Guerre Israël-Hamas : dans la bande de Gaza, une fête de l’Aïd-El-Fitr au milieu des ruines

INTERNATIONAL - Des milliers de prières adressées au ciel, au milieu des ruines. Les musulmans de Gaza se sont réunis ce mercredi 10 avril à l’occasion de l’Aïd el-Fitr dans un territoire désormais en ruines et menacé par la famine. Cette année, cette fête qui marque la fin du mois de jeûne musulman du ramadan ne ressemble à aucune autre.

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Ni répit, ni parenthèse dans les combats entre l’armée israélienne et le Hamas palestinien n’ont accompagné ce jour particulier. Quatorze personnes, dont des enfants en bas âge, ont été tuées dans la nuit de mardi à mercredi lors d’une frappe sur une maison du camp de Nousseirat, dans le centre de l’enclave, selon le ministère de la Santé du Hamas. Des bombardements ont été enregistrés dans la journée de mercredi.

À Rafah, des dizaines de fidèles se sont rassemblées dans une tente blanche trop exiguë installée à côté de la mosquée al-Farouq, détruite par un bombardement fin février juste avant le début du ramadan. À ce jour, il ne reste plus que son minaret, dressé au milieu des ruines, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous.

« Je jure devant Dieu que nous n’avons jamais vécu un Aïd comme celui-ci, plein de tristesse, de peur, de destruction et de dévastation » à cause de la guerre, confie Ahmed Qishta, 33 ans à l’AFP. Père de quatre enfants, il a été déplacé à Rafah comme des centaines de milliers de Palestiniens ayant fui l’épicentre des combats.

Pour Abir Sakik, hébergée dans une tente, l’Aïd signifie habituellement « une atmosphère douce, les jouets des enfants, les gâteaux, les boissons et les chocolats dans chaque maison ». Mais « c’est un Aïd de tristesse et de fatigue. Ils ont détruit Gaza », soupire cette femme de 40 ans. « Assez, assez de guerre et de destruction », sanglote-t-elle.

« On va passer des années à attendre la fin de cette guerre »

« On a entendu dire que la guerre allait finir avant ramadan. Puis, on nous a parlé d’une trêve pour l’Aïd. Je pense qu’on va passer des années à attendre la fin de cette guerre », confie aux reporters de Rfi une jeune gazaouie. Les négociations pour un cessez-le-feu patinent depuis des semaines, sous l’oeil des pays médiateurs du Qatar, de l’Égypte, et des États-Unis.

Ces derniers attendant à ce stade des réponses à une nouvelle proposition en trois étapes, soumise dimanche aux deux camps pour tenter de mettre fin à la guerre.

La première étape prévoit une trêve de six semaines, la libération de 42 otages retenus à Gaza en échange de 800 à 900 Palestiniens incarcérés par Israël, l’entrée de 400 à 500 camions d’aide alimentaire chaque jour et le retour chez eux des habitants du nord de la bande de Gaza déplacés par la guerre, selon une source au sein du Hamas. Le Hamas a dit « étudier la proposition » avant de transmettre sa réponse aux médiateurs.

Israël de son côté maintient son projet d’offensive terrestre sur la ville de Rafah, frontalière avec l’Égypte, qu’il présente comme le dernier grand bastion du Hamas, malgré la présence d’un million et demi de personnes, selon l’ONU, en majorité des déplacés venus y chercher refuge. Tsahal a annoncé dimanche que ses soldats quittaient Khan Younès, transformée en un champ de ruines après plusieurs mois de combats, afin de préparer l’offensive sur Rafah.

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