Guerre à Gaza : Israël répond à la Cour internationale de justice qui prononce deux requêtes concernant Rafah

La CIJ a rendu son jugement après la demande de l’Afrique du Sud d’ordonner l’arrêt de l’offensive militaire israélienne à Gaza.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu le 13 mai à Jérusalem.

GAZA - Ces décisions pourront-elles changer le cours de la guerre entre Israël et le Hamas ? La Cour de justice internationale (CIJ), la plus haute juridiction de l’ONU, a rendu ce vendredi 24 mai son jugement après une requête de l’Afrique du Sud, qui demandait d’ordonner l’arrêt de l’offensive militaire israélienne à Gaza, accusant Israël de « génocide ». La CIJ a notamment ordonné deux mesures concernant la ville de Rafah. Israël a, de son côté, nié mettre en péril l’existence des Palestiniens à Rafah.

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Dans un premier temps, elle a demandé à Israël d’« arrêter immédiatement son offensive militaire, et toute autre action menée dans le gouvernorat de Rafah, qui serait susceptible d’infliger au groupe des Palestiniens de Gaza des conditions d’existence capables d’entraîner sa destruction physique ou partielle ».

La Cour, qui siège à La Haye, a également ordonné à Israël de maintenir le passage de Rafah ouvert pour une aide « sans restriction ».

Depuis le 7 mai, cette ville de l’extrême sud de la bande de Gaza est le théâtre d’opérations au sol de l’armée israélienne, déterminée à y anéantir les derniers bataillons du Hamas, alors que des milliers de Gazaouis s’y massent.

Les ordonnances de la CIJ, qui tranche les différends entre États, sont juridiquement contraignantes mais elle n’a aucun moyen de les faire respecter. Dans le cas du conflit à Gaza, elles sont néanmoins susceptibles d’ajouter à la pression internationale en faveur d’une trêve après plus de sept mois de guerre.

Au-delà du cas de Rafah, la CIJ a appelé à la libération immédiate des personnes prises en otages par le Hamas lors de son attaque du 7 octobre contre Israël. La Cour « estime qu’il est profondément inquiétant que nombre de ces otages demeurent en captivité et réitère son appel en faveur de leur libération immédiate et inconditionnelle », a-t-elle déclaré lors de l’audience.

Dans la foulée de ce jugement, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réuni à 17 h 00 (16 h 00 à Paris) plusieurs ministres de son gouvernement pour « consultation » lors d’une conférence téléphonique, a annoncé vendredi son bureau.

À la sortie de cette réunion, Israël a affirmé que son offensive à Rafah ne posait aucun risque existentiel pour la « population civile palestinienne ».

« Israël n’a pas mené et ne mènera pas d’opérations militaires dans la zone de Rafah qui créent des conditions de vie susceptibles de conduire à la destruction de la population civile palestinienne, en tout ou en partie », assure ainsi un communiqué commun du ministère des Affaires étrangères et du Conseil de la sécurité nationale.

« A la suite de l’horrible attaque terroriste contre des civils le 7 octobre », Israël a lancé « une guerre juste et défensive pour éliminer le Hamas et libérer les otages », et ce en conformité avec « le droit humanitaire international », a encore justifié Israël après plus de sept mois de guerre ayant dévasté la bande de Gaza.

« Israël continuera à permettre au point de passage de Rafah de rester ouvert pour l’entrée de l’assistance humanitaire depuis le côté égyptien de la frontière », poursuit le texte, ajoutant qu’Israël « empêchera les groupes terroristes de contrôler le passage ».

De son côté, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, membre de l’extrême droite et partisan acharné d’une offensive sur Rafah, a réagi à la décision de la CIJ en déclarant sur le réseau social X (anciennement Twitter) que « l’histoire jugera ceux qui se tiennent aujourd’hui aux côtés des nazis du Hamas Daech », en référence au groupe islamiste palestinien qu’il assimile au groupe jihadiste État islamique.

Le Hamas a,lui, salué la décision de la CIJ, tout en déplorant qu’elle ne concerne pas l’ensemble de la bande de Gaza. Le mouvement islamiste s’attendait à ce que la Cour « prenne une décision pour mettre fin à l’agression et au génocide contre notre peuple dans toute la bande de Gaza, et pas seulement à Rafah », a-t-il écrit dans un communiqué.

Il faudra des mois, voire des années, à la cour pour statuer sur l’affaire sur le fond portée par Pretoria – qui accuse Israël de « génocide » à Gaza – mais elle peut entretemps ordonner des mesures urgentes. Elle a d’ores et déjà demandé à Israël, dans son jugement ce vendredi, de garantir un « accès sans entrave » aux investigateurs mandatés par l’ONU pour enquêter.

La vaste offensive d’Israël à Gaza a tué au moins 35 800 personnes, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du territoire palestinien dirigé par le Hamas. Les attaques du 7 octobre, menées par des commandos du mouvement islamiste palestinien dans le sud d’Israël, ont entraîné la mort de plus de 1 170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur les 252 personnes emmenées comme otages, 121 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 mortes, selon l’armée.

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