitant de Tel Aviv espère la paix en 2024, mais « pour danser, il faut être deux »
De l’Ukraine à Israël, de Gaza à la Russie, « Le HuffPost » donne la parole à des citoyens directement touchés par la guerre. En ce début d’année, ils formulent leurs vœux de paix pour 2024.
INTERNATIONAL - « Le 7 octobre a été une énorme gifle. » Depuis l’attaque meurtrière perpétrée par le Hamas il y a trois mois, Israël a promis d’« anéantir » le groupe terroriste, pilonnant sans relâche une bande de Gaza assiégée et menant, depuis le 27 octobre, une opération terrestre qui a tué plus de 25 000 Palestiniens, selon le Hamas. Si les combats se déroulent désormais au sud de l’enclave, à plus de 50 kilomètres d’Israël, la guerre semble très proche pour les habitants de l’État hébreu. Raphaël, 35 ans, habitant de Giv’at Shmuel – en banlieue de Tel Aviv –, a accepté de raconter au HuffPost ses espoirs de paix pour l’année 2024.
C’est au son des sirènes d’alerte que Raphaël, né à Paris et arrivé en 2016 en Israël, a été réveillé à 6h, le 7 octobre dernier. Avec son épouse israélienne et leurs quatre enfants, ils devaient partir en vacances le lendemain dans la ville balnéaire d’Eilat, au sud du pays.
Le couple, qui pensait se reposer au soleil, n’aurait jamais imaginé assister à une telle escalade de violence : « Cinq jours avant l’attaque du Hamas, le gouvernement israélien avait proposé d’augmenter le nombre de travailleurs gazaouis autorisés à entrer en Israël. Il avait justifié cette mesure en expliquant que cela permettait d’améliorer les relations avec la bande de Gaza », se rappelle Raphaël. Avant la guerre, quelque 200 000 Palestiniens travaillaient en Israël, principalement dans les secteurs du bâtiment et de l’agriculture. Ils sont depuis privés de leur source de revenus.
Ne pas s’éloigner à plus de 1 minute 30 d’un abri
« On a senti, dès le 7 octobre, qu’on n’était pas dans un conflit qu’on connaissait. Voir des enfants, des femmes, des personnes âgées assassinés avec une telle atrocité et d’autres traînés de l’autre côté de la barrière [vers Gaza]… C’était terrible, insoutenable. Nos estomacs étaient retournés », poursuit-il, encore ébranlé par cette journée qui l’a bouleversé.
Depuis trois mois, le quotidien de la famille est chamboulé. Les quatre enfants dorment désormais dans la même chambre. « On l’a transformée en un abri antimissile, appelé “mamad” en hébreu », explique-t-il. Très inquiet pour ses enfants, il ne les laisse plus se rendre seul à l’école : « Ils n’ont que 400 mètres à parcourir, mais il est déjà arrivé qu’une alerte au tir de roquettes retentisse à la sortie de l’établissement. »
La vie ressemble finalement beaucoup à un confinement : « On fait davantage de stock quand on fait nos courses au supermarché, et on évite de sortir en dehors du travail », développe Raphaël. Tout comme pendant la pandémie de Covid-19, les promenades loin du domicile sont très limitées : « Avec mon groupe de running, on a dû adapter nos entraînements pour éviter les horaires habituels auxquels on reçoit des roquettes. On ne court plus dans les parcs, mais proche des immeubles, car on sait qu’on a seulement 1 minute 30 pour se réfugier ».
Même les fêtes de fin d’année n’ont pas la même saveur que d’habitude. Pendant les festivités de Hanoukka, qui se sont déroulées du 7 au 15 décembre, « c’était calme dans les rues, il n’y avait pas de happening, les gens ne s’invitaient pas les uns chez les autres ». « Nous n’avons plus le cœur à faire la fête, alors qu’un oncle, un cousin ou un ami est sur le front », regrette Raphaël.
« La paix est une danse, et pour danser, il faut être deux »
Alors, forcément, le souhait de Raphaël pour 2024 est de retrouver un semblant de normalité dans son quotidien. Mais avant tout, celui qui suit méticuleusement « l’actualité du conflit dans des journaux en plusieurs langues », veut la libération de tous les otages détenus par le Hamas. Et si une « véritable accalmie » est décrétée dans les prochains mois, il voudrait « faire de l’humanitaire, et rendre visite dans les hôpitaux aux Israéliens blessés sur le front ».
Pour 2024, Raphaël croit aussi en la paix. Selon lui, aucune amélioration dans le conflit israélo-palestinien n’aura lieu tant que « le Hamas dirigera la bande de Gaza ». « La paix est une danse, et pour danser, il faut être deux », poursuit-il. Les deux partenaires doivent, selon lui, « être des interlocuteurs, l’un Israélien, l’autre Palestinien, qui auront pour objectif de protéger les intérêts de leur population et une vraie volonté de faire la paix. Ce n’est pas le cas du Hamas ».
La solution pour arriver à la paix d’après lui ? « Ce sera peut-être celle à deux États ou à un seul État, je ne sais pas ». Et c’est avec optimisme qu’il conclut : « Un monde où les peuples israélien et palestinien vivent en paix dans cette région est tout à fait possible. La formule pour y arriver, personne ne l’a trouvée en plus de 60 ans, mais on finira par la découvrir. »
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