Guerre Israël-Hamas : chaos à l’hôpital Nasser à Khan Younès (Gaza) après l’assaut de l’armée israélienne

INTERNATIONAL - Des milliers de déplacés s’y abritaient. L’armée israélienne a annoncé ce jeudi 15 février avoir mené une opération ciblant la ville de Khan Younès et son hôpital, situés dans le sud de la bande de Gaza, au nord de la ville de Rafah. L’hôpital Nasser, le plus grand de la région, a été bombardé et des forces israéliennes sont entrées à l’intérieur, déclarant avoir reçu des « renseignements crédibles » indiquant que les combattants du Hamas s’y étaient cachés et que des corps d’otages israéliens, pourraient encore s’y trouver.

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Les médecins sur place décrivent une situation désespérée. L’hôpital Nasser accueille des milliers de civils fuyant la guerre, dont l’évacuation a commencé ces derniers jours sous les bombes alors qu’Israël prépare une offensive dans la ville de Rafah, à quelques kilomètres plus au sud.

Carte AFP de la situation à la bande de Gaza. Les zones en jaunes montrent les « zones approximatives où des opérations de l’armée israéliennes » étaient rapportées, au 11 février.
Carte AFP de la situation à la bande de Gaza. Les zones en jaunes montrent les « zones approximatives où des opérations de l’armée israéliennes » étaient rapportées, au 11 février.

« Un nombre indéterminé de personnes tuées et blessées »

Comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de cet article, les images filmées dans l’hôpital Nasser témoignent d’un chaos sans précédent. Le personnel médical tente de transporter des patients dans les couloirs remplis de fumée.

Médecins Sans Frontières a déploré « un nombre indéterminé de personnes tuées et blessées », et que son « personnel médical a dû fuir l’hôpital, laissant derrière lui des patients. Les forces israéliennes ont mis en place un point de contrôle pour contrôler les personnes quittant l’enceinte ; un de nos collègues a été arrêté à ce poste de contrôle », indique l’ONG.

Beaucoup d’hôpitaux de la bande de Gaza ont été visés depuis le début de la guerre par l’armée qui accuse le Hamas de les utiliser comme bases. L’hôpital Nasser était l’un des derniers fonctionnels de l’enclave palestinienne. Le personnel médical avait sonné l’alarme ce mercredi, lorsqu’un infirmier avait dénoncé le manque d’eau potable, des égouts qui refoulaient au service des urgences et des tireurs isolés israéliens postés sur les toits de l’établissement.

Le chef de l’Organisation mondiale pour la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’était déclaré ce mercredi « alarmé », décrivant l’établissement comme « l’épine dorsale du système de santé dans le sud de Gaza ». Il assure que l’OMS s’est vu refuser l’accès à l’hôpital ces derniers jours et a perdu le contact avec le personnel.

L’armée israélienne évoque la présence d’otages

Le ministère de la Santé du Hamas indique quant à lui que des milliers de personnes - dont des patients - ont dû quitter l’hôpital où la situation est « catastrophique », le personnel étant notamment incapable d’évacuer les corps vers la morgue en raison du manque de sécurité dans le complexe.

Le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, a de son côté démenti ce jeudi vouloir faire évacuer l’établissement : « nous avons insisté sur le fait que les patients et le personnel n’étaient pas obligés d’évacuer l’hôpital. Nous ne cherchons pas à faire du mal à des civils innocents. Nous cherchons à retrouver nos otages et à les ramener chez eux », a-t-il insisté.

« Nous avons des renseignements crédibles provenant de différentes sources, dont des otages libérés, indiquant que le Hamas avait retenu des otages à l’hôpital Nasser de Khan Younès et qu’il y aurait peut-être des corps d’otages » sur place, a affirmé l’armée israélienne dans un communiqué, pour justifier son assaut.

Plus tôt cette semaine, l’armée israélienne a mené une opération commando à Rafah qui a permis de libérer deux otages israélo-argentins, Fernando Marman et Luis Har, enlevés le 7 octobre dans le kibboutz Nir Yitzhak, situé côté israélien mais proche des villes de Khan Younès et Rafah.

L’ombre d’une offensive sur Rafah

Après plus de quatre mois de guerre contre le Hamas le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, veut maintenant détruire le « dernier bastion » du mouvement islamiste à Rafah. Il a annoncé une « action puissante » dans la ville, mais assuré que l’armée permettrait auparavant aux civils « de quitter les zones de combat ». Pendant que les pays médiateurs poursuivent au Caire leurs négociations en vue d’une trêve, les appels se multiplient à travers le monde face aux conséquences potentiellement dévastatrices d’une telle opération.

Après notamment l’ONU et les États-Unis, principal allié d’Israël qui réclame des « garanties » pour la sécurité des civils, l’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande ont mis en garde ce jeudi Israël contre une opération « catastrophique » à Rafah, soulignant que les civils bloqués contre la frontière fermée avec l’Égypte n’avaient « nulle part où aller ». Environ 1,4 million de personnes, selon l’ONU, soit plus de la moitié de la population de Gaza, sont massées à Rafah.

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