Guerre Israël-Hamas : une fracture mondiale
On mesure sans doute mal encore l’onde de choc provoquée par la guerre entre Israël et le Hamas depuis l’attaque terroriste perpétrée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien sur le territoire israélien. Mais, à lire chaque jour les médias étrangers, il devient clair que l’on assiste à un clivage mondial des débats autour de ce conflit. C’est ce que nous avons voulu aborder cette semaine dans notre dossier.
“Nous assistons aujourd’hui à une réelle fracture entre le monde occidental et ce que certains désignent comme le Sud global”, écrit Amine Ater, le rédacteur en chef du magazine marocain TelQuel, qui a consacré sa une à “cette fracture ouverte” et n’hésite pas à évoquer “un nouveau choc des civilisations”.
En cause, le soutien inconditionnel du président américain, Joe Biden, et d’une grande partie de ses alliés occidentaux à Israël, alors que des milliers de civils palestiniens sont morts sous les bombes de Tsahal dans la bande de Gaza, soumise à un blocus complet et où l’aide humanitaire (largement insuffisante selon l’ONU) commence seulement à arriver au compte-gouttes.
Alors que l’Occident s’est ému du sort des victimes israéliennes du Hamas, il refuse de voir la souffrance du peuple palestinien, accusent des voix de plus en plus nombreuses dans le monde arabe, qui dénoncent un deux poids, deux mesures systémique.
Après l’explosion survenue à l’hôpital Al-Ahli, à Gaza, le 17 octobre, la veille de la visite de Joe Biden en Israël, des manifestations ont éclaté du Maroc à Bahreïn, en passant par la Jordanie, l’Iran, le Liban (devant l’ambassade américaine). Le signe, écrit The Economist, que la question palestinienne “reste une question politique totémique à travers le Moyen-Orient, capable de mobiliser la colère et la protestation populaires comme peu d’autres”.
Même si la solidarité de la rue arabe est plus complexe qu’il n’y paraît, comme l’explique très bien Nesrine Malik dans The Guardian.
“Il y a dans cette colère propalestinienne quelque chose qui n’a rien à voir avec la Palestine, et tout à voir avec ce que symbolise la situation des Palestiniens […]. Ce ne sont pas là que des accès de mécontentement. Ce sont d’amples courants qui viennent menacer la stabilité des régimes arabes eux-mêmes. Et c’est un problème dont ces derniers se seraient bien passés.”
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