Guerre Israël-Hamas : La résolution du Conseil de sécurité pour un cessez-le-feu à Gaza aussitôt douchée par Israël
INTERNATIONAL - Un espoir de trêve aussitôt douché par Israël. Après plus de cinq mois de conflit et des dizaines de milliers de morts, le Conseil de sécurité de l’ONU a enfin adopté ce lundi 25 mars une résolution exigeant un « cessez-le-feu immédiat » à Gaza. Un appel qui avait auparavant été bloqué à plusieurs reprises par les États-Unis qui se sont, cette fois, abstenus.
La résolution, adoptée sous les applaudissements par 14 voix pour et donc une abstention, « exige un cessez-le-feu immédiat pour le mois du ramadan » (qui a déjà commencé il y a deux semaines), devant « mener à un cessez-le-feu durable ». Elle exige en outre « la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages » et la « levée de tous les obstacles » à l’arrivée d’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne.
Ce texte est le fruit du travail des membres non-permanents du Conseil de sécurité, qui ont négocié tout le week-end avec les États-Unis pour tenter d’éviter un nouveau blocage de la part de Washington, grand allié d’Israël, ont rapporté des sources diplomatiques.
🔴 Le Conseil de sécurité ADOPTE une résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat à #Gaza pendant le mois de Ramadan conduisant à un cessez-le-feu durable et à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages
POUR : 14
CONTRE : 0
ABSTENTION : 1 (États-Unis) pic.twitter.com/1WWBmvVG4b— ONU Info (@ONUinfo) March 25, 2024
L’adoption de cette résolution marque une première dans le conflit. Jusqu’ici le Conseil, largement divisé sur le dossier israélo-palestinien, n’avait pu adopter que deux résolutions sur les huit soumises au vote depuis le 7 octobre, essentiellement sur des questions humanitaires. Et sans grand résultat : après cinq mois et demi de guerre, l’entrée de l’aide à Gaza, assiégée, reste largement insuffisante et la menace d’une famine généralisée plane.
Pas d’arrêt de la guerre « tant qu’il y a des otages »
L’adoption de cette résolution a donc été permise ce lundi par l’abstention des États-Unis, à interpréter comme une nouvelle forme de pression sur leur allié israélien. En pleine campagne électorale, le président et candidat à sa réélection Joe Biden a peu à peu durci son discours face la stratégie du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui reste déterminé à lancer un assaut sur Rafah, où se trouve une grande partie des réfugiés palestiniens. John Kirby, porte-parole de la Défense américaine a expliqué que Washington n’avait pas voté en faveur du texte car il y manquait des éléments « essentiels » comme une condamnation ferme du Hamas.
Dans la foulée du vote, Israël a balayé toute idée de trêve en assurant qu’il n’entendait pas mettre fin à sa guerre à Gaza tant que le Hamas n’aura pas libéré les otages. « Nous n’avons pas le droit moral d’arrêter la guerre tant qu’il y a des otages à Gaza », a déclaré Yoav Gallant depuis Washington, avant une rencontre avec le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche Jake Sullivan et le secrétaire d’État américain Antony Blinken.
Le bureau du Premier ministre israélien a également fustigé cette abstention américaine qui, selon lui, « nuit à la fois aux efforts de guerre et aux efforts visant à libérer les otages ». En réaction, un porte-parole de la Maison Blanche a rétorqué que l’abstention « ne représente pas un changement de cap » vis-à-vis d’Israël.
De son côté, le Hamas a salué lundi dans un communiqué cette résolution et exprimé sa « volonté d’engager un processus d’échange » prisonniers/otages « immédiatement ». Le mouvement islamiste palestinien a dit vouloir « atteindre un cessez-le-feu permanent conduisant au retrait de toutes les forces » israéliennes du territoire.
Je salue l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité 🇺🇳 sur le Proche-Orient.
Elle demande un cessez-le-feu durable et la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages.
Elle doit être pleinement mise en œuvre.— Stéphane Séjourné (@steph_sejourne) March 25, 2024
Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a salué la résolution et insisté pour qu’elle soit « pleinement mise en oeuvre ». « Je salue l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité sur le Proche-Orient. Elle demande un cessez-le-feu durable et la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages. Elle doit être pleinement mise en œuvre », a-t-il écrit sur le réseau social X.
Une résolution mais pour quelle application ?
Immédiatement après le vote, plusieurs cadres de la gauche française ont de leur côté exhorté Emmanuel Macron a « tout faire » pour qu’elle soit véritablement mise en œuvre, comme l’a écrit le coordinateur de la France Insoumise Manuel Bompard. Son homologue du PS Olivier Faure abonde : pour lui, cette résolution « doit être saisie par toutes les parties et portée par l’Union européenne et la communauté internationale. »
#Gaza | La France se félicite de l’adoption de la résolution 2728.
Explication de vote de @NDeRiviere ⤵️ pic.twitter.com/3OZZRCFShL— La France à l'ONU 🇫🇷🇺🇳 (@franceonu) March 25, 2024
L’ambassadrice américaine à l’ONU a de son côté estimé que le cessez-le-feu pouvait commencer « immédiatement après la libération d’un premier otage ». « Cette résolution reconnaît que lors du mois du ramadan, nous devons nous engager pour la paix. Le Hamas peut le faire en acceptant l’accord sur la table », a ajouté Linda Thomas-Greenfield. L’ambassadeur de la France à l’ONU Nicolas de Rivière a lui annoncé la préparation par la France d’une résolution pour un « cessez-le-feu permanent. »
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a salué l’adoption de la résolution. « Cette résolution doit être appliquée. Un échec sera impardonnable », a-t-il indiqué dans un message posté sur X (ex-Twitter).
The Security Council just approved a long-awaited resolution on Gaza, demanding an immediate ceasefire, and the immediate and unconditional release of all hostages.
This resolution must be implemented. Failure would be unforgivable.— António Guterres (@antonioguterres) March 25, 2024
« Le Conseil de sécurité vient d’approuver une résolution très attendue sur Gaza, exigeant un cessez-le-feu immédiat et la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages. Cette résolution doit être mise en œuvre. Un échec serait impardonnable. »
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